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Points de vue et témoignages de formateurs dans les établissements

par Bruno Devauchelle


Je reçois au Lycée une circulaire du Recteur de l’Académie de Versailles à ce propos. Il annonce, le 22/9/04, que l’opération « mise à niveau informatique en seconde » est remplacée par une formation et un contrôle des connaissances destiné aux élèves n’ayant pas eu le B2I à la fin du Collège, en attendant la définition précise du B2i niveau 3. Effectivement, le dispositif « mise à niveau » était moribond. Nous l’avons, ici, abandonné à la rentrée, cette année, car les élèves arrivent beaucoup mieux formés maintenant qu’auparavant : mais je ne crois pas qu’il soit resté beaucoup de Lycée comme le notre à l’avoir poursuivi jusqu’à l’an dernier.

Ceci dit, la circulaire est cocasse, car elle arrive bien tard pour s’organiser, et ne dit rien des moyens (ceux de la DGH étant évidemment déjà tous affectés)!

D. Missenard, professeur de maths


Je suis prof de techno depuis 20 ans. J’ai suivi régulièrement des formations lourdes dans le domaine des TIC (Paris, Bordeaux, Nantes) et je suis particulièrement impliquée dans mon établissement (Largenté à Bayonne) en ce qui concerne la formation TIC de mes collègues, la création puis la refonte du site de l’école, la réalisation de CDRom et de vidéos présentant les atouts de l’école, etc. . Et bien sûr, au niveau de mes classes, je mets l’accent (peut-être trop ?) sur toute activité permettant d’acquérir des compétences que j’estime indispensable à tout élève sortant de collège : recherche documentaire raisonnée, production de supports multimédia, respect de la propriété intellectuelle, …

On pourrait penser que mon établissement, qui n’a pas lésiné sur les offres de formation ni sur les équipements (matériel et logiciel), se présente comme un fer de lance du B2i … Eh bien non ! Aucune politique de mise en place du B2i de la part de la direction, et pratiquement aucun soutien de mes collègues, malgré les textes officiels, malgré une présentation des enjeux de ce nouveau « brevet », malgré quelques relances de ma part depuis 2001 … « On » attend …

Ce que j’ai entendu :

« Les réalisations proposées en Techno couvrent largement les compétences à acquérir en matière de TIC, pourquoi donc mettre en place un dispositif qui va me demander du temps,de travailler autrement …? »

« Puisque c’est en Techno que la majeure partie des items du B2i sont abordés, c’est donc à la Techno d’évaluer les élèves et de gérer les feuilles de position … »

J’avoue que je baisse un peu les bras … et j’ai du mal à analyser les raisons d’un tel attentisme face à un texte (officiel !) qui me semblait intéressant à plus d’un titre …

Voilà le maigre témoignage que je tenais à t’envoyer. Je suis déçue par l’attitude frileuse de mon établissement concernant ce sujet, mais heureusement, j’ai encore le « feu sacré » de l’enseignement et je pense proposer à mes élèves des projets (intégrant les TIC) qui donnent un sens à leur présence à l’école !

Chantal Mesquida, prof de technologie


J’aurais des choses à dire sur ce sujet mais la période est chargée, je ne sais pas si je trouverai le temps nécessaire à la rédaction. Je pense en particulier à l’interrogation que l’on peut poser devant l’abandon des modules d’apprentissage du traitement de texte en technologie en classe de sixième. L’expérience a montré qu’ils avaient un sens et une efficacité reconnue pour l’acquisition des apprentissages de base qui pouvaient ensuite être confirmées grâce au réinvestissement des savoirs et savoir faire dans des contextes différents à travers des activités de projet. On se trouvait de cette manière dans une pédagogie d’acquisition et de validation de compétence qui tenait la route.

Emmanuel Le Clainche, prof de technologie


Le B2i, état des lieux

Les résultats de l’enquête ne sont pas surprenants et sans doute en dessous dans la zone de recrutement des élèves du lycée où je travaille. Depuis les débuts donc, nous avons introduit la possibilité de passer le B2I pour les élèves de seconde. Il est imposé aux élèves de IGC, de MPI et ceux qui bénéficiaient d’une remise à niveau informatique de 15 heures étalées sur l’année. Pour les autres élèves de seconde, un livret d’évaluation était donné aux volontaires pour autant qu’un nombre de professeurs de la classe acceptaient de valider les compétences. Depuis 3 ans, le système donnait satisfaction, cette année un essoufflement des professeurs compromet la reconduction l’an prochain. Trop de taches en peu de temps .Telle est la raison principale donnée. Résultats globaux : 2/3 des prétendants obtiennent le B2I.

B. Albert, professeur d’histoire – géographie

Lycée du Pays de Retz – Pornic


Petit état des lieux concernant le B2I .

Mais auparavant je fais part de mon parcours de ces trois dernières années. Je suis parti pour une nouvelle aventure professionnelle celle de l’Adaptation et l’Intégration scolaire et aussi personnelle (je pense que, dans ce domaine l’un ne va pas sans l’autre). Pendant ces trois années j’ai préparé le CAPSAIS option E que j’ai obtenu l’année scolaire dernière. J’enseigne donc actuellement dans une classe d’adaptation à temps complet. Le statut de cette classe, qui reste la seule du département, mériterait débat, mais là n’est pas notre propos.

Avant de faire part de ce que je fais et de ce qui se passe dans le département 35 j’aimerai exposer quelques réflexions. Avons-nous besoin d’une formation pour la mise en place du B2i ? Il y a 17 ans (eh oui le temps passe) lors de la formation F.A.S.I (Formation animateurs de sites informatiques, maîtres démultiplicateurs…), à part le côté technique et maintenance, l’orientation de la formation était dirigée vers l’utilisation d’un nouvel outil : Quelles utilisations pédagogiques peut-on faire en classe (primaire et secondaire) d’un logiciel de dessin bit-map et/ ou vectoriel, d’un traitement de texte, d’un tableur, d’une base de données, d’un langage de programmation du type logo ou d’un langage du type Hyper-Card? Je reste persuadé que nous étions les précurseurs à penser que l’informatique sortirait de son carquois de spécialistes, de discipline.

Je reste très attaché (et convaincu) à cette conception que l’ordinateur reste un outil de création au service de…. au même titre que la papier et le crayon. Je me plante peut-être… Le matériel a évolué certes, les logiciels aussi et alors qu’en fait-on ?

À cette époque où nous avons été formés, une autre réalité se dessinait et s’implantait : Celle de l’EAO. Je ne sais pas si vous vous souvenez de certains débats entre les instits (nous n’étions que deux) et les «profs» où nous « instits » considérions l’EAO comme de l’occupationnel ? Pourquoi investir autant d’argent alors qu’un simple manuel pouvait faire l’affaire ? C’était la grande époque du «Nano-réseau».

Quelques années plus tard même débat. Les enseignants faisaient du multimédia. Qui n’était autre que de l’occupationnel avec un autre support le CD plus moderne et plus convivial et exit les exercices à trous sur disquette. Mais où se trouve l’outil de création dans tout cela ? Changement de support, matériel plus performant d’accord, mais au niveau de la démarche… statut quo ! Bien que je reste néanmoins persuadé qu’une utilisation de l’EAO dans des ateliers de soutien avec des objectifs ciblés peuvent être bénéfiques.

Cette année, je me suis donc attelé à ce texte du B2i en le présentant aux étudiants de seconde année (PE2). Intervention très classique, mis à disposition du BO puis par groupe restitution sur affiche.

Tous les groupes soulignent unanimement que le B2i a été mis en place pour répondre à une équité sociale au même titre que la mise en place des BCD. Aujourd’hui tous les élèves doivent accéder aux nouvelles technologies au même titre qu’une BCD doit permettre l’accès au livre et c’est le devoir de l’école.

Pour l’ensemble si le B2I à été instauré, c’est pour inciter les enseignants à utiliser voire enseigner «l’informatique». Ils illustrent ce propos par l’annexe du texte. Les élèves ne peuvent obtenir ce « certificat », que s’ils sont capables de «remplir toutes les cases».

Quand je leur demande par quelle modalité ils pensent évaluer le B2i, sans utiliser le terme, c’est tout de même une situation de contrôle, d’examen qu’ils envisagent.

Mon questionnement : est-ce vraiment une question de B2i à travailler ou la conception de l’évaluation en général qui est à revoir ? Où se trouve le projet dans tout acte d’apprendre ? Quels sont les outils pertinents que nous allons utiliser pour favoriser l’apprentissage et mener à bien un projet ?

Concernant ce qui se passe dans le département pour le B2I des statistiques sont consultables à l’adresse suivante :

http://www.ac-rennes.fr/pedagogie/b2i .

J’avoue que je ne comprends pas trop le rapport de 34% de réponses à l’enquête régionale et le nombre d’écoles qui ont délivrés les attestations du B2i sachant que l’enseignement public représente en gros 55%-60% des écoles primaire sur le département et que l’on compte à peu près 300 écoles privées.

Les conclusions des données qualitatives me laissent un peu dubitatif. Ce ne sont pas les échos que j’ai pu percevoir en échangeant avec des collègues du public où l’évaluation reste très sommative. Mais je n’ai eu que des échos, des échanges, et donc pas du tout représentatif de ce qui se passe sur le terrain.

J’ai le sentiment que nous tournons toujours autour de la même problématique depuis cette formation d’animateurs de sites informatiques.

Le B2I a-t-il vraiment besoin de faire l’objet d’une formation, doit-on diffuser et écrire des programmes informatiques pour l’évaluer ?

Philippe Ollier, formateur en CFP, enseignant spécialisé (Capsais)


Ma position face au B2i est particulière, à plusieurs points. Je suis professeur d’économie gestion et comme mes collègues j’enseigne en lycée (la matière économie gestion n’existe pas en collège). Actuellement, le B2i en est encore au niveau 2, soit le niveau collège. L’année dernière, nous avons fait parti d’un groupe de réflexion sur le B2i niveau 3. Nous pensions qu’il allait être mis en œuvre cette année, mais ce n’est pas le cas, ou du moins pas pour la rentrée. Nous nous contentons donc pour l’instant de proposer aux élèves qui n’ont pas encore le B2i niveaux 1 et/ou 2 de le « passer ». J’ai le cas avec quelques élèves de terminale actuellement.

Pour la gestion du B2i, j’utilise le logiciel Gibii, développé par le CATICE de Bordeaux. L’élève me demande la validation d’une compétence lorsqu’il pense l’avoir acquise. C’est le cas pour la quasi-totalité des items. Les élèves de terminale STT ont l’habitude de la pratique de l’outil informatique. La validation des items se fait notamment lors des TP de comptabilité gestion (épreuve pratique, TP de gestion, …). Le collègue qui assure l’option IGC procède lui aussi à des validations d’items, pour ses élèves, au cours de l’année. Ceux qui n’auront pas réussi à faire valider tous leurs items, pourront encore le faire en première ou en terminale.

En économie-gestion, difficile pour moi de lier des sites à la pratique des TIC dans le cadre du B2i. Pour nous, le B2i n’est pas l’occasion d’utiliser les TIC. Il ne fait que « valider » des notions et compétences acquises dans nos enseignements. Si cela peut être utile, on trouvera sur le site du lycée (http://www.afrance.net/), ressources pédagogiques, ressources, matières, gestion, activités, des exemples de situations où les élèves sont amenés à utiliser l’outil informatique, entre autres au travers de compétences requises dans le cadre du B2i. D’autres compétences liées à la messagerie électronique sont validées au travers de l’utilisation de la messagerie électronique interne du lycée ou de la liste de diffusion de la classe (liste « internet »).

En lycée, le B2i niveau 3 n’est pas encore mis en place. Pour l’instant, nous nous contentons de proposer aux élèves qui ne l’ont pas de passer le B2i niveau 1 et 2. Dans nos collèges de recrutement, très peu d’élèves passent à ce jour le B2i. Le manque d’équipement et de collègues concernés (cela se limite souvent au professeur de technologie) en est à l’origine. La validation du B2i est proposée essentiellement aux élèves de l’option IGC et aux élèves de première et terminale STT. Les professeurs de l’enseignement tertiaire sont à peu de chose près les seuls à s’impliquer, pour l’instant, dans la validation d’items du b2i.

Stéphane GOZE, professeur d’économie-gestion


Témoignages recueillis par Bruno Devauchelle