A quoi sert le nouveau Schéma directeur des ENT ? 

Mettre du BYOD dans les classes ? Ouvrir les ENT au primaire ? Rendre les ENT réellement utiles aux enseignants de base ? A quoi peut bien servir la  consultation sur le 5ème "schéma directeur" des ENT ouverte par le ministère ? Cette nouvelle mouture montre-elle une évolution au rythme des technologies et des nouveaux besoins? Une meilleure prise en compte des difficultés rencontrées par les acteurs de terrain face aux usages des ENT ? Pour aider chacun à y voir plus clair, Christian Mertz, chef de projet ENT et services numériques à la Direction du Numérique pour l’Education, répond à nos questions avec le souci de mieux faire comprendre les évolutions des ENT.

 

Le SDET, le S3IT, les ENT, autant d'acronymes difficiles à comprendre pour le néophyte, pouvez-vous nous les expliquer et préciser leur lien ?

 

Le SDET est le Schéma Directeur des ENT, acronyme d’Espaces Numériques de Travail. Le SDET fournit un cadre de cohérence national pour les projets ENT. Il pose les principes directeurs de l’élaboration et de la mise en œuvre d’une solution ENT par les collectivités territoriales en partenariat avec les académies. À ce titre, il représente une référence commune pour les différents acteurs, partenaires, prestataires et industriels.

 

Un ENT est actuellement défini dans le SDET comme un ensemble intégré de services numériques, organisés, choisis et mis à disposition de la communauté éducative par l’école ou l’établissement scolaire. Il offre à chaque utilisateur (enseignant, élève ou étudiant, personne en relation avec l'élève, personnel administratif, technique ou d'encadrement), en fonction de son profil un point d’accès simple et unifié à l’ensemble des services, contenus et outils dont il a besoin pour ses activités dans le système éducatif. En assurant la sécurité et la confidentialité des données manipulées, l’ENT constitue un cadre de confiance.

 

On trouve à ce jour des ENT dans plus de 2 100 écoles, 4 300 collèges et 2 200 lycées. Conçus dans une approche de mutualisation des services entre les écoles ou les établissements, les ENT s’intègrent à un existant en termes d’infrastructures numériques, d’outils et de services en ligne et permettent des échanges au sein des communautés utilisateurs.

 

Le S3IT (Schéma Stratégique des Systèmes d'Information et des Télécommunications) du ministère de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche couvre l'ensemble des systèmes d'information de l'administration centrale jusqu'aux établissements et définit de façon lisible et synthétique les grandes priorités auxquelles doivent contribuer les systèmes d'information et technologies de l'information et de communication pour l'enseignement et la recherche. Les ENT y figurent comme une composante essentielle du développement du numérique à l'École, premier axe stratégique du S3IT, le SDET étant considéré comme une aide au déploiement et à la généralisation des ENT.

 

Dans le document mis en ligne par vos services, il est beaucoup question « d'annuaire ». Pouvez-vous expliquer ce qu'est un annuaire et en quoi il concerne chacun des acteurs au travers de son activité quotidienne ?

 

Un annuaire contient les informations concernant des personnes ou des établissements, et qui sont essentielles au fonctionnement des services numériques. Il est en général peu ou pas visible des utilisateurs, à la différence de l'annuaire de type pages blanches ou du carnet de contacts. Chaque usager de l’ENT est concerné car au travers de son activité quotidienne, il s’authentifie, il accède à des applications ou à des données selon ses droits ou habilitations. Il peut également partager et collaborer avec les différents groupes auxquels il appartient. Ainsi les usagers profitent de services personnalisés, sécurisés, structurés selon les besoins des équipes éducatives, et ce dans le respect de la loi Informatique et libertés.

 

Dans la version 5 pour appel à commentaires, vous évoquez l'enseignement primaire et son entrée dans le monde des ENT. Pouvez-vous expliquer ce que signifie cette volonté de développer les ENT dans le primaire et les problèmes particuliers que cela pose par rapport au secondaire ?

 

La volonté de changer l’École avec le numérique se traduit à tous les niveaux de la scolarité. Le développement des ENT dans les écoles maternelles et élémentaires doit permettre aux enseignants et aux élèves de faciliter l'aide personnalisée, l'accompagnement éducatif, le travail collaboratif, l'accès aux ressources d'apprentissage et le lien avec les familles.

 

L’échelon territorial dont dépendent les ENT du primaire est celui de la commune. Les projets ENT peuvent faire l’objet de différentes formes de mutualisation et de portage et être déployés non seulement au niveau d’une commune mais également d’une circonscription, d’un secteur de collège, d'une communauté de communes, d’une agglomération, voire d’un département ou d’une académie.

 

Pour faciliter la généralisation des ENT, le ministère a mis en place à partir de la rentrée 2015 une industrialisation de l’alimentation par le système d’information académique. Cette fonctionnalité soulagera considérablement le travail des personnels en particulier celui des directeurs d’école ou des équipes d’accompagnement qui récupéreront du temps pour se consacrer aux tâches métier.

 

La principale nouveauté est celle qui concerne la prise en compte des pratiques sociales du numérique et en particulier la connexion en mobilité sur des supports variés (smartphone, tablettes, etc.). Quelles sont les raisons (mais aussi l'état des lieux) qui ont amené le ministère à introduire ce chapitre dans le dossier ? Que peut-on attendre et dans quel délai d'une telle directive ?

 

Pour la mise à jour du SDET, le ministère tient compte des évolutions technologiques mais également des retours d’académies et de collectivités territoriales (participation aux appels à commentaires, expérimentations), des pratiques des usagers et d’observations issues du terrain…

 

Entre octobre 2013 et octobre 2014, les accès aux ENT marqués grâce au dispositif national de mesure d’audience se sont caractérisés par une forte hausse (+ 47 %) des visites opérées via des systèmes d’exploitation spécifiques aux smartphones et tablettes. Sur l’ensemble de l’année 2014, les visites des ENT depuis des supports mobiles ont représenté 21 % des visites.

 

On peut attendre de l’introduction du nouveau chapitre mobilité une prise en charge « multicanal » des fonctionnalités des ENT. Dans les cas où cela n’a pas encore été pris en compte, les collectivités porteuses de projet vont intégrer à leurs prochains cahiers des charges la dimension mobilité et les éditeurs de solutions ENT vont devoir apporter des réponses techniques à ces nouvelles demandes. A minima, les accès multisupports aux ENT seront rendus possibles avec le renouvellement progressif des différents marchés.

 

Plus généralement le SDET semble être un ovni pour les acteurs des établissements scolaires alors qu'il semble très important pour les prestataires de service (SSII), les collectivités territoriales et l'administration de l'éducation nationale. Comment se fait-il qu'il rencontre finalement peu d'écho sur le terrain ? En effet, les usagers sont soumis à des conditions d'utilisation qui sont parfois difficiles à comprendre : ENT différent entre collège et lycée, absence d'ENT dans certains établissements, concurrence entre services académiques et entreprises prestataires, choix « autoritaires » de certains financeurs qui ne sont pas forcément les utilisateurs....

 

Le SDET fournit un cadre commun qui est utilisé par les porteurs de projet des collectivités territoriales qui s’y réfèrent pour rédiger les cahiers des charges de leurs appels d’offres ENT et par les éditeurs/intégrateurs qui s’y reportent pour constituer leur offre et répondre aux marchés.

 

Pour cette raison, le SDET ne s'adresse pas véritablement aux enseignants. Néanmoins, les enseignants le consultent notamment pour se renseigner sur le fonctionnement des ENT, sur l’offre des services applicatifs proposés, sur l’utilisation de leurs données à caractère personnel ainsi que sur la qualité de service qu’ils sont en droit d’attendre. Afin d’être davantage accessible, une version totalement refondue du SDET et réorganisée selon un découpage thématique devrait d’ailleurs être proposée en 2016.

 

Pour répondre aux attentes des usagers, l’interopérabilité des ENT qui concerne l’interaction avec les différents types de services tiers, les autres ENT, les services locaux d’établissement ou encore les services fournis par l’éducation nationale, l’enseignement agricole et les collectivités doit être renforcée.

 

Propos recueillis par Bruno Devauchelle

 

L'appel à commentaires

 

 

 

Par fjarraud , le vendredi 22 mai 2015.

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