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F. Jarraud - photo C.P.

Le Café pédagogique a régulièrement rendu compte des travaux de F. Ramus sur la dyslexie. Ceux-ci nous semblent tout à fait importants et nous avons invité les enseignants à les lire. Nous ne les sous-estimons pas du tout.

Pour autant nous avons un désaccord fondamental avec F. Ramus. Ce qu’il nous dit c’est qu’une fois que les neurosciences ont parlé, les enseignants doivent non seulement se taire mais appliquer une pédagogie unique fruit des travaux de laboratoire. Or pour nous la science n’est pas là pour clore les débats mais au contraire pour les nourrir.

Les travaux des auteurs du rapport ne doivent assurément pas être négligés et ils sont porteurs d’enseignement dans le cadre précis qui les définit. Pour autant ils ne nous paraissent pas répondre d’une part à la variété des cas évoqués dans le rapport (va pour la dyslexie, mais la dysorthographie et de la dyscalculie restent encore à définir précisément), d’autre part à la variété des situations que rencontre le maître en classe face aux difficultés d’apprentissage. Face à un élève qui fait des fautes d’orthographe ou qui a du mal à calculer, il y a mille facteurs qui peuvent expliquer cela et mille approches pédagogiques possibles. Nous ne reconnaissons pas aux neurosciences le monopole de la parole et de la méthode. C’est ce que nous avons dit en estimant que ce rapport associait « une grande rigueur scientifique et un éclairage borné« . Nous avons montré que certains raisonnements portés dans le rapport, quand ils quittaient le champ des neurosciences, étaient peu rigoureux.

Il nous semble que les sciences sociales, les sciences de l’éducation ont aussi leur mot à dire dans ce débat sur les apprentissages et qu’elles ont été écartées du rapport sans motif objectif. C’est particulièrement fâcheux pour un rapport que l’on présente comme un « bilan ». Il s’agit sans doute d’un bilan pour les neurosciences. Et il ne faut pas le sous-estimer. Pas d’un bilan à propos des troubles d’apprentissage.

Parce que les troubles qui sont ici évoqués touchent des milliers d’enfants, parce c’est la mission d’un enseignant que de chercher le chemin qui peut aider chacun de ses élèves, nous espérons ouvrir ici un débat sur ces troubles d’apprentissage. Et nous invitons les spécialistes de la dyslexie, de la dysorthographie et de la dyscalculie à y participer.

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Compte-rendu des travaux de F. Ramus dans le Café en 2006

La synthèse de l’Inserm