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Echos des ateliers Itica des 4 et 5 avril
Traces

Je reçois aujourd’hui le lien vers les podcasts des rencontres de Biarritz. Il clôt le chapitre biarrot et ouvre vers d’autres histoires de communautés d’enseignants.

Parce qu’à Biarritz, à Roubaix, à Rennes et ailleurs, ces rencontres de profs estampillés innovants ou férus de Tice, constituent un véritable mouvement basé sur des valeurs communes, celles qui placent l’accès au savoir comme un droit commun ; sur le plaisir aussi, celui d’enseigner. A chacune de ces rencontres, on sent dans l’air, une joie de vivre, une envie de fêter l’école. Ayant eu le privilège de participer à des forums de ce type dans d’autres pays, j’ai pu constater partout, en Asie, en Afrique comme en Amérique, ce besoin de partager l’innovation pédagogique, de se retrouver et de construire ensemble une école qui corresponde à notre époque.

Et puis, les mêmes questions reviennent. Qu’est ce qui pousse des profs à se réunir le week end ou pendant leurs vacances pour échanger ou pour se former alors qu’ils pourraient le faire dans les réunions ou formations organisées au sein de l’Education Nationale ? Marie-Lyne Soulié, présente à Biarritz, nous fournit une des réponses : dans ces rencontres, tout le monde est sur un pied d’égalité, il n’y a pas de hiérarchie entre le formateur et les stagiaires, c’est l’échange qui prédomine. Pascal Jablonka, pourtant déjà reconnu et présent dans le monde des Tice avec connectice, apprécie d’apprendre ici encore de nouvelles choses. Annie Girard aime partager les initiatives qu’elle a développées et les améliorer grâce au regard d’autres enseignants. Le temps d’un week end, être à la fois prof et élève, sortir d’un certain isolement, oublier les menaces qui pèsent sur l’école, parfois sur les moyens nécessaires pour mener ses projets, voici quelques unes des raisons qui poussent les enseignants à se retrouver hors du système.

Et c’est dans ces rencontres que nous puisons tous l’énergie pour contribuer encore à faire avancer l’école, même à petits pas, malgré les tempêtes petites ou grandes. Dans nos esprits et sur le net, il en subsiste des traces, de quoi réchauffer le cœur et l’esprit les jours de doute.

Accessibilité

Stéphane Delprat anime l’atelier « accessibilité, outil d’intégration scolaire pour les enfants handicapés » à l’Itica. Enseignant à l’Université de Bordeaux, formateur pour la Ligue de l’Enseignement et éducateur sportif, Stéphane s’intéresse à la question de l’inclusion des handicapés « par éducation ». Sensibilisé par sa mère, éducatrice spécialisée en Imp, il a commencé sa carrière d’enseignant par des remplacements en Imp et des interventions en sport adapté.

Le véritable déclic est arrivé il ya six ans lors d’un jury pour le Bp Jeps (jeunesse et Sports) auquel il participait pour l’option Tic. Un candidat non voyant s’est présenté aux épreuves de sélection et les a réussies en utilisant un lecteur d’écran spécifique. Son intégration dans le groupe a posé au départ un problème à l’équipe de formateurs puisqu’il leur fallait adapter leurs cours, les rendre accessibles. Ce problème, Stéphane en a fait un véritable défi et a commencé à s’intéresser à la question de l’accessibilité. Explorant les matériels et les logiciels, il a recherché les moyens d’offrir des chances égales d’apprendre à tous, quelque soit le handicap. « Le fait d’être confronté au handicap d’une personne change la façon d’enseigner » précise t’il. Belle conclusion à l’histoire, le candidat en question a si brillamment réussi son parcours de formation qu’il est devenu lui-même formateur et donc, collègue de Stéphane. Son concours est précieux puisqu’il l’aide à évaluer les travaux de ses élèves de l’IUT en testant l’accessibilité des sites qu’ils réalisent.

En six ans, Stéphane a acquis une solide expérience sur la question de l’intégration des handicapés en milieu scolaire, que le handicap soit physique, mental ou précise t’il social. C’est cette expérience qu’il a souhaité partager au cours de l’atelier qu’il a animé.

Dans les questions et les remarques posées, on sentait toutes les attentes des stagiaires. A cause de la loi de février 2005 qui instaure l’obligation d’accueillir des enfants handicapés en classe ? Pas seulement. L’accessibilité est aussi un principe démocratique, une façon de donner accès à des emplois variés, de sortir de l’isolement et de faciliter les tâches quotidiennes. Elle contribue à réduire la fracture entre valides et non valides. Les moyens pour le faire ne sont pas obligatoirement onéreux. Logiciels de reconnaissance vocale, contacteur, trackball ou claviers spéciaux, ressources pédagogiques pour les dys, les exemples d’outils ne manquent pas. Pour certains handicaps, l’ingéniosité est de mise pour adapter des contacteurs permettant l’utilisation de l’ordinateur. Stéphane nous montre quelques exemples assez probants pour des handicaps moteur lourds.    On dépasse là le cadre strict de la scolarisation. La conjonction entre les Tice et une attention portée par des éducateurs, des ergothérapeutes par exemple, montre toute l’importance de l’informatique pour sortir les handicapés de leur isolement, leur donner accès par la communication au monde qui les entoure et  favoriser l’expression de leur créativité.

Pour les enfants, une des clés de leur inclusion, est une scolarisation la plus longue possible dans une classe ordinaire. Ce souhait se heurte à plusieurs obstacles, à commencer par la lenteur de décision de l’institution. Il n’est pas rare qu’un enseignant obtienne une réponse à une demande de matériel spécifique après que l’enfant ait quitté la classe pour rejoindre une structure spécialisée, faute d’avoir bénéficié de ce matériel. Les disparités locales compliquent encore plus la chose. Une école urbaine trouvera facilement de l’aide autour d’elle. En milieu rural, les données sont beaucoup plus difficiles.

Malgré les dispositions du législateur, la scolarisation des enfants handicapés est souvent encore affaire de volonté individuelle. La rencontre entre des enseignants qui ont exploré le domaine et d'autres, qui ne savent pas toujours comment intégrer au mieux ces enfants, s'avère donc indispensable et fructueuse.

Mac addict

Au royaume des Itica, le Mac est roi et les ADE sont ses ambassadeurs. Les Ade, ce sont les « apple distinguished educator », autrement dit des enseignants dont les usages pédagogiques des Tice, en particulier des produits Apple, sont remarquables et remarqués. Ils sont repérés par des pairs ou par des revendeurs de matériel. En France métropolitaine, ils sont une centaine. Bénévoles, ils ont toutefois contractualisé leur situation avec la société et prévenu leur hiérarchie. La Pomme ne rigole pas avec les règles, y compris juridiques.

Les ateliers de Biarritz sont tous animés par des Ade repérables par leur badge et leur teeshirt. Certains stagiaires deviendront plus tard Ade, comme Barbara, enseignante de français au collège, qui après s’être initiée au traitement de l’image lors d’un précédent Itica, a développé des animations avec ses élèves en utilisant des playmobils, initiative qui lui vaut d’être cooptée par ses collègues aquitains.

Entourée de pommes, je commence à me fendre un peu la poire, en me demandant s’ils ne sont pas tous aux fraises. Serai-je tombée dans une secte, celle des mac addict ? Les Ade ont leur coordinateur, Eric Vigo, enseignant en arts plastiques du côté de Versailles. Certes sympathique, il n’a rien d’un gourou, et autour d’un café, je tente de sonder la réalité de son libre arbitre. Eric utilise depuis un petit bout de temps les Tice, en associant techniques traditionnelles et multimédia. Il utilise une classe mobile, réalise avec ses élèves des animations en 3D et des podcasts. Il travaille aussi avec ses collègues de Svt sur les hyperpaysages en participant à l’initiative de l’Inrp « Dan l’explorateur ».

Plutôt Mac que Pc, il a été convaincu par l’approche non vendeuse de la firme lors de journées multimédias. Pour lui, ce sont les usages qui intéressent Apple. C’est pour cela que les Itica sont organisées, comme un lieu de rencontre entre utilisateurs qu’ils soient chevronnés ou néophytes. Le public est hétérogène, avec des pratiques et des attentes différentes. Eric apprécie l’ambiance, studieuse et conviviale. Ces rencontres redonnent du baume au cœur, permettent d’échanger, de trouver de nouvelles idées et de faire évaluer par des pairs ses propres initiatives. Cela ne vous rappelle rien ? J’ai l’impression d’entendre mot pour mot les témoignages des enseignants présents au forum de Roubaix.

Eric me l’assure, et il n’est pas le seul ici, si son cœur penche pour le Mac, il utilise aussi d’autres plateformes et d’autres matériels, des logiciels libres et des produits Microsoft.  Les usages pédagogiques des Tice doivent s’affranchir des spécificités et se placer dans l’interopérabilité. Foin de querelles de chapelle alors ! Et pour fêter cette ouverture d’esprit, j’ouvre mon Pc pour prendre des notes.

Débriefing

La distance Biarritz La Rochelle m’a contrainte a quitté les ateliers avant leur fin. Un peu dépitée de ne pouvoir savourer les résultats de l’atelier JT, j’ai demandé à Annie Girard de me raconter la fin…

12h30 : le dérushage est terminé. Toutes les équipes de reporters ont transféré leur vidéo, leurs photos et leurs prises de son sur les ordinateurs. Tout le monde est conscient que le challenge va être difficile. L’heure de la pause méridienne est accueillie avec soulagement, un peu de carburant pour poursuivre le défi de l’après-midi sera le bienvenu. Au menu : foie gras, jambon de Bayonne, axoa, morue, fromage de brebis accompagné de sa confiture de cerises noires et de sa pate de coing, gâteau basque. Ceux qui ont préparé le reportage sur les cuisines se sont bien gardés de vendre la mèche, La surprise de ce repas basque requinque toutes les énergies. Le repas est convivial, mais aussi l’occasion de poursuivre les échanges et l’organisation de la production de chaque groupe. L’atelier est censé reprendre à 14h, mais rapidement nous nous retrouvons tous dans la salle aux alentours de 13h30. Rappel du timing : à 16h bouclage final. Les équipes apprécient les renforts. Patrice Girard, Barbara Merlin et Marie-Lyne Soulié sont venus prêter main forte aux formateurs. Une contrainte pour chaque reportage, un temps : 1mn maximum. Les stagiaires doivent apprendre à se limiter et ce ne sera pas toujours aisé. Pascal informe le groupe qu’il doit prendre son avion pour rentrer à Paris et que Patrice prend en charge la compilation finale pour la projection à la séance plénière, où les travaux de tous les ateliers seront visualisés. Dans la salle, l’ambiance est à la collaboration, à la coopération. On a vraiment l’impression d’être dans une salle de rédaction doublée d’une régie. Chaque groupe s’organise. Certains prennent en charge une partie du reportage et ont prévu de se rassembler à la fin, d’autres travaillent ensemble sur les choix de découpage. Rien ne les arrête, les difficultés techniques sont toujours passagères et résolues rapidement. La solidarité joue à plein.

16h : bouclage. Les équipes exportent leur production et la remettent à Patrice. Certains se rendent compte qu’ils ont dépassé la minute autorisée, des coupures de dernière minute doivent être envisagées. L’ordre des reportages est décidé en commun. Un essaim se forme autour de l’ordinateur qui finalise le projet commun. Nous voulons tous voir. Nous sommes tous fiers d’avoir réussi notre challenge. Pascal sera content de nous !

17h : séance pleinière. Le JT est apprécié par l’ensemble des stagiaires et formateurs. Rires, applaudissements. Le séminaire de formation est une réussite, des liens se sont tissés. Les adresses mail circulent. Les embrassades d’au revoir sont chaleureuses. On attend avec impatience la prochaine rencontre. On pourra se remémorer ces bons moments en regardant le podcast de l’Itica.

Le journal en direct

Au programme de ce dimanche : la construction d’un journal télévisé. Un groupe de vingt stagiaires s’est inscrit pour cette activité animée par Pascal Jablonka, enseignant Tice à l’IUFM de Paris accompagné d’Annie Girard et Christophe Lefrais, professeurs des écoles en région Aquitaine. Enseignants en langues, en sciences économiques, animateurs Tice ou profs du technique, les participants interviennent en primaire, au lycée ou au collège.

Ils ne savent pas à priori comment ils pourront mettre en place un projet de journal télévisé dans leur classe et viennent le découvrir. L’effet « Orthevielle » comme le nomme Pascal Jablonka, joue à plein et suscite l’intérêt. Ce n’est pas l’unique exemple d’initiative réussie et convaincante de travaux de ce type. Pascal le rappelle, la radio scolaire, les histoires numériques existent depuis un petit bout de temps. Certes, les Tice ont facilité l’exercice et la diffusion mais l’idée de s’appuyer sur la collaboration dans la classe pour une production collective mobilisant plusieurs disciplines n’est pas nouvelle.

En apéritif, plusieurs réalisations sont présentées. Un reportage scientifique réalisé par des CM2 explique la conception et le lancement d’une bouteille d’eau transformée en fusée. Une classe parisienne nous raconte sa participation au parlement des enfants. Une interview imaginaire sur les cahiers de doléances révolutionnaires est projetée. Ces trois exemples montrent concrètement ce que permet la réalisation des journaux télévisés. En formateur IUFM qui se respecte, Pascal fait le lien avec le socle de compétences et de connaissances. Production d’écrit, utilisation des Tice, mobilisation des maths et des sciences ou encore coopération, aucune ne manque à l’appel.

Des expériences existent aussi au collège et au lycée. En région Aquitaine, « Vidéo bahut », organisé par le Clémi, sélectionne des projets de JT qui seront ensuite intégrés dans une édition du journal de France 3 Aquitaine. Ce sont principalement des classes du secondaire qui participent, bien que le CM2 de Saint Médard en Jalle participe à l’opération, à l’initiative de Christophe Lefrais.

La construction d’un journal télévisé débute, comme pour un vrai journal, par une conférence de rédaction. Quels sujets vont être traités et par qui ? La classe détermine les contenus et l’organisation. Chaque groupe prépare ensuite son sujet : il fait des recherches d’informations, prépare son reportage, écrit son texte. L’interprétation de ce texte est ensuite un véritable jeu de rôle. Côté technique, chacun s’y met à son tour. En début d’année, un premier groupe est formé par l’enseignant. C’est ensuite son groupe qui formera le suivant, intervenant aussi en appui technique.

Les questions de droits à l’image, de temps, de gestion de la classe interrogent les participants. Lors de la rencontre avec les parents d’lèves en début d’année, Christophe Lefrais présente le projet, son intérêt pédagogique, les activités qu’il permet, les acquisitions de compétences qu’il favorise. Les réactions sont généralement positives. Il profite de l’occasion pour aborder les questions de droits à l’image et obtenir les autorisations nécessaires. Annie explique que le temps à consacrer au journal télévisé est long au départ, le temps que les enfants s’approprient le principe et les techniques. Ensuite, seuls la conférence de rédaction et le temps de réalisation (30 minutes environ), sont pris sur le temps de classe. La préparation par les élèves est la plupart du temps faite en dehors des heures de classe, de façon autonome.

 

Mais pour mieux comprendre en quoi consiste l’activité « JT », quoi de mieux qu’une mise en pratique ? Le groupe présent à l’atelier a pour objectif de réaliser un JT qu’il présentera en fin d’après midi. Sous la houlette de Pascal, épaulé par Christophe, Annie et de nouveaux renforts, le compte à rebours commence. Une conférence de rédaction est organisée immédiatement pour choisir les sujets. Les propositions fusent : « la préparation du repas de ce midi », « les autres ateliers », « l’organisation des Itica », « les retrouvailles entre deux enseignantes qui s’étaient perdues de vue »,… Elles sont reportées puis projetées afin que les participants s’inscrivent à l’un ou l’autre des sujets énoncés.

Munis de caméras, les apprentis reporters partent chasser les images, réaliser les interviews. Les prises se multiplient : une porte qui claque en plein enregistrement, les fous rires, les bafouillages, et tout est à recommencer. Le temps est compté ; avant le repas, les rushes devront être enregistrés dans les ordinateurs. L’atelier est garni de tout le matériel et les logiciels nécessaires. Beaucoup de participants s’initient à leur maniement en même temps qu’ils se familiarisent avec la mise en œuvre d’un JT. La tâche est ardue mais les troupes sont motivées. Encore trois heures pour faire le montage, rassembler les reportages pour en faire un véritable journal télévisé : ce dimanche a omis d’être de tout repos.

Route Sud

Après Roubaix, me voici à Biarritz, toujours en innovante compagnie. La route a été triste, bordée par la forêt landaise édentée, étêtée, et heurtée par les échos radiophoniques des évènements strasbourgeois. Le but du voyage sonne comme une joyeuse compensation. Pendant tout le week end, près d’une centaine d’enseignants du Sud Ouest se retrouvent pour des ateliers ITICA consacrés aux usages pédagogiques des Tice, en particulier des images et du son. Des enseignants, utilisateurs avertis de ces outils, animent des sessions de travail débouchant sur des productions. Parmi eux, Patrice et Annie Girard qui m’ont gentiment conviée à venir observer la vie de ces ateliers et rencontrer ces mordus qui snobent les appels du derby de rugby Biarritz-Bayonne, lui préférant le plaisir d’apprendre pour enseigner autrement.