Le CSP et le CNESCO déjà menacés de recadrage 

L'indépendance à l'éducation nationale est un combat constant. Le CSp et le Cnesco sont officiellement en première ligne de ce combat depuis le  18 mars. Au terme d'un échange entre le président du Comité de suivi de la loi d'orientation sur l'école et des députés de l'opposition, un consensus est apparu dans l'Assemblée pour recadrer les missions du Conseil supérieur de l'éducation (CSP) et du Conseil national d'évaluation du système scolaire (CNESCO), deux organismes clés dans la réforme de l'Ecole. Sous la pression de l'opposition un détricotage de la loi Peillon est en cours et ces deux organismes sont en première ligne.

 

Du rapport consensuel..

 

Créé par la loi d'orientation sur l'école, le comité de suivi chargé d’évaluer l’application de la présente loi doit " doit notamment étudier la formation des enseignants et des personnels d’éducation en suivant la mise en place des écoles supérieures du professorat et de l’éducation ainsi que les questions de prérecrutement et de l’évolution du concours de recrutement des enseignants." Le 18 mars, son président, le député socialiste Yves Durand, ancien rapporteur de la loi Peillon, était entendu par la Commission des affaires culturelles et de l'éducation de l'Assemblée nationale. Alors que le Comité doit remettre son rapport en septembre, Yves Durand faisait le point des travaux du comité composé de 4 députés, 4 sénateurs et 4 personnalités.  

 

Dans un premier temps, Y Durand a fait un rapport très consensuels sur l'application de la loi. Selon lui, "personne en conteste le bien fondé de la réforme des rythmes scolaires", dans les Espe "la relation avec les universitaires est compliquée" mais "de part et d'autre on a conscience de l'importance des Espe". Ressortait quand même de ce pré rapport la nécessité de faire évoluer la nature des concours de recrutement de l'enseignement et la création d'une direction du primaire au ministère.

 

A l'annonce du recadrage

 

Mais les députés de l'UMP ont sorti la réunion de ce ronronnement et poussé Yves Durand à aller au bout de sa pensée. Michel Herbillon (UMP) a fortement contesté le fait que la réforme des rythmes soit admise et critiqué la procédure de signature des PEDT qui met les communes sous contrôle de l'administration scolaire. Mais c'est surtout Annie Genevard (UMP), membre du CSP, qui va faire évoluer la réunion. "Au CSP, ce que nous produisons nous échappe", dit-elle. " "Le CSP était sensé être indépendant. En réalité les syndicats et la Dgesco s'en emparent". Elle explique qu'elle a eu "des déceptions" sur le texte du socle commun : "la partie sur l'évaluation a été enlevée du socle à la demande de la Dgesco (direction de l'enseignement scolaire du ministère de l'éducation nationale). C'est simplement pas possible !" Patrick Hetzel (UMP) reprend la question et estime que "le CSP est dans une optique où il est en réalité dépossédé de son travail.. C'est une sorte de véhicule fou qui ne permet pas de faire ce travail indispensable d'avoir des objectifs fixés" pour l'éducation nationale.

 

En réponse à ces propos Yves Durand déclare que "le Cnesco doit voir ses missions redéfinies et précisées". Quant au CSP, "on l'a voulu représentatif de la nation et indépendant du ministère. On était d'accord sur ce principe d'indépendance. On s'aperçoit que ce n'est pas facile. C'ets à nous de dire quelle est la difficulté. Il appartient au ministère d'en tirer les conséquences.  Le comité de suivi fera ce travail". L'articulation entre le Csp et l'Inspection générale avait été soulevée par P Hetzel.

 

Cnesco et Csp sous pression

 

Chargé de réécrire les programmes et à travers eux de mettre en pratique la réforme d l'Ecole, le CSP est soumis à des pressions importantes de l'administration. Le socle commun a été adopté sans grande difficulté parce que les questions vraiment difficiles ont été reportées aux programmes. Ceux ci devraient être connus en avril et trancher des questions sensibles comme l'évaluation du socle. Peser sur le CSP c'est bien peser sur les objectifs de la loi Peillon. Aux discrètes pressions administratives  s'ajoute maintenant la menace parlementaire. Le Cnesco est moins en première ligne. Mais ses travaux irritent par leur liberté. Ils pèsent sur le ministère sur des questions clés comme , à nouveau, l'évaluation ou le redoublement. A plusieurs reprises la démarche scientifique du Cnesco entre en conflit avec les initiatives ministérielles comme par exemple, sur le redoublement. Ces deux organismes ont d'ailleurs noué de fortes relations. Leurs présidents, Michel Lussault et Nathalie Mons sont des  universitaires habitués à agir de façon libre et dont la réflexion et la carrière échappent aux usages du sérail éducatif. M Lussault est intervenu régulièrement en tant que président de l'IFé lors de la conférence de consensus sur le redoublement organisé avec le Cnesco. Ces deux esprits libres sont maintenant sous le feu du parlement.

 

François Jarraud

 

L'audition

Cnesco sur le  redoublement

Socle commun et évaluation  : M Lussault

 

 

Par fjarraud , le jeudi 19 mars 2015.

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