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Par Françoise Solliec

La ville d’Amiens investit depuis plusieurs années dans le développement et l’apprentissage des technologies de l’information et de l’information, dont l’usage constitue pour elle un véritable levier de réussite scolaire. Le 22 octobre, son maire, Gilles de Robien, se déplaçait dans deux écoles pour constater sur place les apports de cette politique.

Un environnement numérique de travail pour 2 000 élèves

D’ici la fin de l’année 2007, ce sont près de 2 000 élèves du cycle 3 dans 27 écoles amiénoises (soit plus du quart des écoles), leurs parents et leurs éducateurs qui pourront utiliser l’environnement numérique de travail, ENT, commercialisé par Infostance. C’est en effet ce produit qui a été retenu par la ville à la suite d’une expérimentation portant sur 7 établissements l’an dernier et d’un appel d’offres de généralisation.

Interrogés sur ce nouvel outil, les élèves de l’école de centre ville Jules Barni mettent en avant la possibilité de stocker des documents, de pouvoir revenir sur le déroulement des leçons (que le professeur met en ligne quand elles se déroulent sur l’un des tableaux numériques), de consulter ailleurs que dans la classe. Après la remise de leurs codes d’accès, ils tentent en direct une première exploration concrète. Ils se déplacent avec aisance dans les menus et retrouvent sans difficulté les documents déjà étudiés mis à disposition par leur professeur. « On a vu tout ça ! » s’exclame l’un d’eux devant la liste impressionnante des ressources sur le 19ème siècle. « Quelle est l’adresse du site ? » demande un autre. A la demande de l’enseignant, ils la notent sur leur cahier de textes. L’accès à la maison ne sera cependant pas égalitaire : 12 enfants sur 25 déclarent ne pas disposer chez eux de connexion internet. L’école et la mairie seront très attentives à offrir aux familles d’autres possibilités d’accès et une formation leur sera offerte. Par ailleurs un accompagnateur désigné par la mairie se déplacera dans les 27 écoles pour recenser les besoins qui empêcheraient le bon fonctionnement et le développement des usages de l’ENT.

Le réseau « Ecole innovante »

L’école Chateaudun fait partie d’« Innovative School », un réseau international de 12 écoles, constitué par la société Microsoft, à raison d’une école par pays, pour étudier en quoi la maîtrise des nouveaux outils de communication serait porteuse de pratiques pédagogiques renouvelées et de réussites chez les élèves.

Le comité de pilotage mis en place regroupe des représentants de Microsoft, du rectorat et de l’inspection académique, le directeur d’école et des chercheurs de l’université Jules Verne. Comme pour chaque pays, deux parrains ont été désignés, Anne-Marie Bardi, inspectrice générale, et Bruce Dixon, président de la fondation Anytime Anywhere Learning.

L’expérimentation, suivie par l’INRP, est menée, sous la responsabilité de l’IEN de circonscription et de l’inspecteur d’académie, avec le soutien du rectorat, dans le cadre de l’article 34. En conséquence, l’école a eu toute latitude de définir un nouveau projet pédagogique, avec la garantie d’en rester maîtresse. C’est ainsi que, chaque après-midi, les classes éclatent en deux groupes de niveau (CP-CE1 d’une part, CE2-CM1-CM2 d’autre part). Des sous-groupes sont formés, dont chacun étudiera un des pays du réseau sous différents aspects (histoire, géographie, civilisation, etc.) et travaillera en étroite collaboration avec l’école correspondante, en utilisant tous les moyens de communication mis à disposition. Les documents élaborés sont ensuite rassemblés sur un site web et un blog, avec possibilités de podcast, retrace le déroulement des activités.

L’expérimentation, l’an dernier, d’une plate-forme ENT a été un levier déterminant pour initier les enseignants à la mutualisation des pratiques et des documents. Quant aux élèves, ils bénéficient d’une première approche du monde dans lequel ils évolueront adultes, qui ne sera certainement pas le même que celui d’aujourd’hui au niveau technologique.

Le grand intérêt du projet réside dans son approche qui n’est pas centrée sur l’utilisation des TICE, mais bien sur les apprentissages. Il s’agit, en repérant les leviers de la conduite de changement et en l’accompagnant, d’étudier les conditions dans lesquelles tout établissement pourra le mieux « préparer les élèves aux compétences du 21ème siècle » selon Thierry de Vulpillières, directeur des partenariats éducation chez Microsoft France. « Les réponses pourront concerner l’architecture du bâtiment, l’organisation de la classe, les ressources pédagogiques, les compétences ou la motivation des élèves… ». Le groupe de recherches Compas, qui suit le projet international de près, avait d’ailleurs organisé sur ce thème en juillet dernier le colloque « Ecole 2.0 ? ».

Le projet « Ecole innovante » est prévu pour durer deux ans. Le Café aura sans doute l’occasion de revenir sur son déroulement.