Les lycées en France sont inégalement répartis sur le territoire, créant des disparités géographiques en termes d’accessibilité et de choix éducatifs. Une récente étude de la DEPP, service statistique du ministère de l’Éducation nationale, a révélé que les lycées agricoles et les lycées polyvalents se trouvent souvent parmi les établissements les plus éloignés, tandis que les lycées urbains sont les moins éloignés. Cette réalité a des conséquences sur les élèves et leurs familles, ainsi que sur leurs possibilités d’orientation.
Un récent calcul de l’indice d’éloignement a permis de dresser un panorama des lycées en France, qu’ils soient publics ou privés sous contrat, relevant du ministère de l’Éducation nationale ou du ministère de l’Agriculture. Parmi les lycées relevant de l’Éducation nationale, trois catégories se distinguent : les lycées dispensant des enseignements de la voie générale et technologique (LEGT), ceux proposant des enseignements de la voie professionnelle (LP), et les lycées polyvalents (LPO) qui dispensent les deux types d’enseignement.
Les lycées agricoles, en raison de leur implantation principalement rurale, sont généralement les plus éloignés. Très peu de lycées agricoles se classent parmi les 50 % des lycées les moins éloignés. Cependant, ils représentent plus de la moitié des 10 % des lycées les plus éloignés, alors même qu’ils ne représentent qu’un lycée sur six. Parmi les lycées relevant de l’Éducation nationale, les LEGT sont en moyenne légèrement moins éloignés que les LP et les LPO. Les LEGT représentent ainsi plus de la moitié des 10 % des lycées les moins éloignés, bien qu’ils ne constituent qu’un tiers de l’ensemble des lycées. Quant aux LP et LPO, leur proportion diminue avec l’éloignement, mais cette baisse reste moins marquée que celle observée pour les LEGT et les lycées agricoles. Les lycées les plus éloignés sont souvent des lycées agricoles ou des LPO.
Des lycées éloignées sur les territoires ruraux
Les lycées les moins éloignés se trouvent exclusivement dans les grandes villes densément peuplées de l’hexagone. Paris, Lyon et Marseille concentrent à eux seuls 81 des 100 lycées les moins éloignés. Plus généralement, les lycées peu éloignés se concentrent dans les chefs-lieux de département. En revanche, les lycées les plus éloignés se situent loin des centres urbains, principalement en périphérie des limites départementales ou le long d’une diagonale allant des Ardennes jusqu’aux Landes. On les retrouve également dans les zones montagneuses ou insulaires.
Certains lycées, notamment en Guyane, en Guadeloupe, en Corse, dans les Pyrénées-Orientales et dans les Alpes-de-Haute-Provence, se distinguent par un éloignement particulièrement élevé. La dispersion de l’indice d’éloignement autour de la moyenne départementale, mesurée par l’écart-type, témoigne de la diversité des situations des lycées au sein de chaque département. À l’exception de la Creuse, les départements où l’éloignement moyen est élevé sont également ceux où les lycées présentent une forte hétérogénéité en termes d’éloignement. En d’autres termes, ces départements regroupent des lycées à la fois peu et très éloignés. Ces départements sont souvent à forte dominante rurale, avec une répartition géographique des lycées plus étendue. Par conséquent, les élèves résidant dans ces zones éloignées peuvent rencontrer des difficultés supplémentaires pour accéder à l’éducation, notamment en raison des temps de trajet plus longs et des contraintes de transport.
Un impact sur la scolarité des élèves
L’éloignement des lycées peut avoir un impact sur les élèves et leurs familles, notamment en termes de temps de transport, de coûts associés et d’offres éducatives. Il peut également influencer les choix d’orientation des élèves, car certains lycées offrent des filières spécifiques qui peuvent être inaccessibles en raison de l’éloignement géographique.
Pour atténuer ces disparités, des mesures ont été mises en place, telles que le développement des transports scolaires, la création d’internats pour les élèves éloignés ou encore la mise en place de formations à distance. Néanmoins, malgré ces efforts, l’éloignement des lycées reste une réalité pour de nombreux élèves en France.
Lilia Ben Hamouda