Conférence du Cnesco sur les langues vivantes : Que sait-on du niveau des jeunes français ?  

Selon une étude de Pascale Manoïlov (Depp - Paris Nanterre), dévoilée lors de la conférence de consensus du Cnesco Ifé sur les langues vivantes, le niveau en langues vivantes des lycéens est marqué par les inégalités sociales et de genre. Il est aussi en dessous des standards internationaux même si bien des facteurs rendent la comparaison difficile. C'est un des apports d'une conférence qui pourrait être la dernière du Cnesco.

 

Le Cnesco menacé malgré la réussite de ses conférences

 

"Le Cnesco va disparaitre. Il y a une  réflexion au ministère pour donner une suite. Pour l'instant nous n'avons pas d'éléments précis écrits à porter à votre connaissance. Mais quand les choses fonctionnent j'imagine que l'Education nationale veut qu'elles continuent". Nathalie Mons a ouvert le 13 mars cette 6ème conférence de consensus du Cnesco dans une atmosphère particulière. La loi Blanquer prévoit la suppression du Cnesco. Le ministre s'est engagé devant les députés de transformer le Cnesco en une chaire du Cnam. Mais il refuse d'en préciser les moyens de fonctionnement. Avec le Cnesco devrait disparaitre une expérience novatrice d'évaluation indépendante de l'Ecole. Le Cnesco a inventé un format original de conférence qui associe les chercheurs aux acteurs de terrain pour faire le lien entre les préoccupations des uns et les savoirs des autres. C'est le rôle du jury de la conférence que de composer des recommandations. L'expérience montre qu'elles ont un grand écho chez les professionnels de l'éducation.

 

Que disent les comparaisons internationales ?

 

Le 13 mars, la conférence s'ouvre sur l'intervention de Pascale Manoïlov (Depp - Paris Nanterre) sur l'évaluation du niveau des jeunes en langues vivantes. L'éducation nationale a posé des  exigences en référence au cadre européen des langues.  Par exemple les élèves de 3ème doivent atteindre le niveau A2. Ceux de terminale L doivent être au niveau C1 en langue vivante 1 (LV1) et B1 en LV2. Les lycéens de S et ES doivent être au niveau B2 en Lv1. Mais ces niveaux sont-ils réellement atteints ?

 

A la différence de la lecture ou des maths ou même des sciences, les langues vivantes ne sont pas évaluées par Pisa et on a peu d'évaluations internationales. La dernière réalisée en 2011 portait sur le collège. Elle montre que les collégiens français ont un niveau inférieur à celui de leurs camarades européens. Seulement un jeune sur quatre obtient le niveau moyen en compréhension écrite et orale et 40% en expression écrite en anglais LV1. C'est un peu mieux en espagnol. Mais dans les autres pays européens au moins la moitié des élèves ont le niveau moyen.

 

Un recul en expression écrite au collège

 

La Depp a réalisé des évaluations pour la fin de l'école et du collège. Cette enquête Cedre montre une stabilité des résultats à l'école primaire en anglais et allemand même si le groupe des plus forts diminue. En anglais un élève sur trois maitrise des compétences complexes. 75% des enfants sont capables de dégager des informations dans un texte lu. Un élève sur deux en anglais, 3 sur 4 en allemand arrivent à dégager des mots courants en compréhension orale. En expression orale un élève sur deux maitrise la syntaxe de phrases simples.

 

Au collège, on observe des progrès en compréhension de l'écrit dans les 3 langues mais une baisse en expression écrite en anglais. Les trois quarts des élèves ont dumal à mobiliser le lexique de base.

 

Des premiers résultats de l'épreuve du bac

 

Pascale Manoïlov a dévoilé pour la première fois des résultats portant sur l'évaluation des langues au bac. Il faut remarquer qu'au bac l'évaluation porte sur l'oral et l'écrit. Mais elle s'établit par une note sur 20 et non un niveau du cadre européen.

 

On observe une tendance à l'amélioration du niveau en expression orale. Les résultats montrent que c'est en anglais Lv1 que les résultats sont les plus faibles. Ce sont les élèves de S et de L qui ont les meilleurs résultats en Lv1.

 

Mais les niveaux B2 en Lv1 et B1 en Lv2 ne sont pas atteints. Les résultats tournent autour de la moyenne c'est à dire le niveau A2.

 

Les résultats montrent aussi de fortes inégalités déjà repérées dans les études Cedre. On observe un fort écart entre filles et garçons au bénéfice des filles. Il y aussi de forts écarts selon l'origine sociale des élèves. Ainsi la moyenne des jeunes défavorisés est à 11.9 en anglais LV1 contre 13.2 pour les favorisés. En allemand l'écart est de 13 à 16.

 

Quand le nombre d'élèves influe sur les résultats...

 

Comment expliquer ces résultats ? Selon P Manoïlov l'écart avec les autres pays est aussi lié à des spécificités françaises. D'abord le fait que le niveau d'expression orale est évalué dans un échange avec le professeur. Dans les pays nordiques, l'examinateur observe un échange entre élèves. Et cette méthode a un effet positif sur l'expression orale. Se pose aussi la question du nombre d'élèves par classe, nettement plus élevé en France que chez nos voisins.

 

Enfin les stratégies familiales jouent aussi un rôle. Si le niveau en allemand ou chinois est plus élevé qu'en anglais cela tient aux stratégies familiales. Les CSP+ choisissent ces langues pour que les enfants soient dans de "bonnes " classes. Ces catégories ont aussi accès à des formations e langues non scolaires (séjours etc.). Les langues sont aussi une pratique sociale...

 

François Jarraud

 

La conférence de consensus sur les langues vivantes

Langues le niveau au collège

Langues : le niveau à l'école

 

 

Par fjarraud , le jeudi 14 mars 2019.

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