Le consensus est-il plus facile à construire quand on se rapproche du terrain et des ses exigences ? La réunion académique de concertation parisienne montre que non. Chacun vient avec ses convictions et ses oeillères. Au final, les enseignants ont peu écouté les territoriaux. Le bloc des enseignants acquis aux réformes et celui des représentants de la FSU s'opposent dans une joute qui laisse peu de temps pour faire intervenir les non-alignés. Sur le terrain, la refondation est attendue avec autant d'espoirs que de mobilisation préventive.
Mardi 18 septembre, 17 heures. Le lycée Jacques Decour de Paris accueille une réunion académique dans le cadre de la concertation nationale. Près de 200 personnes sont réunies dans la chapelle XIXème de ce lycée de centre ville. Le directeur académique, le directeur diocésain sont là. Et c'est le nouveau recteur, François Weil, qui ouvre la soirée.
Les attentes sont bien là
Dans la salle il y a Alain, Directeur d'un centre aéré de la Ville de Paris il est venu parce qu'il s'inquiète des retombées d 'une réforme des rythmes scolaires sur la vie de son centre. "En fin d'après-midi on aura probablement tous les élèves. Où les accueillir ? Que faire avec eux ? Avec quel personnel ? s'interroge-t-il. A coté de lui, Sarah est professeure de lettres dans un lycée privé sous contrat. "Je suis surtout venu écouter", nous dit-elle. "Il faut laisser parler les enseignants du public d'abord car ils ont des difficultés que les lycées privés ne connaissent pas". Mais Sarah a aussi des attentes. "Je veux une vraie refondation de l'Ecole. Que l'on fasse un bilan de la réforme du lycée et qu'on discute vraiment des améliorations". Il y a bien sur davantage d'enseignants du public. Joelle est professeur de SVT en collège et elle est venue pour défendre la place du numérique dans la refondation. Sylvaine , professeur d'anglais en lycée, est venue pour porter les revendications du Snes. Pour elle, elle aura le temps de le développer en atelier, la refondation doit surtout donner des moyens supplémentaires.
Les cancres du fond
L'atelier sur l'égalité des chances a été magnifiquement organisé par l'IEN Bruno Claval. Il est accompagné de "témoins" qui peuvent présenter des réalisations concrètes et entraîner la discussion sur elles. Mais voilà. Dans cette salle de classe, les enseignants se répartissent entre les premières et les dernières rangées. Devant les invités de B Claval. Au fond de la classe le groupe frondeur des syndicalistes Fsu. Toute la soirée vont alterner les témoignages des invités et les interventions oppositionnelles de la Fsu. Entre les deux, le no man's land regarde passer les balles et n'a pas vraiment le droit à la parole.
L'opposition est bien présente. Pour les représentants de la Fsu, il faut s'intéresser au lycée, au post bac et pas principalement à l'école. L'approche par compétences est rejetée. "Il faut d'abord des connaissances et ne s'intéresser qu'à elles à l'école et au collège. On pourra ensuite introduire des compétences à partir du lycée", explique Annie, syndicaliste et professeur en BTS.
Que reste-il de la soirée ? La présentation de dispositifs facilitant la lutte contre l'échec scolaire dans des écoles et des collèges. A l'école Vitruve, on a réorganisé totalement l'Ecole pour imaginer un nouveau fonctionnement global. Au collège G Philippe (18ème), les professeurs de maths ont obtenu une heure de concertation hebdomadaire qui leur permet de travailler par compétences. Les représentants de la Ville de Paris ont pu montrer leurs dispositifs comme le Cnetre Patay (Paris 13ème) ou le dispositif ROL. Au final, l'importance de bien articuler le temps scolaire et le temps non scolaire apparait comme une nécessité. Mais surtout la certitude que les résistances se renforcent alors que se rapproche le terme de la concertation.
François Jarraud