L’Ecole face au changement climatique 

Combien de degrés en classe cet hiver ? Cet hiver, il faudra continuer à prendre soin de la planète. Il faudra aussi peut-être aérer les salles pour cause de covid. En même temps il faudra équilibrer le budget et faire des économies d’énergie. La question du chauffage des établissements scolaires est déjà une urgence budgétaire. Elle va devenir un vrai problème. De nombreux établissements sont déjà dans le rouge du fait de la hausse du coût de l’énergie. Tous regardent vers les collectivités locales qui elles-mêmes interrogent l’Etat. Dans les classes, il y a du souci à se faire.

 

Casse tête budgétaire

 

 « Beaucoup de collègues disent qu’ils ne savent pas s’ils pourront boucler leur budget ». A la tête du Snpden Unsa, le premier syndicat de personnels de direction, Bruno Bobkiewicz est inquiet. « On voudrait que les collectivités territoriales nous disent à quel point elle vont nous aider financièrement ». Avant d’être un problème écologique ou réglementaire, la question du chauffage est un casse tête budgétaire. Les établissements ont leur budget calé sur l’année civile. Celle-ci se termine. Elle est impactée par la forte hausse des flux et des fournitures.

 

Selon les établissements, en année normale, les flux (chauffage, électricité, eau) représentent de la moitié aux trois quarts de la dotation globale de fonctionnement. « Cette année avec la hausse on est déjà à 100% », nous dit B Bobkiewicz.

 

Impossibles 19°C

 

Tous les établissements ne sont pas logés à même enseigne. Alors que le gouvernement annonce que les bâtiments publics ne devront pas dépasser 19°C cet hiver, de nombreux locaux scolaires ne sont pas adaptés à cette mesure. « 19°C ? Encore faudrait-il qu’on les ait », réplique B Bobkiewicz. Certains établissements sont des passoires thermiques. D’autres ont des réseaux de chauffage déséquilibrés : il faut 24°C à un bout du bâtiment pour que l’autre bout atteigne 19°C.

 

Inquiétude aussi au Snupden, le syndicat Fsu des personnels de direction. Jean Klein, son secrétaire général, rappelle que les chefs d’établissements sont responsables du bon état physique des personnels. « Si les collectivités locales réduisent le chauffage on va vite se heurter à des fiches sur le registre de sécurité ». La question du chauffage pourrait devenir aussi une question sociale.

 

Un enjeu écologique

 

Les syndicats sont bien conscients de l’enjeu écologique. « La prise en compte des effets du dérèglement climatique est un sujet majeur pour notre ministère. Le premier employeur de France doit résolument s’engager pour garantir à ses agents et à ses élèves des conditions d’exercice et d’apprentissage durables », déclare le Se Unsa. « Il reste beaucoup à faire pour réussir la transition énergétique ». « Le bâti scolaire doit faire l’objet d’un plan d’investissement à la mesure des enjeux d’adaptation au climat et de réduction de consommation énergétique », estime la Fsu. « Le ministère de l’Education nationale doit donner un cadrage national et le gouvernement les moyens financiers pour que les collectivité territoriales investissent à la hauteur des enjeux ».

 

Rénover le bâti

 

« Les annonces en terme de rénovation des bâtiments peinent à se traduire en actes », nous dit Benoît Teste, secrétaire général de la Fsu. « La sobriété énergétique est nécessaire mais il faut accélérer les plans de rénovation thermique ». Alertée par les propos d’E Borne, la FSU craint une crise grave cet hiver avec des coupures. « Il faudra définir les services essentiels. Nous ne voulons pas revivre ce qui s’est passé avec le covid où certains services fermaient et pas d’autres ». Pour le moment le gouvernement n’a pas dit si les coupures énergétiques concerneraient les bâtiments scolaires.

 

Un nouvel équilibre

 

«Bien sur que l’on va appliquer la consigne gouvernementale des 19°C », nous dit François Bonneau, président de la région Centre Val de Loire et vice président « éducation » des Régions de France, les propriétaires des lycées. « Il faut des locaux scolaires qui permettent de travailler avec 19°C dans de bonnes conditions et un effort collectif de réduction de la consommation énergétique. Il faut que les lycées puissent fonctionner en faisant des économies d’énergie ». Les régions attendent un effort de l’Etat. « Alors que les charges explosent et que nos ressources sont en baisse, on a commencé à le dire au gouvernement ».

 

Pour les régions, « on peut économiser mais c’est sans commune mesure avec l’explosion des prix ». D’autant que pour réduire la facture énergétique il faut des moyens pour investir dans les bâtiments.

 

« Les régions ont déjà engagé des programmes et sont intervenues sur le bâti avec des programmes de renforcement de la performance énergétique. Il va falloir accélérer ces programmes ». Dans sa région 19 lycées ont réduit d’un tiers leur consommation d’énergie. 100 lycées sont engagés dans un plan d’économie d’énergie et la région participe à un groupement d’achat de l’énergie qui freine la croissance des prix. « Pour autant on a voté 3 millions supplémentaires en juillet et on va en revoter autant en novembre ».

 

D’autres régions se sont investies aussi dans la baisse des consommations. Pays de la Loire a réduit sa consommation de 10% depuis 2008 en agissant sur la bâti. Grand Est et Hauts de France misent sur le solaire avec par exemple 135 millions pour le programme Solar Est pour couvrir les toits de 200 lycées de panneaux photovoltaïques et 10 millions pour des régulateurs de tension.

 

« Un dialogue de gestion établissement par établissement et région par région va s’engager pour chercher un nouvel équilibre », annonce François Bonneau. 2022 est l’année où il faudra concilier exigences environnementale, maintien de l’activité des établissements scolaires et équilibre budgétaire. Une année de défi.

 

François Jarraud

 

 

Par fjarraud , le lundi 12 septembre 2022.

Commentaires

Vous devez être authentifié pour publier un commentaire.

Partenaires

Nos annonces