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Par Françoise Solliec

Au collège ZEP Jules Ferry de Maisons-Alfort (94), ce sont plus du tiers des enseignants et la moitié des élèves qui se sont engagés dans l’accompagnement éducatif. Etudes surveillées, ateliers en tous genres s’appuyant sur un projet d’établissement bien implanté et de nombreux partenariats, la palette avait de quoi séduire Xavier Darcos, ministre de l’éducation nationale, qui se rendait hier dans le collège à l’invitation de Jean-Michel Blanquer, recteur de l’académie de Créteil.

« La réponse dépasse nos espérances »

Dans ce petit collège ZEP de 250 élèves, où la principale a, outre une ambition de réussite scolaire, celle de faire des élèves des citoyens responsables, l’ouverture aux activités culturelles est une longue tradition. Soutenus par des partenariats forts avec la municipalité, le département et diverses institutions ou associations (on citera notamment un parrainage de Bruxelles pour le club Europe, la participation d’étudiants tuteurs de l’université Paris 12, des relations suivies avec le cinéma du Palais et la Maison des Arts de Créteil, etc.) de nombreux clubs (théâtre, danse, chant, origami, jeux mathématiques, jardinage et botanique) ont été mis en place au cours des ans. Le collège disposait donc d’une palette d’activités hors temps scolaire qui préfigurait admirablement l’organisation adoptée dans le cadre de la circulaire sur l’accompagnement éducatif : la plupart d’entre elles ont été tout naturellement reprises. Les enseignants qui les animaient ont été rejoints par d’autres et l’équipe est aujourd’hui très pluridisciplinaire (histoire-géo, langues, documentation, techno, SVT, EPS, etc). En complément, d’autres ateliers ont été créés, tels l’atelier d’études surveillées pour les 6èmes.

Qu’ils soient élèves ou enseignants, les participants à cette action la vivent avec enthousiasme. « Dans cette situation où il faut suivre l’élève comme s’il était seul face à ses devoirs » nous explique une enseignante, « on a une attitude très différente de celle en classe. Les élèves recherchent et apprécient cette proximité. On leur fait découvrir qu’il sont capables de beaucoup d’imagination face à une résolution de problème et ils prennent ainsi confiance en eux ». « Il y a un rapport plus sympathique avec le prof, ce n’est pas pareil » renchérit un élève, tandis qu’un autre met l’accent sur le développement de la culture personnelle.

En fait, « l’école après l’école », qui touche environ 150 collèges (115 ZEP et 40 autres), est l’un des axes proposés du projet de l’académie de Créteil. Ce projet, actuellement en pleine construction, s’élabore en partie avec les établissements et les cadres académiques par le biais de visio-conférences thématiques. Ainsi Xavier Darcos a-t-il pu d’entendre en direct quelques-uns des témoignages d’autres établissements de l’académie. Au collège Condorcet de Pontault-Combault, c’est une aide aux devoirs à domicile qui est proposée par les profs aux élèves de 3ème en utilisant Internet (95% des élèves disposent d’une connexion à domicile). Au collège Olympe de Gouges de Noisy-le-Sec, la grande priorité concerne les études surveillées, que fréquentent les deux tiers des élèves, mais il est également proposé un jardin pédagogique (découverte des plantes et des animaux) aux élèves de 6ème, un atelier d’écriture et théâtre aux élèves de 5ème et un atelier de sécurité routière (avec intervenants extérieurs) à ceux de 3ème. Au collège Gabriel Péri d’Aubervilliers, on a mis en place un atelier « fitness ». Au collège Moulin à vent de Thorigny, qui n’est pas ZEP, on propose un atelier d’improvisation théâtrale pris en charge de manière très précaire par le foyer.

C’est l’occasion idéale pour Xavier Darcos de rappeler que, selon les engagements du candidat Sarkozy dans sa campagne présidentielle, tous les élèves de tous les collèges doivent dès l’an prochain bénéficier de 4 h d’accompagnement hors temps scolaire dans l’école. Le ministre annonce également que les écoles primaires sont concernées et que leurs enseignants devront, à terme de deux ans, prendre deux heures sur leur service pour un soutien spécifique aux élèves en grande difficulté.

Il se déclare particulièrement heureux de constater la réponse positive des enseignants et d’autres personnels qui se sont investis dans cet accompagnement éducatif avec efficacité et imagination. Les élèves y redécouvrent le plaisir d’apprendre et de réussir. Le résultat attendu, d’un tiers des élèves présents à ces nouvelles activités, est largement dépassé. Cependant l’utilisation du budget, 140 millions d’euros, est un peu décevante dans sa répartition : 105 M€ pour l’aide aux devoirs, 35 M€ pour les activités artistiques, sportives et culturelles. Le ministre annonce donc une subvention supplémentaire de 4,4 M€ pour ces dernières, car il lui paraît important de préparer les sportifs de demain. « L’école s’ouvre, les professeurs s’adaptent aux situations individuelles, d’autres personnels s’investissent. C’est une manière moderne de concevoir l’Ecole, nous en avons besoin » conclut le ministre qui reste néanmoins muet sur le financement l’an prochain de cette généralisation de l’accompagnement éducatif. Interrogé par la presse sur le bien-fondé de cette mesure alors que des emplois sont supprimés, il répond que la suppression de 10 000 postes ne change pas grand-chose au regard des un million deux de postes existants (sans doute, mais 10 000 postes, ça fait quand même plus d’un emploi par collège et ce n’est pas loin de 350 M€, qui pourraient bien se transformer en un budget hse). Les représentants du SNES et de la FCPE venus l’attendre à la sortie ne partagent certes pas le point de vue du ministre, estimant qu’il ne s’agit pas de faire l’école autrement mais bien plutôt de la sauver.