François Hollande retoque l'allemand et l'histoire au collège 

Alors que la réforme du collège est soumise  à de vives critiques, François Hollande est à nouveau intervenu en sa faveur le 7 mai. Mais il a aussi apporté des réponses aux critiques notamment sur l'enseignement de l'allemand et de l'histoire, imposant à la ministre de l'Education nationale de nouveaux efforts.

 

"Toute réforme éducative suscite des débats et ils sont légitimes", a déclaré François Hollande le 7 mai. "Mais le débat doit reposer sur des faits et non des sentiments ou des outrances". Le président s'est donc nettement prononcé sur les réformes éducatives menées sous son quinquennat. "Certains s'inquiètent", a-t-il ajouté. "Même de rien.."

 

Des objectifs chiffrés pour l'allemand

 

La formule visait les inquiétudes sur l'allemand. Le président soumis à des pressions venues aussi bien de sa majorité que de Berlin a voulu apporter une réponse. "Je veux que les élèves français apprennent l'allemand", a-t-il déclaré."On va avancer d'un an l'apprentissage de l'allemand comme seconde langue vivante. On fera une politique volontariste pour l'allemand". F Hollande a fixé des objectifs. Au primaire il s'agit de passer de 170 000 à 200 000 enfants apprenant l'allemand l'année prochaine. Au collège on passerait de 480 000 à 515 000 élèves. Pour cela, le nombre de professeurs recrutés augmentera, passant de 200 en 2012 à 515. L'éducation nationale aura recours à "des intervenants extérieurs". La rue de Grenelle précise qu'il s'agit de mettre en place un nouvelle carte des langues pour assurer une vraie diversité linguistique. Et pour cela de faire appel aux assistants de langue que la droite avait supprimés. Le ministère a d'ailleurs publié un B.O. spécial le 7 mai reprenant tous les programmes de mobilité franco-allemands pour les professeurs et les élèves.

 

Une super commission en histoire

 

Un autre sujet agite les médias : l'enseignement de l'histoire. "Je serai attentif aux programmes d'histoire", a dit F. Hollande. Il a rappelé que l'enseignement de l'histoire doit rappeler "les heures glorieuses de notre passé". Il a affirmé que "l'histoire doit être enseignée par la chronologie". Pour y veiller, "des personnalités seront associées aux programmes" pour avoir "le récit national". Le nom de Pierre Nora circule déjà pour accompagner le travail du Conseil supérieur des programmes. La ministre devrait recevoir dans les jours qui viennent des historiens pour alimenter cette commission de contrôle.

 

Le président de la République veut faire passer l'idée qu'il entend les critiques. Sur les programmes d'histoire, il prend le risque de valider des visions éculées de cet enseignement. D'autant que le même scénario s'est déjà déroulé dans le passé d'une révision complète des programmes par une commission nommée par les politiques face à des programmes jugés trop d'avant garde. Les programmes du CSP ne le sont pas et ne méritent pas ces critiques. En critiquant ainsi le CSP, le geste présidentiel contribue au démontage de la loi d'orientation qu'il prétend pourtant défendre.

François Jarraud

 

Les programmes de mobilité au BO

Le CSP déjà menacé de recadrage

 

 

 

Par fjarraud , le vendredi 08 mai 2015.

Commentaires

  • Franck059, le 10/05/2015 à 17:28
    On se focalise trop sur le programme d'histoire, le latin, les sections euro et bilangue.
    C'est une partie du désastre annoncé, seulement une petite partie...

    Rien, ou presque dans l'ensemble des médias, sur les heures d'AP et d'EPI qui seront grignotées sur les enseignements disciplinaires.

    Perte des heures d’enseignements disciplinaires au profit de l’AP et des EPI
    (horaires actuels contre horaires 2016) :

    3ème : De 28,5 h à 22 h donc – 6,5h
    4ème : De 26 h à 22 h donc – 4h
    5ème : De 23 h à 22 h donc – 1h
    6ème : De 24,5 h à 23 h donc – 1,5 h

    – 13 h x 36 semaines = – 468 h sur toute la scolarité du collège

    A la rentrée 2016, à la lecture de l'emploi du temps de leurs enfants, beaucoup de parents feront un bond quand ils découvriront  le pot aux roses. Déjà qu'ils ont été particulièrement échaudés par la "reforme" des rythmes scolaires ...

     


  • Viviane Micaud, le 09/05/2015 à 12:45
    Je pense que c'est une erreur de donner un statut élitiste à l'Allemand. De toute façon, il n'y aura pas les profs nécessaires disponible en 2015. 
  • Francoiss, le 08/05/2015 à 11:17
    "Le président de la République veut faire passer l'idée qu'il entend les critiques. Sur les programmes d'histoire, il prend le risque de valider des visions éculées de cet enseignement. D'autant que le même scénario s'est déjà déroulé dans le passé d'une révision complète des programmes par une commission nommée par les politiques face à des programmes jugés trop d'avant garde. Les programmes du CSP ne le sont pas et ne méritent pas ces critiques. En critiquant ainsi le CSP, le geste présidentiel contribue au démontage de la loi d'orientation qu'il prétend pourtant défendre."

    Je réagis à votre position pour faire entendre la mienne : les programmes d'histoire du cycle 3 (dans la mouvance de ceux du cycle 4) ne sont pas d'avant garde : ils présentent véritablement de nombreuses lacunes qu'aucun universitaire ou didacticien digne de ce nom ne peut accepter. Le CSP mérite à ce sujet de grosses critiques à son encontre. Si le CSP jouit de Rémi Brissiaud en amont pour donner des programmes de mathématiques censés et rigoureux, ce n'est pas du tout le cas pour l'histoire et je le déplore fortement (une place est à prendre sans aucun doute). 

    2 points positifs à ces programmes d'histoire (et donc au CSP) : la diminution des notions (enfin...) au profit d'apprentissages méthodologiques explicites (bravo.). Au-delà, voici les critiques que vous ne pouvez effacer de votre article :

    -Le choix de la coupe des notions s'est faite au détriment de la préhistoire et de l'antiquité complètement balayées de l'école primaire. Le démarrage se fait à Charlemagne... Hormis le sapiens dans sa caverne, l'universitaire ne peut que constater un choix trop orienté de l'histoire. Nous ne sortons donc toujours pas d'une historiographie instrumentée vieille de plusieurs millénaires...

    -Après Vercingétorix et Clovis et toutes les critiques qu'ont apportées les historiens sur ces mythes caricaturés du roman national et donc sur l'instrumentation de l'histoire, voici Charlemagne présenté presque comme le père de l'union européenne. Je pousse un peu le trait mais il me semble bien cerner cet esprit d'anachronisme légèrement politisé. Nos ancêtre les gaulois (on en rit aujourd'hui...) deviennent nos ancêtres les européens... (en rira-t-on demain?).

    -Au lieu d'envisager une histoire sociale thématique riche : vie des paysans, rôle de l'Eglise, la Renaissance... il me semble assister à un retour à l'histoire par les rois de France... une façon de faire l'histoire vieille de plus d'un siècle et ô combien critiquée...

    -Intitulé du thème numéro 2 de l'histoire médiévale : "la France d'avant la France" : aucune rigueur scientifique dans cet énoncé. Comment être clair avec ses élèves, quand les programmes ne sont pas clairs avec leurs professeurs?

    -La progression du projet impose une progression linéaire (médiévale en CM1, moderne et contempo en CM2). Ainsi semble mourir la progression spiralaire qui a ses limites mais malgré tout de nombreux avantages sur la progression linéaire. C'est d'ailleurs celle-ci que l'on vantait encore hier après-midi à l'ESPE... 

    C'est donc bien les programmes d'histoire de demain qui ont une "vision éculée" sur de nombreux points, bien plus nombreux malheureusement que leurs aspects positifs... Ne vous en déplaise... Le CSP et surtout nos élèves ont tout à gagner d'une révision des programmes d'histoire. Réformer oui mais tout boucler dans l'urgence sans apport didactique ne peut qu'entraîner une révision drastique de la réforme par une future réforme qui aura sans doute d'autres nombreux défauts...

    • jackd, le 09/05/2015 à 10:46
      "ils présentent véritablement de nombreuses lacunes qu'aucun universitaire ou didacticien digne de ce nom ne peut accepter"

      Cette phrase pourrait (conditionnel !) invalider votre discours par l'excès de sa proposition (car vous ne pouvez que "proposer", vous êtes un pédagogue, non ?)
      Ne vous placez pas si haut, la chute n'en est que plus brutale. 

      Bonne journée.
      • Francoiss, le 09/05/2015 à 11:45
        Le pédagogue propose et raisonne en effet pour chaque geste, chaque situation en termes de gains et de limites. Vous affirmez qu'il n'y a jamais une bonne solution (c'est votre propos et je suis tout à fait d'accord : tout geste, toute situation amène forcément des limites) ; en revanche tout ne se vaut pas (c'est la limite à votre propos : lorsque les limites semblent dépasser les gains, le geste ou la situation doivent être remis à l'affinage). 

        Cependant, j'accrédite votre position en essayant d'amener plus loin notre raisonnement : il est vrai que tout geste, toute situation se comprend en termes de gains / limites SELON la finalité éducative que vise son praticien. 
        Si vous souhaitez avant tout faire tendre vos élèves vers des citoyens formés à l'idée que le concept d'Europe a toujours couvé en les hommes médiévaux ; que le concept de France a toujours existé avant même que la France n'existe ; que le concept des grands hommes (rois) prévaut dans toute indigence historique... Alors oui les gains / limites de ces programmes d'histoire ne seront sans doute pas les mêmes... (cependant ces concepts vont à l'encontre de ceux défendus et affinés depuis plusieurs décennies par les universitaires historiens, repris par les universitaires des sciences de l'éducation...).

        (Pour autant j'ai cité plus haut les grandes qualités de ces programmes, je ne reviens pas dessus). 

        Le pédagogue qui "propose" est en droit justement d'envoyer un signal lorsqu'un programme le contraint légalement désormais à choisir la progression linéaire sans plus pouvoir légalement proposer la progression spiralaire.

        Je ne prétends rien de votre qualification. Je chemine. Si vous jugez ma phrase excessive et ma position trop haute, je la remets moi aussi en cause et attends justement un dialogue pour la faire évoluer. 

        Pour conclure ma réponse, je reviens à mon premier paragraphe. Entre "proposer" de façon neutre (ce que vous semblez énoncer) et se "placer haut" (ce que je regrette de paraître), le pédagogue n'est ni dans l'un ni dans l'autre. Il fait le pari flexible, pondéré et adapté aux finalités éducatives qu'il se donne que "rien n'est au-dessus de tout, mais tout ne se vaut pas".

        Peut-être nous croiserons-nous à présent au milieu de ces deux positions. 

        Bonne journée. 
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