Face à la crise, l'école catholique en quête de nouvelles aides 

Double évolution dans les rapports entre l'enseignement catholique et l'Etat. Dans son discours de rentrée, le 22 septembre, Philippe Delorme, secrétaire général de l'enseignement catholique, souligne les difficultés financières à venir des établissements catholiques frappés par la crise. Il en appelle à "l'engagement" de l'Etat et la fin des "discriminations". Mais il souligne aussi la complète adhésion de l'enseignement catholique à la réforme éducative portée par Emmanuel Macron. Ce que le président veut faire dans le public c'est somme toute ce que fait déjà l'enseignement catholique…

 

Le poids de la crise

 

"Nous sommes très inquiets. Il va falloir que la puissance publique nous accompagne". Les établissements catholiques privés sous contrat commencent à perdre des élèves. A la rentrée 2022, c'est 18 000 élèves qui manquent, soit 1%, répartis entre premier et second degré. Cela concerne aussi le supérieur, notamment les BTS avec 6000 élèves en moins. Parmi les facteurs expliquant ce recul, il y a la crise démographique. Mais aussi les premières retombées de la crise économique avec notamment la hausse du prix de la demi pension.

 

Mais le pire est devant. Les établissements catholiques vont être touchés par la hausse du prix de l'énergie. Philippe Delorme cite en exemple une école primaire dont la facture énergétique va passer de 20 000 à 200 000€. La crise concerne aussi la restauration scolaire, qui ne bénéficie pas de subventions publiques. Ce sont donc les familles qui devront suivre la hausse et le SGEC craint le départ d'une partie des élèves. "Face aux difficultés un grand nombre de familles ont renoncé à inscrire leurs enfants dans nos établissements", explique P Delorme.

 

La solution c'est bien sur l'aide de l'Etat et des collectivités territoriales. "J'en appelle à un engagement renouvelé de la puissance publique aux cotés de nos établissements, des familles qui les choisissent… Je ne suis pas en train de quémander. Je parle d'équité", dit P Delorme. Il  préfère parler de mesures contre la "discrimination" dont il dit être victime l'école catholique. "Discrimination pour la restauration" déclare P Delorme parce que les élèves des établissements privés sous contrat ne bénéficient généralement pas des mêmes aides financières des collectivités locales que ceux du public. "Discrimination au niveau des transports scolaires", pour les mêmes raisons.  L'enseignement catholique demande aussi à bénéficier du bouclier tarifaire des écoles publiques pour ses dépenses énergétiques.

 

Soutien à la réforme d'E Macron

 

"L'engagement des acteurs" c'est aussi ce que l'enseignement catholique lit dans la réforme éducative d'Emmanuel Macron. "Je dis "allons y", "banco" Je dis même "chiche" , applaudit P Delorme. Parce que la réforme Macron "c'est  comme cela que nous essayons de fonctionner depuis toujours avec un pilotage centré sur l'établissement" , explique t-il. Somme toute le projet d'établissement, le recrutement des enseignants par le chef d'établissement, la marge d'autonomie dans l'organisation du temps scolaire, la présence d'enseignements particuliers au nom du caractère propre, la gestion financière indépendante de chaque établissement c'est ce modèle qu'E Macron veut généraliser dans le public.

 

Le SGEC voit dans la réforme Macron l'occasion d'aller plus loin encore dans le management des établissements. Par exemple dans "l'aménagement de l'année". Interrogé par le Café pédagogique sur l'influence du modèle catholique sur l aréforme Macron, P Delorme répond que "ce ne sera pas la première fois qu'on s'inspire de notre façon de faire". "Je suis partageur", dit-il.

 

Recadrage

 

Partageur jusqu'à un certain point. Alors que P Ndiaye dit mettre la mixité sociale en tête de ses préoccupations, l'enseignement catholique, où la ségrégation sociale règne, se sent visé. S'il est associé aux contrats locaux d'accompagnement et donc à l'éducation prioritaire depuis l'année dernière, avec 14 établissements à cette rentrée, l'enseignement catholique recadre les choses. "Nous n'accepterons jamais la sectorisation contraire au principe de liberté de choix des familles", dit P Delorme. Ni les quotas jugés "inefficaces". P Delorme parle de "ligne rouge" pour ces deux points. L'enseignement catholique se tiendra donc en dehors des politiques de mixité sociale.

 

Mais c'est l'impact de la crise qui sera le grand défi de l'année pour l'enseignement catholique. JM Blanquer l'a fait bénéficier de la prise en charge de ses maternelles avec l'instruction obligatoire à 3 ans. Selon P Delorme cela aurait couté au minimum 60 millions à l'Etat, peut-être plus.  En osmose avec la vision de l'Ecole du président de la République, l'enseignement catholique demande de nouvelles prises en charge. Cela pourrait aller vite…

 

François Jarraud

 

 

 

Par fjarraud , le vendredi 23 septembre 2022.

Commentaires

Vous devez être authentifié pour publier un commentaire.

Partenaires

Nos annonces