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Imaginez que votre enfant à la maison puisse vous montrer le travail de sa journée, demander un renseignement à son prof, écouter sur son ordinateur le prof expliquer la leçon et en revoir quelques éléments vidéo importants. C’est ce que quelques collégiens de l’académie de Dijon vivent quotidiennement. Pour eux tout cela est parfaitement normal. Ca leur est du ! Ce lien concret entre l’école et la maison, Alain Bidault a su le pousser très loin dans la perfection au bénéfice de sa discipline : l’éducation musicale. FJ- Alain, comment avez vous connu Arianedijon ? AB- L’Académie de Dijon est une académie pilote pour les TICE depuis 1994. Par exemple elle a été la première à développer des sites pédagogiques sur le serveur académique. Personnellement je suis devenu “Interlocuteur Académique TICE” pour l’éducation musicale et j’ai été amené à numériser progressivement tous les cours d’Education musicale pour mes élèves et à alimenter le site Internet académique de Dijon pour mes collègues. Ce site Web Musique a été le premier site académique “Education musicale” en France. Mais le Café en a déjà parlé ! Toutes les séquences en ligne sur le site académique ont été expérimentées dans les 2 collèges expérimentaux de Saône et Loire, retenus, l’un pour sa ruralité et sa petite taille, le collège Olivier de la Marche à Saint Martin en Bresse, et l’autre pour son étiquette ZEP en zone sensible, le collège Jacques Prévert à Chalon sur Saône. L’Académie de Dijon, poursuivant son expérience des TICE, a conçu en 2001 un projet de “net éducation” avec développement de services et d’aide en ligne après la classe. Il a pris pour nom “Arianedijon”, puisque l’idée principale est de tisser un “fil” reliant les éléments de la communauté éducative. Depuis d’autres établissements d’enseignement primaire et supérieur, ainsi qu’un troisième collège ont rejoint Arianedijon. FJ- Quel était votre intérêt personnel à entrer dans ce projet ? AB- L’expérience acquise depuis 1994 dans l’exploration de nouvelles pédagogies assistées par les TICE et le bénéfice tiré par les élèves m’ont amené tout naturellement à adhérer à Arianedijon. Je voulais permettre à mes élèves d’avoir accès à une aide en ligne personnalisée après la classe et à leur domicile. FJ- Mais comment ça marche Arianedijon ? AB- Le projet Arianedijon repose sur le concept d’ESV, Etablissement Scolaire Virtuel, qui propose à toute la communauté éducative (élèves, parents, professeurs et personnel administratif) des services administratifs et des ressources pédagogiques instantanés ainsi qu’un contact permanent entre les différents acteurs de l’école. L’ESV, a été développé par l’université de Strasbourg en collaboration avec l’Académie de Dijon (il est accessible à l’adresse : http://esv.u-strasbg.fr ). Par souci d’apporter la gratuité totale des services, l’académie de Dijon a fourni des ordinateurs aux familles ainsi que de petits “cartables numériques” qui sont en fait des disques durs miniaturisés connectables au port USB des ordinateurs. Ils permettent de recopier sur l’ordinateur familial les ressources et les données disponibles dans l’interface en ligne sur le serveur Arianedijon. Ainsi chaque élève retrouve sur son ordinateur le travail fait dans la journée en classe. FJ- Comment l’intégrez vous dans votre pratique quotidienne ? Vous arrivez à maintenir le contact avec les élèves et les parents ? AB- Nous avions déjà dans 2 des établissements expérimentaux numérisé tous les cours d’Education musicale pour tous les niveaux du collège. Nous travaillons en classe, avec projection de l’image de l’ordinateur sur grand écran et diffusion de la carte son sur chaîne HI FI. Tous les chants sont diffusés en classe grâce au logiciel Cubase qui permet aux élèves de lire la partition défilant en temps réel grâce à un curseur qui guide l’oeil tout en jouant l’orchestration. L’écoute d’oeuvres est également conduite selon les mêmes procédés et le cours est entièrement multimédia dans une présentation complète et interactive gérée par un logiciel de présentation (Toolbook). Evidemment il fallait concevoir une solution permettant à l’élève d’accéder à ces mêmes outils informatiques en autonomie après la classe. Ca n’a pas été facile. En effet, la synchronisation d’une partition animée avec le son dans Cubase n’est pas envisageable sur un PC ordinaire ou sur le web. C’est finalement avec le logiciel Flash que nous avons résolu la question. De ce fait, le développement d’un logiciel spécifique à l’Education musicale a été mis au point l’an passé. Il répond aux situations d’apprentissage des fondamentaux du cours d’Education musicale par une interface interactive capable de rendre la musique dynamique comme dans Cubase, tout en organisant dans son environnement des compléments d’écoute ainsi que l’aide aux devoirs. FJ- Comment réagissent les élèves devant ces merveilles techniques ? Et les parents ? AB- Lorsqu’en 1994, j’ai commencé à travailler en classe avec des fragments de cours numérisés, les élèves ont été enchantés. Maintenant, la démarche est devenue naturelle, et les élèves croient que les cours sont faits partout de cette façon. D’ailleurs, lorsqu’ils arrivent dans les classes de sixième, ils ont déjà une culture TICE soit par un vécu à l’école primaire, soit par la présence de l’ordinateur familial, et s’attendent à ce type d’enseignement qui permet de dynamiser le cours, de le rendre plus vivant et plus agréable. L’heure passe ainsi très vite. Dans la plupart des cas, les parents n’ont pas le temps ou ne peuvent pas aider les enfants dans l’apprentissage de la musique. Arianedijon apporte la réponse à cette demande souvent formulée dans les rencontres parents – professeurs. En outre, l’interface permet aux parents de suivre eux aussi le cours qui, présenté ainsi, modifie complètement la représentation mentale qu’ils pouvaient avoir de l’éducation musicale. Ils découvrent qu’il ne s’agit plus de théorie rébarbative ou d’histoire de la musique fastidieuse à apprendre, telle qu’ils avaient pu la vivre dans leur jeunesse, mais plutôt d’une expérience vivante et agréable qui aboutit, par le jeu répété, à des acquisitions artistiques réelles. L’engouement est bien réel. Les cours sont développés pour toutes les classes et mis en ligne sur le serveur Arianedijon. Les classes expérimentales sont très prisées et suscitent l’envie d’autres élèves et de leurs parents. FJ- Pensez-vous que cela a déjà des retombées sur le niveau des élèves ? Qu’est ce que cela a changé ? AB- Les TICE apportent de nouveaux outils, et avec eux, nous construisons d’autres stratégies pédagogiques. Bien que leur préparation soit parfois longue, la multiplicité et la rapidité d’exécution de ces nouveaux outils donnent des résultats étonnants. Le niveau scolaire s’était déjà amélioré depuis la numérisation des cours dans le simple cadre de la classe. Arianedijon déplace le cadre de la classe et donne un prolongement pédagogique jusqu’à la maison où l’exercice, qui autrefois n’était qu’une simple partition muette, devient une orchestration dynamique qui conduit et aide le travail de l’élève comme en classe et au moment où il le souhaite. Le niveau est bien meilleur. Et ça permet également de mieux affronter l’hétérogénéité. FJ- Le projet a-t-il changé les relations entre profs ? AB- En Education musicale, le travail est totalement collaboratif et les trois professeurs des 3 collèges expérimentaux font les mêmes cours en s’appuyant sur les mêmes supports. Mais évidemment, toute liberté est laissée à chacun et cette collaboration est davantage le fruit d’une entente que le résultat d’une obligation due à la méthode de travail. On peut juste constater que le projet suscite la pédagogie partagée. FJ- Quelles limites voyez-vous à ce projet ? AB- Les nouveaux outils supposent une prise en main donc une formation, tant des professeurs que des parents et des élèves. Cette formation, l’Académie de Dijon l’assure. Néanmoins, le temps de travail est forcément augmenté par rapport à un cours traditionnel. Mais le bénéfice est tel qu’un professeur motivé ne peut que voir les avantages des services proposés, notamment dans un collège ZEP où la motivation des élèves, largement accrue, facilite la conduite du cours qui se passe beaucoup mieux. Alain Bidault Contact : alain.bidault@ac-dijon.fr Exemple d’enseignement musical en classe de sixième : http://www.arianed.com/music/6eme/leforest
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