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 Le site officiel

Du 22 au 24 mars, Moscou accueille le Forum Partners in Learning de Microsoft. Des enseignants venus de tout le continent sont invités à présenter des projets innovants qui s'appuient sur les TIC.  Deux membres du Café sont présents à Moscou : Robert Delord, qui tient la rubrique langues anciennes, y présente son travail Latine Loquere. Laurent Piau suit l'événement pour le Café. Il nous fera partager la vie quotidienne de ces enseignants innovants. Une qualité vraiment européenne ?
Carte postale moscovite

Il y a une semaine de cela s'achevait le Partners in Learning Forum  Europe organisé par Microsoft du 22 au 24 mars à Moscou. Une manifestation qui a rassemblé trois jours durant 86 projets innovants issus de 39 pays du vieux continent. Pour resituer les choses il faut rappeler que le PIL est engagé depuis 2004 dans des programmes d'accompagnement des écoles primaires et secondaires dans  l'intégration des pratiques innovantes. Le budget alloué est de 500 millions de dollars sur dix ans. Quelque 120 écoles sont ainsi accompagnées et 3 000 diffusent ces pratiques dans une cinquantaine de pays.

 

S'il y a bien une image qui conviendrait pour décrire ce forum, c'est bien la métaphore de la ruche. Deux des participants au forum, l'une bulgare, l'autre azerbaïdjanais,e ne s'y sont d'ailleurs pas  trompé en décorant le stand de leur projet au moyen de ces sympathiques petits insectes

 

En effet, une fois franchi le seuil de la salle d'exposition de l'imposant Hôtel Renaissance qui accueillait l'événement (547 chambres tout de même), on est tout de suite saisi par le bourdonnement qui règne dans cet espace. Un bourdonnement en anglais bien sûr, langue d'échange par excellence pendant toute la durée du forum, teintée par les accents des différentes régions d'Europe de l'Ouest et de l'Est. En plus d'un formidable moment d'échanges entre collègues motivés et innovants et réciproquement, Microsoft offrait  ainsi à chaque concurrent un stage de remise à niveau en anglais de trois jours.

 

 

Accueil par le directeur de Microsoft Russie, Nikolaï Prianichnikov et l'hypnotique Lauren Woodman, directrice du programme Partners In Learning de Microsoft, intervention du speaker inspiré John David, invité par Microsoft et qui monte sur scène un ipad à la main, nombreux keynotes (entendez présentations) dans l'amphithéâtre par des responsables de Microsoft Education, workshops (entendez ateliers) riches et variés : pas le temps de s'ennuyer pendant ces trois jours somme toute assez studieux.

Par chance, notre délégation française, composée de quatre projets et coachée (pour rester dans les anglicismes) de main de maître par Thierry de Vulpillières, responsable Microsoft Education France, est arrivée sur place un jour avant le début de la manifestation et a pu profiter de ces quelques heures de liberté pour visiter la Place Rouge, le Kremlin et le café Pushkin cher à Bécaud sous une neige russe de carte postale.

 

A peine le temps d'avaler une vodka*, une fois son stand installé, deux choix s'offrent alors au participant. Il peut soit décider de jouer la reine des abeilles et rester collé à l'alvéole de son stand en attendant la venue de ses autres congénères pour leur présenter son travail, soit remplir son rôle d'abeille ouvrière et quitter la ruche pour aller butiner de stand en stand à la découverte de chaque projet pour en faire son miel.

 

C'est cette deuxième option, de loin la plus intéressante, qui a été la nôtre et qui nous a permis de découvrir en détail 38 projets sur les 86 présents. L'occasion de se rendre compte de l'écart entre pays d'Europe de l'Ouest et pays d'Europe de l'Est. Étonnamment, c'est pourtant ces derniers qui proposaient les projets les plus solidaires et équitables. Je pense notamment à deux projets slovaques, l'un portant sur la gestion de l'eau, l'autre dirigé vers l'Afrique. L'occasion également de découvrir l'inventivité, la richesse et la variété des projets, toutes disciplines confondues, mais également des points de rapprochements inattendus entre projets de pays et de disciplines différents. Ainsi, on retrouve chez un professeur de physique grec, le nom d'Icare sur lequel on a travaillé, ou chez telle autre professeur de physique slovaque, un travail sur les inventions du savant grec antique Héron d'Alexandrie, également abordé en cours de langues anciennes. Une véritable invitation au travail pluri-disciplinaire.

 

Jeudi soir : soirée de clôture au Yar Restaurant, un des plus célèbres de Moscou. On raconte d'ailleurs à propos de ce noble établissement que « visiter Moscou sans aller au Yar, c'est comme  visiter Rome sans voir le Pape". En passant au vestiaire , on note d'ailleurs, dans ce « garde-robe » en lettres cyrilliques, une preuve du goût prononcé que les Russes ont longtemps manifesté pour la culture et la langue française. Vient le moment tant attendu du palmarès qui verra récompensé, entre autres le travail de notre collègue français Jean-Roch Masson, pour son projet d'apprentissage de la lecture en CP à l'aide du réseau social  Twitter, mais aussi le travail remarquable de notre voisin belge Steven qui utilise les tags Microsoft, sortes de code-barres multimédia, pour faire créer des jeux à ses élèves..

 

tous les résultats sur le site :

http://www.partnersinlearningnetwork.com/PILCommunity/euro_ief2011>http://www.partnersinlearningnetwork.com/PILCommunity/euro_ief2011),

 

La soirée se termine entre spectacle cabaret russe et soirée dansante.

voir trois courtes vidéos sur la chaîne Youtube :

http://www.youtube.com/user/oscardu26>http://www.youtube.com/user/oscardu26

 

 

La nuit a été courte. Nous sommes déjà vendredi. Lever à 5h30 pour rejoindre l'aéroport pour un décollage prévu à 9h00. Grâce au zèle des chauffeurs de taxis moscovites roulant à 120 km/h en ville sur des plaques de neige de plusieurs centimètres d'épaisseur, le tout en slalomant entre les chasse-neige, sans qu'il soit possible, bien sûr, d'attacher nos ceintures, nous parvenons sans encombre et même largement en avance à l'aéroport.

Les petites abeilles françaises montent à bord de l'avion à destination déjà un peu nostalgiques de la Russie, leurs affiches sous le bras et les antennes baissées. Elles ont perdu l'envie de faire bzzzzzz mais ne pensent déjà qu'à une chose, publier leurs articles et photos sur le forum pour faire connaître leurs projets à un plus grand nombre et créer ainsi le buzzzzz.

 

R. Delord, Langues anciennes projet Latine Loquere & Radices Europae

http://www.ac-grenoble.fr/lycee/diois/Latin/>http://www.ac-grenoble.fr/lycee/diois/Latin/

Palmares

Le temps de la présentation d’une école numérique suédoise, les candidats ont repris leur souffle avant de convaincre une dernière fois les juges de la qualité de leur projet. Ce dernier tour de piste a été l’occasion de constater l’enthousiasme des enseignants et leur créativité pour proposer des situations d’apprentissage innovantes.

 

La soirée de clôture, avec tenue de soirée et bonne humeur exigées, s’est déroulée au Yar, un restaurant ouvert en 1826 et récemment rénové. Le palmarès a visité la variété des pays et des types de projets pour récompenser l’innovation sous toutes ses formes.


Les résultats:

Etendre l’apprentissage en dehors de la classe

Gagnant : Bosnie Herzegovine/ Jasmin Jusic/ Training firm-Online week

1er : Irlande du Nord/Christine Murphy/Gardner empowering Communities

2ème : Belarus/ Maria Stofniy/ecological friendly automobile

3ème : Azerbaijan/Rena Ahmadova/Buzzing supercomputers


Collaboration

Gagnant : République Tchèque/Antonin Sekyrka/lost and found destinies

1er : Portugal/Rui Lima/Eco partnerships

2ème : Danemark/Pernille Reenberg/Something on nature

3ème : Pays bas/Tesa van Zaderlhoff/ a travel agency in our classroom

Construction du savoir et approche critique

Gagnant : Suède/Roger Lister & Kara Barker/Forensics in the classroom

1er : République d’Irlande/Doreen Mchale/Birds of Bray

2ème : Espagne/Jesus Castillo Albalate/SEK and Games

3ème : Portugal/Luis Noivo & Paula Ferreira/GO mobility in education


Innovation dans des contextes inhabituels

Gagnant : Arménie/Narine Baghdasaryan/knowledge tests

1er : Royaume uni/Gareth Ritter/Interactive learning

2ème : Russie/Elena Davydova Martynova/Community

3ème : Roumanie/Lucia Matei/Never ending story

Extension des technologies d’apprentissage

Gagnant : Belgique Steven Ronsijn/genY

1er : Royaume Uni/Jennifer Blum/mobilizing for London 2012

2ème : Allemagne/Brigitte kueppers/Digibook

3ème : Russie/Khayretdinova & Chinareva &Pshenichnikova/the future carrer


Choix des enseignants

Gagnant : Macédoine/MarinaVasileva/Grandma’s Games

1er : France/Jean-Roch Masson/Learn to read with Twitter

2ème : Grèce/Georges Kontellis/Icaromenippus Cansat

3ème : Pays bas/Herald Dikkers/KODUkids




Voyage dans le temps

Mercredi 23 mars, a été à nouveau une journée chargée entre rencontres avec les participants, visites culturelles, conférence et diner de presse en compagnie de la Directrice Monde de Microsoft partners for learning, Lauren WOODMAN.

Le Kremlin vaut indéniablement le voyage à lui seul. Siège du pouvoir politique Russe, il regroupe dans une enceinte fortifiée un ensemble disparate de bâtiments administratifs, d’église, de basiliques et de cathédrales ainsi que le superbe musée des armures et le fond diamantaire avec deux magnifiques collections composées de pièces d’une remarquable qualité. Une classe de jeunes Français en voyage à Moscou ne s’y est d’ailleurs pas trompée.

Après la visite du Kremlin, le musée de l’éducation de Moscou semble plutôt terne. En effet, si le bâtiment est superbe, la collection l’est moins. Répartie dans cinq salles de manière, la collection propose peu de pièces de qualité, les rares pièces anciennes antérieures au 20e siècle étant en fait des photos des pièces originales.


Les quelques salles de classes reconstituées sont décevantes hormis une classe de Sibérie reconstituées avec les peaux de bêtes et un tableau de travail. 


La déception est nuancée par la galerie des portraits d’enseignants ou de chercheurs en pédagogie qui est elle remarquable.

Le dîner réservé à la presse avec Lauren WOODMAN a clos la journée. Très courtoise, elle s’est prêtée avec enthousiasme à nos questions.


Ma première question portait sur le rôle de Microsoft pour le développement des TICE dans les pays occidentaux confrontés à une explosion de leurs dettes publiques et de leurs déficits budgétaires. Pour Lauren Woodman, les états qui veulent rester dans la compétition économique mondiale doivent investir dans les TICE en recourant à des partenariats public/privé. Microsoft peut être amené à soutenir les projets les plus innovants mais il ne revient pas à la firme de financer le développement des Tice. La réponse à ma question sur la résorption de la fracture numérique a été un peu du même ordre, cette responsabilité revenant, selon elle, principalement aux acteurs publics et non aux entreprises.


Lors des divers débats que nous avions pu avoir lors des deux journées précédentes, il avait aussi été souligné le rôle prédominant des professeurs dans l’usage des TICE tout comme il avait été sous entendu qu’un bon professeur était un professeur qui utilisait et utiliserait de plus en plus les TICE dans le cadre de ses cours.


Cette rencontre avec la presse a aussi été l’occasion de mieux percevoir les préoccupations des acteurs des systèmes éducatifs des pays de l’Est.  Une des interventions les plus remarquées a été celle d’une journaliste Serbe. Après avoir exposé les difficultés financières auxquelles son pays faisait face puis raconté la formidable motivation des enseignants Serbes pour proposer une éducation en phase avec les compétences numériques, elle a demandé comment Microsoft contribuer à cet objectif.  Une fois encore, la réponse a été partenariat public privé et aide ponctuelle de Microsoft.


La conférence de presse a permis de vérifier que le partenariat de Microsoft dans le développement n’était pas forcément perçu de la même manière selon les pays présents.

Ce qui peut en grande partie expliquer pourquoi nombre de projets Est Européens sont autant axés sur le développement des relations avec l’extérieur de la classe et les projets Ouest Européens axés principalement sur l’environnement et les nouvelles pédagogies induites par les TICE.


Rencontres

Intervenant peu dans le domaine des Tice, je me suis rapproché de deux membres de la délégation Française afin de recueillir leurs impressions sur ce forum.

Robert Delord, 33 ans, est professeur certifié de lettres classique en collège (dont 80% en Latin), formateur académique en lettre/TICE/images et Webmestre de Latine Loquere.

S’il est présent à Moscou, c’est parce qu’il a, dans un premier temps, répondu à un appel à projet de Bruno Boddaert, le Délégué académique aux relations internationales et à la coopération de l‘académie de Grenoble avant d’être repéré par Microsoft, l’organisateur du forum Partners in Learning qui lui a proposé de venir l’exposer à Moscou.

Le but du projet de Robert est d’intégrer les TICE dans l’apprentissage et les réalisations de ses élèves, peu motivés par l’apprentissage des langues anciennes.. C’est pourquoi il a basé son projet sur la création de contenu multimédia et sa publication pour renforcer cette motivation.

Plutôt que ce soit le professeur qui rédige un exercice et l’élève qui le complète sans grande motivation, c’est l’élève qui seul ou en groupe élabore l’exercice que le professeur complétera par la suite pour le corriger. Cette manière de procéder amène ainsi l’apprenant à comprendre la problématique, rechercher l’information, la trier et la mettre en forme à l’aide des outils informatiques.

Pour Robert Delord, l’usage des Tice réaffirme la place des langues anciennes dans l’apprentissage des langues étrangères en renforcant leur ouverture vers les arts et les nouvelles technologies.

Bien évidemment, je l’ai également interrogé sur ce qu’il pensait du forum.

Robert Delord note la faible présence des lettres dans les projets alors que les TICE se prêtent tout particulièrement à un travail dans les matières littéraires. Les questions environnementales sont en revanche particulièrement présentes, remarque t’il avec une émergence des questions touchant à l’impact des TICE sur l’environnement. Enfin, il souligne les différences entre les projets de l’Europe de l’Est et de l’Europe de l’Ouest signe de préoccupations différentes. Dans l’ancien bloc communiste, l’heure est encore  à la reconstruction du système d’éducation avec des objectifs de formation en rupture avec le passé. Les citoyens doivent être rapidement formés pour que les pays de l’Est se positionnent sur le marché économique mondial.

Le projet présenté qui a marqué Robert se base  sur les QR codes (codes barres porteurs d’informations multimédia, de liens contextuels d’images etc.). Les élèves écrivent des scénarios avant de les programmer et les publier Le travail est réalisé en équipe, facteur de cohésion dans la classe.

J’ai ensuite interrogé Julien LLANAS, certifié d’histoire géographie et chargé de mission sur « les innovations technico-pédagogiques, stéréoscopiques et jeux sérieux » dans l’académie de Créteil. Ponctuellement, il intervient également comme conseil chez certains éditeurs de contenu multimédia.  Julien fait partie des juges chargé d’évaluer les projets au Forum de Moscou. Il était donc tout désigné pour répondre à mes questions.

Julien a tout d’abord été repéré pour avoir développé un projet pédagogique détournant un jeu vidéo pour des élèves de collèges avant d’être invité au forum de Berlin pour présenter son projet. Il faisait partie des juges au forum des enseignants innovants de Dax. C’est donc tout naturellement qu’il est devenu juge au forum de Moscou.

Son impression générale est que les projets sont tous très solides sur l’analyse pratique, une évolution par rapport aux années précédentes. Il remarque que beaucoup de  projets présentés sont basés sur le détournement à des fins pédagogiques de jeux vidéos.

Il a ainsi tout particulièrement remarqué le projet Slovaque Fun town qui mêle intrigue et enquêtes, le projet Suédois Forensic basé lui aussi sur la recherche ludique d’informations scientifiques et le projet Anglais Lips dont le but est le développement, par la chanson, des capacités de prise de parole en public.

Il a aussi remarqué deux projets basés sur le software KODU : sek & games et kodu kids dont le but est de construire des jeux vidéo mettant en place une stratégie de recherche de contenu et d’apprentissage et dont l’environnement immersif est fondé sur l’appel à l’imagination.

Ses regrets ? L’absence de présentation préalable y compris succincte des projets, le nombre important de projets basés soit sur des innovations soit sur de la technique alors que les deux devraient être associés et, enfin, l’absence de construction de communautés parallèles ou thématiques.


Laurent Piau

 

Premiers projets ...

 

Ce mardi 22 ouvrait donc le salon des projets innovants. Après quelques discours d’accueil fort heureusement en Anglais et non en Russe, les deux seuls termes que j’ai pu retenir étant « Vodka » et « Merci », nous avons pu découvrir avec une certaine impatience les divers projets présentés.

 

Premier constat, les projets innovants ne sont pas l’apanage des jeunes générations que l’on pourrait croire plus rompues aux technologies nouvelles. C’est ainsi qu’une charmante Estonienne d’une cinquantaine d’années, âge canonique dans l’informatique, m’a expliqué avec enthousiasme comment via un compte Facebook ouvert pour sa classe elle avait pu mettre en relation ses élèves mais aussi ceux d’autres pays de la Baltique afin d’échanger sur des matières telles la géographie, l’histoire, les mathématiques, etc.

 

Deuxième constat, l’enthousiasme est largement partagé à nouveau par toutes les générations d’enseignants mais aussi et surtout par tous les pays, les pays de l’Est n’étant pas les derniers à utiliser parfois sans modération les nouvelles technologies. Mais il est vrai qu’avec l’ouverture vers l’Ouest et l’arrivée en masse des produits de consommation courants, la nouvelle génération d’élèves n’a plus grand chose à voir avec ceux qui entraient à l‘école des régimes communistes il y a 20 ans. Il semble même qu’ils soient confrontés aux mêmes problèmes de concentration en classe et de désintérêt pour l’enseignement que nous le sommes en Europe de l’Ouest. La tentation de l’exil est donc vouée à l’échec.

 

Troisième constat, si chacun est enthousiaste et convaincu que son projet est révolutionnaire, il n’en est parfois malheureusement rien dans les faits ce que mes échanges avec quelques juges de différents pays confirme. Certes, tous les projets présentés sont variés tant dans leur utilisation des logiciels et des outils de communication qu’ils mettent en œuvre. Certes, tous ces projets sont très travaillés pédagogiquement et comprennent généralement  une analyse de la démarche et des résultats obtenus par les élèves assez remarquable. Mais force est de constater que souvent les situations ne font que mettre en œuvre logiciels et outils de communication de manière rarement innovante.

 

Cela étant, j'ai déjà repéré trois  projets qui font exception : un projet espagnol, un projet norvégien et un projet français.

 

Le projet espagnol repose sur la construction à l’aide du logiciel KODU de jeux vidéos qui invite les collégiens à récréer la démarche de construction d’une séquence pédagogique pour répondre aux problématiques qui leur sont posées : que sais-je ? Quelle est la problématique, qui m’est posée ? Où puis-je chercher et trouver l’information ? Comment mettre en forme ces informations pour répondre à la problématique posée. Ainsi c’est dans la construction de la séquence vidéo que l’élève va pouvoir répondre à la question mais aussi intégrer les réponses fausses qu’il a pu fournir lors de sa recherche. Une question toutefois : le temps consacré à la construction de la vidéo ne limite t’il pas le temps consacré à l’apprentissage de la connaissance elle même ?

 

Le projet Norvégien repose sur l’exploitation par des élèves de lycée d’un jeu vidéo interactif sur une ville du moyen âge. Des problématiques sont posées sur la médecine, la justice, l’urbanisme, l’état de la science à une période donnée de l’histoire et c’est aux apprenants de rechercher les réponses à travers le labyrinthe qui leur est présenté. Un regret toutefois : si la recherche devient ludique, la création personnelle reste limitée.

 

 

 

Enfin, terminons par un des quatre projets Français basé sur l’utilisation de Twitter pour apprendre aux élèves de cours préparatoire à lire et écrire tout en apprenant à maitriser internet et ses outils de communications. Sans chauvinisme particulier, c’est aujourd'hui le projet qui me semble le plus abouti dans le détournement pédagogique d’un outil de communication. Le plus abouti parce qu’il est basé sur le désir des plus jeunes de faire comme les grands et que cela représente un facteur de motivation réellement important dans l’apprentissage de la lecture et de l’écriture. Abouti parce qu’il permet également aux élèves de continuer leur apprentissage en dehors de la classe, le soir, le week-end tout en évoluant en dehors du temps de surveillance par le professeur dans un environnement « sain » puisqu’il s’agit de leur compte Twitter et de sa communauté classe. Le plus abouti enfin parce que le professeur s’attache dans sa progression à former et informer ses élèves non pas sur les dangers d’internet mais sur ce qu’il dénomme les précautions d’usages.

 

 

 

 

  Forum européen de l'innovation éducative : arrivée à Moscou

 

La place Rouge était vide

Devant moi marchait Nathalie

Il avait un joli nom, mon guide

Nathalie

La place Rouge était blanche

La neige faisait un tapis

Et moi je suivais par ce froid dimanche

Nathalie

C’est un peu ainsi que le Forum Européen 2011 des partenaires de l’éducation a commencé.

Sauf que mon guide ne s’appelle pas Nathalie  mais Irina, que nous ne sommes pas dimanche des années 70 mais le lundi 21 mars 2011 et que nous ne sommes plus à l’ère du rideau de fer mais à celle de l’ouverture sur le monde, des nouvelles technologies et leurs applications.

Il suffit d’ailleurs d’observer les Russes dans la rue pour immédiatement s’apercevoir que Est et Ouest se ressemblent comme deux gouttes d'eau pour ce qui est de l’utilisation du téléphone portable ou des consoles de jeux par la nouvelle génération.

Voilà, sans doute, ce qui explique pourquoi le Forum Européen 2011 des partenaires de l’éducation a choisi la Russie pour destination cette année.

300 participants de 40 pays Européens se retrouvent donc à Moscou pendant trois jours pour échanger dans le cadre d’un salon sur leurs innovations pédagogiques mettant en oeuvre les nouvelles technologies de la communication.

La majorité des participants sont des professeurs de tous les niveaux d’enseignements venus exposer leurs méthodes de travail pédagogiques. Pendant ces trois jours, ils vont participer à un concours qui désignera les meilleurs d’entre eux pour participer à la finale mondiale qui se déroulera à Washington (USA) plus tard dans l’année.

On y retrouve aussi quelques chefs d’établissement qui cherchent à promouvoir dans le cadre de leurs établissements ces nouvelles technologies et qui essayeront durant ces quelques jours d'anticiper les investissements qu’ils auront à faire dans les prochaines années.

Enfin, on croise dans les couloirs quelques experts en éducation venus soit pour exposer l’objet de leur recherche soit pour se renseigner et anticiper les évolutions futures.

Bien sûr, Microsoft est présent en tant que partenaire du forum, sans doute parce qu’il a compris qu’il lui faut anticiper l’évolution de l’appréhension par les futurs consommateurs des outils informatiques et de communication plutôt que de les découvrir trop tard.

Les projets présentés devaient, pour être admis à concourir, être innovants et surtout devaient utiliser les nouvelles technologies telles les ordinateurs, les tablettes interactives, les téléphones portables mais aussi des applications telles facebook, twitter, etc…

Le but ? Amener les jeunes et les adolescents à s’accaparer dans le cadre scolaire la maitrise des outils de communication auxquels ils seront confrontés dans le futur et développer dans un cadre ludique, de nouveau moyen d’apprendre et de se former.

Alors même que la plupart d’entre nous sommes confrontés à l’utilisation parasite des téléphones portables ou des consoles de jeux dans nos cours, certains enseignants ont choisi pour beaucoup de les « légaliser » dans la classe et d’en faire des outils pédagogiques à part entière.

Le pari était osé mais il se révèle intéressant dans l’approche et même parfois déroutant.

Je ne manquerai pas de vous en reparler très vite.

Laurent Piau