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Formation des enseignants : le projet ministériel

Xavier Darcos et Valérie Pécresse ont présenté le 2 juillet devant le conseil des ministres une communication sur la réforme du recrutement des enseignants.

« Le principe de concours nationaux est réaffirmé… La distinction entre le Capes et l’agrégation est maintenue » ont annoncé les ministres. Le concours aura lieu après l’obtention d’un master. » Tout étudiant inscrit en deuxième année de master ou ayant déjà validé celui-ci pourra donc se présenter aux nouveaux concours de recrutement ».

S’agissant de la professionnalisation, un sujet qui mobilise les formateurs, les ministres ont défini le contenu du concours et de la formation. « Les nouveaux concours comprendront trois types d’épreuves destinées à évaluer la culture disciplinaire, la capacité à planifier et organiser un enseignement et la connaissance du système éducatif… Pour préparer les étudiants à leur futur métier, les universités proposeront des parcours de master qui devront comporter une prise de contact progressive et cohérente avec les métiers de l’enseignement. Elle pourra commencer au cours des études de licence et comprendre des stages d’observation et de pratique accompagnée en école, en collège et en lycée. Dès leur première année d’exercice, les lauréats des nouveaux concours seront mis en situation d’enseignement à temps plein avec l’aide et le soutien de professeurs expérimentés. Des actions de formation spécifiques leur seront offertes en dehors du temps scolaire. A l’issue de cette année, le professeur fonctionnaire stagiaire pourra être titularisé après avoir été inspecté ». On notera que les IUFM, réformés il y a un an seulement, n’apparaissent plus. Rayés du vocabulaire…

Enfin les ministres ont confirmé le calendrier : la première session du concours aura lieu en 2010.

Communiqué

L’avis de Philippe Meirieu

« Les épreuves des concours de recrutement seront organisées autour de trois types d’épreuves « destinées à évaluer la culture disciplinaire, la capacité à planifier et organiser un enseignement et la connaissance du système éducatif ». Où est la pédagogie là-dedans ? Que fait-on des connaissances indispensables de psychologie de l’enfant et de l’adolescent, des apports de la sociologie qui permettent de comprendre certains aspects des difficultés scolaires des élèves ? Où est l’histoire des doctrines pédagogiques sans laquelle nous sommes condamnés à réinventer perpétuellement l’eau tiède ? Où est la philosophie de l’éducation et la réflexion éthique, le travail en équipe et avec les familles ? » Ancien directeur de l’IUFM de Lyon, co-auteur, avec Xavier Darcos, d’un ouvrage sur l’Ecole, Philippe Meirieu est un expert reconnu du système éducatif. Il livre ses impressions aux lecteurs du Café pédagogique.

Lire la tribune de P. Meirieu

Les réactions syndicales à la formation des enseignants

Les syndicats ont pris position sur cette déclaration gouvernementale. Le Sgen Cfdt « note, avec satisfaction, que les concours ne porteront pas sur la seule culture des disciplines » mais exprime son désaccord  » sur les deux points suivants : la possibilité d’un prérecrutement au niveau licence n’est pas retenue ; l’entrée dans le métier à « temps plein » ne laisse aucune place à la poursuite de la formation ».

Le Snuipp est plus critique. Il y voit « la volonté du ministère de l’ Education Nationale de se désinvestir de la formation initiale des enseignants. Elles conduisent à supprimer une année de formation professionnelle rémunérée et surtout à économiser environ 11000 postes de professeurs d’école stagiaires ». Mais pour le Snuipp, ce projet met en danger la formation professionnelle. « L’existence des IUFM, le rôle des IMF (maitres formateurs) comme la dimension professionnelle de la formation sont complètement absents du projet gouvernemental. Dans ces conditions,… les critiques et les insuffisances de la formation actuelle risquent d’ être amplifiées par une « mastérisation » menée au pas de charge et qui privilégierait les connaissances académiques… Le SNUipp rappelle qu’enseigner est un véritable métier qui s’apprend. Une bonne formation d’enseignant doit conjuguer la maîtrise des savoirs disciplinaires et professionnels en s’appuyant sur la recherche ».

Et puis il y a des inquiétudes immédiates : « La disparition de l’année de formation professionnelle à l’IUFM se traduira-t-elle par une forte baisse du nombre de postes au concours 2009 des professeurs des écoles ? Comment les stages de Formation continue et les décharges de direction actuellement effectués par les stagiaires seront-ils assurés à partir de 2010 ? Quel avenir pour les maîtres-formateurs ? » En conséquence, le Snuipp demande un débat public et un moratoire sur cette mesure.

Le Snes n’avait pas fait connaître son opinion mercredi soir.

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