Concernant le mantra « 100% détection, 100% solution et 100% prévention », les auteurs s’inquiètent d’une « prévention réduite à des opérations de sensibilisation et de formation en direction des adultes. On y ajoute l’expérimentation de « cours d’empathie » dont il reste à définir les contenus et méthodes… Mais, rien, apparemment qui concerne la mise en place de dispositifs et de structures pédagogiques capables de former les élèves à une communication sereine, à la création de véritables solidarités et à une coopération authentique dans le respect de chacun ». Ils s’étonnent aussi que les propositions du gouvernement soient en « retrait » par rapport au dispositif pHARe qui proposait la mise en œuvre d’un « parcours santé éducation citoyenneté interdegré ». « Or, c’est bien à ce niveau qu’il s’agirait de porter toute notre attention, en recherchant les moyens de l’inscription citoyenne de chaque élève dans son établissement scolaire pour permettre l’émergence d’une « école soignante », c’est-à-dire d’une école qui ne soit pas régie par la loi du plus fort et sa terrible triade qui produit, de fait, des « malades ». Le projet pHARe reliait la question de la formation à la démocratie avec celle de la lutte contre le harcèlement. Il soulignait que cette dernière requiert une plus grande participation des élèves à la vie scolaire ».
Philippe Meirieu et Antoine Devos expliquent que la lutte contre le harcèlement « requiert la reconstruction d’un environnement relationnel de qualité ». « C’est pourquoi il est indispensable de travailler sur la mise en place, dans les écoles, collèges et lycées, de dispositifs à taille humaine où les élèves puissent vivre, s’exprimer, communiquer et construire leur citoyenneté accompagnés par une équipe d’adultes solidaires ».
Ils appellent à « un soutien institutionnel et des formations offertes aux professeurs et cadres éducatifs dans le cadre d’une impulsion politique forte ». « Cela ne sera pas miraculeux. Mais les progrès, en matière éducative, ne relèvent ni du miracle ni des coups de menton. Ils exigent une obstination sereine, éclairée par la recherche et soutenue par une société qui fait confiance à ses éducateurs » concluent-ils.
Une tribune à retrouver sur le site de Philippe Meirieu
