Programmes : Une consultation dans le désordre 

Alors que la consultation sur les nouveaux programmes s'ouvre, la ministre de l'éducation nationale se positionne sur les nouveaux programmes et sur la réforme du collège. Dans le Journal du dimanche du 10 mai, N Vallaud Belkacem revient sur la réforme du collège, déjà retoquée le 7 mai par François Hollande. On retiendra de cet entretien un pas en arrière sur l'enseignement de l'histoire, un pas en avant sur l'évaluation. Au moment où s'ouvre la consultation, ça fait désordre...

 

"C'est en agissant conjointement sur ces trois leviers – changement des pratiques pédagogiques, nouveaux programmes, et adaptation de l'évaluation à ces derniers – que l'on fera bouger structurellement les choses", affirme la ministre qui revient donc sur une réforme de l'évaluation qu'elle avait lancée avec peu de succès en décembre dernier à l'occasion d'une grande conférence nationale. En février, la remise du rapport Klein semblait lui donner l'occasion d'enterrer un sujet épineux. Le voilà réintroduit dans le calendrier ministériel et pas seulement en ce qui concerne le brevet. "On demande (aux enseignants) de valoriser davantage l'expression orale mais avec une évaluation qui ne le prévoit pas" explique la ministre. Voilà qui pourrait apporter de nouvelles énergies aux opposants à la réforme.

 

Sur les autres points, la ministre suit François Hollande en montrant sa volonté d'éteindre les incendies. Pour l'allemand, "nous allons promouvoir l'allemand, je rappelle qu'à la rentrée prochaine, nous ouvrons 515 postes dans cette discipline. Surtout, je suis en train de reprendre en main le pilotage national des langues vivantes sur tout le territoire afin de garantir une vraie diversité de l'offre". "Aujourd'hui, le latin et le grec sont suivis, en option, par seulement 18 % de collégiens. Nous allons les réintégrer dans les 26 heures d'enseignement obligatoire, au sein de l'EPI "Langues et Cultures de l'Antiquité"", explique la ministre. Elle annonce qu'elle a invité le secrétaire perpétuel de l'Académie des inscriptions et belles lettres, Michel Zink, à y travailler avec le Conseil supérieur des programmes.

 

C'est en histoire que la ministre cède le plus à la pression des traditionalistes. "Il faut revenir à la chronologie" affirme la ministre, comme si les programmes d'histoire avaient perdu de vue cet horizon. "Il faut y mettre ce qui fonde l'identité de la France : les Lumières, la Révolution française, la construction de la République, la Résistance… Les collégiens doivent apprendre les périodes de grandeur comme les périodes plus sombres de notre histoire", donnant ainsi à croire que les programme faisaient autre chose. "L'enseignement de l'histoire doit bien être un récit qui raconte notre appartenance à la communauté nationale". Là on flirte avec la transformation de l'enseignement de l'histoire avec le "récit national." La ministre annonce la nomination de Jean-Pierre Azema, à côté de Pierre Nora, dans la commission chargée de corriger le brouillon du Conseil supérieur des programmes (CSP).

 

C'est dans cette situation que s'ouvre, le 11 mai, la consultation sur les programmes. Les enseignants sont invités à se prononcer sur les programmes proposés légalement par le CSP. Mais ceux-ci sont déjà dépassés par les déclarations politiques du président et du gouvernement. Et des commissions parallèles sont déjà en train de les réécrire.

 

François Jarraud

 

Dans le JDD

Dossier : Faut-il garder les notes ?

 

 

Par fjarraud , le lundi 11 mai 2015.

Commentaires

  • Viviane Micaud, le 11/05/2015 à 09:57
    Pour l'histoire, je prône le réalisme. Si le gouvernement actuel ne fait pas une histoire "roman national" basée sur les valeurs qui ont été à l'origine du fondement actuel, le prochain gouvernement de 2017 en fera une dès la rentrée 2018, bien centrée sur un nationalisme intolérant. Vous choisissez. 
    Ce qui va dans le bon sens et qui est politiquement acceptable par les Français. Ce qui correspond à une mode pédagogique (à mon avis bientôt obsolète) et qui va faire l'objet d'une récupération politique et d'un recadrage au projet changement de majorité du gouvernement.
    • Bernard Girard, le 11/05/2015 à 12:57
      En quoi le roman national est-il plus "réaliste" qu'autre chose, puisque, dans son principe, c'est un récit en grande partie imaginaire qui n'a guère à voir avec le passé ? Quant aux "valeurs", on a beau chercher, on ne voit pas...

      Sur l'enseignement de l'histoire, les différences entre la droite et la gauche sont particulièrement ténues et c'est bien cette incapacité, cette mauvaise volonté plutôt, à mettre en place un enseignement renouvelé qui tienne compte de toute l'historiographie du siècle écoulé (et qui n'est pas une "mode pédagogique") et du monde dans lequel nous vivons, qui explique pourquoi on a tout à redouter de 2017 : parce qu'on n'aura pas osé autre chose.
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