Print Friendly, PDF & Email

L’avis du professeur de technologie

par Norbert Troufflard

La circulaire (BO n° 24 du 14.06.2001) de préparation de la rentrée 2001, consacre un paragraphe au B2I, insistant sur le fait que les professeurs de toutes les disciplines sont concernés et qu’il convient que les principaux « mobilisent les équipes pédagogiques ».

La situation des professeurs de technologie est néanmoins ambiguë. Une grande majorité des items relève de leur programme (connaissance du matériel et traitement de textes en 6ème, tableur en 5ème, initiation à Internet et au courrier électronique en 4ème, …). Ils sont donc déjà amenés à évaluer ces items tout au long des 4 années du collège même si bien sur il ne s’agit pas de validation de compétences. On leur demande d’ailleurs d’articuler leurs pratiques actuelles avec la validation du B2I. Cette situation incite de nombreux principaux à leur déléguer la responsabilité et la validation entière du B2I, réglant du même coup les problèmes liés au suivi des feuilles de position, un seul enseignant en étant responsable. Le professeur de technologie par contre se retrouve dans ce cas avec la responsabilité d’évaluer les quelques 200 élèves qui sont à charge et ceci à raison d’1h30/semaine en 6ème, 5ème, 4ème et 2h en 3ème. Le risque est alors réel de voir certains enseignants privilégier la validation des compétences du B2I et ceci au détriment des autres points du programme.

Une des solutions, déjà adoptée par certains collèges, est de mettre en place un test final soit à la fin de chaque année, soit en fin de 3ème. La validation se fait alors en fonction d’un taux de pourcentage de réussite comme pour le Brevet. Ceci n’est bien sur pas conforme à l’esprit du texte qui préconise une évaluation et une validation de chacune des compétences mais par contre simplifie énormément le travail de l’enseignant.

Une autre solution est d’avoir recours à des sites comme celui de G. Macé (http://g.mace.free.fr/PHP/index.htm)) ou à des logiciels spécialisés qui permettent à la fois la formation, la validation des compétences, le suivi informatisé de chaque élève et même l’impression du diplôme. Là encore la solution n’est guère conforme à l’esprit du B2I qui prévoit une validation des compétences par différents enseignants lors de situations d’apprentissage.

La solution idéale serait donc de répartir au sein de chaque classe la validation des compétences à différents enseignants et d’en confier la responsabilité au professeur principal. Ceci implique que l’ensemble des enseignants soient aptes à valider ces items et que le parc informatique de chaque établissement le permette.

Le B2I peut néanmoins apparaître comme une reconnaissance et une valorisation de l’enseignement de la technologie et ainsi rassurer des enseignants inquiets de voir disparaître cette matière. Il peut également laisser prévoir une amélioration de l’équipement informatique des salles de technologie et des salles multimédias. Néanmoins il entraînera obligatoirement quelques modifications du programme puisque déjà on peut remarquer que les compétences validées à l’école primaire, pour le B2I niveau 1, sont au programme de 6ème.

Norbert Troufflard

Le point de vue du documentaliste

par Alain Gurly

1) Le B2i ne peut concerner qu’un travail d’équipe incluant les documentalistes. D’ailleurs les textes sont clairs là dessus. Moyennant quoi,

2) Il y a pourtant des spécificités me semble-t-il. Au collège (que je connais mieux), qui peut, vous le savez, attribuer le B2i de niveau 1 pendant deux ans, les collègues de techno sont aux premières loges pour tout ce qui est pilotage des apprentissages et des évaluations concernant l’ergonomie des systèmes, des suites bureautiques, des logiciels de navigation, de mail, etc..

3) Par contre, pour tout ce qui est recherche documentaire, aussi bien sur logiciel de gestion en Intranet, que sur cédérom en réseau, que sur Internet, ce sont les plutôt les documentalistes qui devraient piloter les travaux des équipes (au travers de Parcours diversifiés, des Travaux croisés et des Itinéraires, etc..). Je pense surtout aux compétences visées aux chapitres 5 et 6 (voir BO), sachant qu’il y a là de très réelles difficultés comme celles de savoir valider l’information obtenue (difficile pour des adultes…!)

Tout élève capable, au terme d’un travail de plusieurs semaines sur un thème donné, de trouver sur Internet un article pertinent d’Encyclopédie en ligne (par exemple), ou un site qui s’inscrit bien dans son sujet, devrait voir valider ces dernières compétences du niveau 2.

En cela, les enseignants documentalistes sont indispensables pour préparer les élèves à la démarche intellectuelle et méthodique qui les amènera progressivement à ces compétences, même si, et c’est bien normal, ils ne sont pas toujours les seuls à pouvoir le faire. Mais c’est leur domaine, dans lequel ils devraient être amenés à s’impliquer principalement.

Alain Gurly
Enseignant Documentaliste

agl@club-internet.fr
http://www.docpourdocs.fr.st

Le B2i et les langues

par Katrin Goldmann et Christine Reymond

Le B2i peut aussi se valider en langues. En fait, si vous emmenez vos élèves dans la salle informatique, vous leur faire utiliser la plupart des compétences requises pour le B2i, sauf Exel ou les feuilles de style, encore que…

Vous faites cela à travers:

– la correspondance : les élèves apprennent à utiliser la messagerie; à envoyer et lire des messages; à envoyer et recevoir des fichiers attachés (les photos personnelles sont une excellente motivation…); à être objectifs face aux messages qu’ils reçoivent, qui peuvent contenir des erreurs ou des informations qui correspondent au profil de leur correspondant, mais ne sont pas généralisables. Ils apprennent aussi à être des citoyens européens, qui prennent en compte les spécificités culturelles de l’autre, et découvrent les règles de la communication.

– l’exploration de sites : vous sélectionnez des sites à explorer. Ils apprennent à les analyser objectivement, et à y trouver les renseignements dont ils ont besoin, en lisant de façon sélective.
Ils sont ensuite capables de restituer ce qu’ils ont trouvé, à l’écrit ou à l’oral, et de discuter la validité du contenu.

– les webquests ( ils adoptent un profil, et ils agissent en tant que tel à travers les sites qu’ils explorent, puis ils en font un compte rendu, écrit, sous forme de dossier, ou oral, sous forme d’exposé): à travers ce travail, ils apprennent à sélectionner les informations pertinentes, à trier, classer et hiérarchiser, puis à rendre compte.

– les recherches ouvertes : ils sont rapidement capables de compléter les recherches faites sur les sites que vous avez sélectionnés par des recherches personnelles sur les moteurs de recherche. Vous leur en aurez indiqué ( http://www.google.com est un bon point de départ, mais il y a des moteurs de recherche spécialisés dans toutes les langues) et rapidement ils auront leur favori, et, grâce à des essais et erreurs, ils trouveront celui qui leur donne les réponses les plus pertinentes.

– les productions de pages : pour rendre compte de leur travaux (recherches, dossiers, etc.) ils apprendront à « faire des pages » : Sous traitement de texte, pour vous rendre un compte rendu élégant, avec de jolies illustrations et des titres mis en forme, ou sous éditeur de pages web, pour présenter leur travail à un public extérieur, et être édité sur le site de l’établissement. avec ses motivations et vos conseils, ils sauront rapidement comment disposer les informations dans une page, mettre des illustrations pertinentes à un endroit qui attire le lecteur, disposer les informations en paragraphes, avec des titres et des rubriques, rédiger un texte qui plaira au lecteur.

– présenter des informations dans des tableaux, ou des chiffres à l’aide d’un tableur : par exemple, vous leur faites faire une webquest sur la visite de la capitale d’un pays de la langue cible : Ils doivent se tenir à un budget imposé, et présenter leur budget dans un tableur. ou bien vous leur demander de comparer les mérites de différentes choses ( des objets, des voyages, des véhicules…)et ils vont présenter les résultats dans un tableau comparatif.

– sauvegarder, organiser des fichiers dans des répertoires : pour conserver leur travail, en local ou en réseau, ils devront apprendre à créer leur répertoire, à sauvegarder le fichier en cours pour le retrouver et continuer à travailler à la prochaine séance, à vous envoyer des fichier attachés par email, ou à les stocker dans l’espace prévu sur l’intranet…

Toutes ces activités ainsi listées peuvent vous paraitre impressionantes, ou difficiles à réaliser. Mais d’abord vous n’êtes pas seuls : vos collègues travaillent aussi sur les mêmes compétences, vous pouvez suggérer à un collègue plus qualifié de travailler ce dont vous avez besoin. Et de toute façon, vos craintes sont sans compter avec les aptitudes d’adaptation naturelles des élèves, les capacités acquises hors de l’école, et la motivation que vous aurez créée. Essayez, laissez les libres d’improviser, ou donnez leur des pistes, et vous verrez que les résultats seront surprenants!