L’Expresso du 13 janvier 2023
- Le fait du jour -
Sans pour autant passer sous silence d’autres domaines d’apprentissage, le « plan d’action pour l’école maternelle », détaillé dans la Note de service du 10 janvier 2023, annonce clairement « deux priorités : le langage et les premières notions de mathématiques ». Depuis les années 1980, il s’agit encore et toujours « recentrer » les apprentissages à l’école maternelle sur la…
Notre ministre de l’Éducation, comme son prédécesseur vient de publier un ensemble de textes comminatoires pour bien marquer son territoire. Une lecture certes très rapide dessine son projet de management – redressement d’une institution gigantesque et ses résultats scolaires médiocres. Une institution qu’il reconnait « en péril » sur nombre d’aspects notamment dans ce qu’il appelle » les…
- Le système -
Quand ce n’est pas au Sénat, c’est à l’assemblée que l’on discute de ce qui semblerait être la solution à tous les maux de l’école selon les LR et le RN : l’uniforme. Jeudi 12 janvier, la question a monopolisé les débats de l’Assemblée nationale pendant près de deux heures. Roger Chudeau, député du Rassemblement…
- Les disciplines -
« Là ils sont au cœur des débats ». Professeure de lettres- histoire-géographie au lycée Léon Blum de Créteil, Marine Sanz a fait revivre à sa classe de première professionnelle « métiers de la vente » le débat de 1905 sur la loi de séparation. Un passage par le passé pour donner sens à la laïcité aujourd’hui. Rectifier…
- L'élève -
L’automobile a-t-elle encore un avenir ? Qui peut dire avec certitude ce que sera la voiture du futur ? Le Musée des Arts et Métiers propose des éléments de réponse à travers des exemples illustrant l’innovation dans le domaine des motorisations, des véhicules autonomes et des pratiques de mobilité. L’exposition « Permis de conduire ?», consacrée au devenir de…
- La classe -
En ce début de nouvelle année 2023, l’agitation autour de cette application de conversation (ChatGpt) fondée sur un moteur d’intelligence (dite) artificielle semble faire frémir le monde académique si l’on en juge par la multiplication d’articles de toutes sortes sur cet objet appelé ChatGpt proposé par OpenAi. Si l’on en croit certains de ces…
- Le système -
Plusieurs associations de professeurs, soutenus par des organisations syndicales, appellent à un rassemblement le 25 janvier devant le ministère de l’éducation Nationale. Elles demandent le report des épreuves de spécialité au mois de juin. Le communiqué Rassemblement le mercredi 25 janvier après-midi, à 15h30 à proximité du ministère de l’Éducation nationale. Sourd à…
L’intersyndicale a lancé une pétition. Son objectif affiché est de 150 000 signatures, en moins de 24 heures, elle en recueillait déjà 100 000. La pétition : Retraites : non à cette réforme injuste et brutale ! Pétition lancée par l’intersyndicale Retraites. Le gouvernement a annoncé le report de l’âge de la retraite à 64 ans avec un allongement…
Le SE UNSA, le SNES-FSU et le Snalc réagissent à l’annonce de suppression de l’heure de technologie au collège. Pour le SE-UNSA, c’est inacceptable. « Le ministre vient d’annoncer la suppression de la technologie en 6ème pour faire place à l’heure de maths/français à la rentrée 2023. Le gouvernement fait ici une erreur de plus … La…
- La classe -
- L'élève -
Enfant de la balle, née en Grande Bretagne en 1918 de parents artistes, Ida Lupino connaît une carrière brillante à Hollywood, souvent femme fatale malheureuse ou héroïne tourmentée chez de grands cinéastes comme Raoul Wash, Nicholas Ray ou Fritz Lang. Mais la rebelle qui ne supporte pas l’ennui sur les plateaux passe dès les…
- Les disciplines -
Le Mémorial de la Shoah propose un cycle d’activités à l’occasion de la journée du 27 janvier, journée internationale de la mémoire des génocides. Dimanche 22 janvier, le Mémorial présente, en présence du réalisateur, Le rapport Auschwitz de Peter Bebjak. Le 26 janvier, en présence des auteurs et d’Annette Wieviorka, présentation de Un album…
Quel impact de la 1ère guerre mondiale ou de la révolution industrielle sur l’environnement ? Ces questions sont abordées avec beaucoup d’autres dans un important dossier de l’académie de Limoges. Ainsi N Lestieux fait une histoire environnementale des Grandes Découvertes et aussi de Limoges au Moyen-Age, E Laguionie propose une étude environnementale de la Révolution…
L'édito
Amélie, merci !
Alors que les enseignants entament un mouvement social de longue durée, il faut rendre sa part de mérite à Amélie Oudéa-Castéra. Pour avoir incarné aussi visiblement les non-dits du projet éducatif d’Emmanuel Macron, elle mérite un remerciement. Et elle nous donne l’occasion de revenir sur ce projet et ce combat. Depuis 2017, Emmanuel Macron a fait de l’éducation « le combat de notre siècle ». Et, depuis 2017, les enseignants bloquent le projet. Un long septennat de luttes qui nécessite maintenant une réponse de la société.
L’Ecole et Ibiza
A quoi pense Emmanuel Macron ? D’année en année, son choix semble moins sur. Jean-Michel Blanquer avait su déguiser la politique éducative d’Emmanuel Macron sous le masque de la République et de la science. En 2018-2019, au moment de la loi Blanquer, sous la poussée des enseignants, son siège vacillait. Mais, avec l’aide de la droite sénatoriale, il avait réussi à se maintenir en usant de son image de défenseur de l’Ecole. Il fallut Ibiza pour qu’il tombe. Le ministre faisait passer ses vacances avant son travail, la jet-set avant la République.
Avec Amélie Oudéa-Castéra, Ibiza est arrivé dès le premier jour. Mieux que ses prédécesseurs elle affichait sans vergogne ses choix de caste et revendiquait ses privilèges. De déclaration maladroite en formule malheureuse, la ministre a fini par incarner la grande bourgeoisie séparatiste, plutôt VIIème que 6ème. Ce choix, malheureux pour E. Macron, met en évidence les décisions anti sociales de la politique éducative d’E. Macron.
Une seule politique depuis 2017, celle de Macron
Car, depuis 2017, c’est bien la même politique éducative qui essaie de s’installer. On peut même remonter à 2016, où le futur ministre d’Emmanuel Macron, membre de l’Institut Montaigne, la définit. Dans « L’école de demain« , JM Blanquer en fixe les bases. C’est l’autonomie d’établissements scolaires mis en concurrence, dirigés par des chefs managers. C’est la fin du collège unique remplacé par des établissements à autonomie pédagogique. C’est l’éducation réduite aux fondamentaux dans le premier degré et pliant sous leur poids dans le second. Ce sont des enseignants dont les pratiques pédagogiques sont dictées et dont le mérite est estimé annuellement grâce aux évaluations nationales. Cette privatisation de la gestion de l’éducation nationale est proclamée par les gouvernements d’E. Macron. En février 2018, E Philippe promeut l’individualisation des salaires et la libération des managers dans toute la fonction publique. Quelques mois plus tard, E. Macron fait de la transformation de l’Ecole « le combat de notre siècle ». En aout 2022, il revient sur les fondamentaux de 2016 : autonomie des établissements, contractualisation générale des établissements et des enseignants. Cela nous donne le Pacte, le CNR.
Les enseignants sont seuls à faire reculer Macron
Si E. Macron se répète depuis 2018, si ses gouvernements fixent le même cap depuis 2017, c’est que la politique éducative du président peine à s’installer. Certes la loi de transformation de la fonction publique est passée. La loi Blanquer aussi. Le Pacte est mis en place. Mais la grande libéralisation de l’Ecole promise depuis 2016 n’a toujours pas eu lieu.
Les enseignants ont fait reculer Blanquer et sa loi en 2019. Il a fallu la désorganisation issue du confinement pour que la loi Rilhac passe. La transformation radicale du lycée professionnel a été freinée par des années d’opposition réussie des enseignants des L.P. Ils ne s’en rendent pas forcément compte. Mais les macronistes le savent. Les enseignants ont réussi, et eux seuls, à bloquer Jupiter.
Au point de bascule
Aujourd’hui, alors qu’Amélie Oudéa-Castéra entame sa mission ministérielle, les syndicats enseignants sont presque unanimes à écrire que « nous sommes à un point de bascule pour l’Ecole publique« . Sud, Unsa, Fsu, Sgen Cfdt et Cgt appellent ensemble à « une réponse forte qui passe par une action dans la durée« . Ils rejettent la politique présidentielle, jugée « passéiste et conservatrice« . Ils dénoncent « une école du tri social » marquée par la disparition du collège unique et l’affectation des jeunes élèves à des filières séparées. Ce tri social est particulièrement visible au collège et au lycée professionnel.
Particularité française
Alors que, chez nos voisins, la révolution libérale de l’Education a pu se mettre en place, la France résiste. C’est grâce aux enseignants. Mais leur action est possible par l’écho qu’elle rencontre dans la société. Dans un numéro de la Revue de Sèvres consacré à la privatisation de l’Ecole, Xavier Pons relevait cette spécificité française. » Les Français sont pour le libre choix de l’Ecole… Mais une fois mis devant le choix ils se posent des questions », écrivait-il. Parce que la privatisation menace les communs, encourage la fragmentation de la société, colporte des valeurs qui s’opposent aux valeurs collectives. A ce titre, le « nouveau pacte » et la transformation du collège sont une « révolution culturelle » dans la mesure où il attaque les bases de l’école publique.
Puisque nous atteignons le point de bascule, les Français peuvent encore s’opposer à ce projet et défendre leur école. Les enseignants ont besoin d’eux.
François Jarraud