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Témoignages sur la mise en œuvre du B2i au primaire

par Bruno Devauchelle

Avertissement : les témoignages qui suivent ont été sélectionnés parmi l’ensemble des réponses à une question ouverte du questionnaire en ligne. Nous avons donné la priorité aux témoignages les plus structurés car ils apportent un regard assez précis sur ce qui se passe dans les établissements. Le caractère de ces témoignages pourrait paraître très négatif, cependant il reflète la réalité des remarques qui ont été faites. L’ensemble de ces textes est publié anonymement. Nous tenons ici à remercier tous les enseignants et personnels qui ont accepté de répondre à notre enquête.

– Pourquoi le b2i se met-il difficilement en place dans mon école ? Tentatives d’explication

1) Les nouveaux programmes se sont mis progressivement en place : vu le faible niveau de compétence informatique de certains collègues et vu le peu d’appareils à disposition des élèves, le B2i est un peu le parent pauvre de notre enseignement. Il y a d’autres « urgences » (les nouveaux programmes, les nouveaux livrets électroniques, nouveau projet d’école …).

2) Notre équipe s’est renouvelée pour moitié trois années de suite : là encore, d’autres « urgences » à gérer … mais aussi des nouvelles relations et méthodes de travail à repenser chaque année au sein de l’équipe !

3) Un seul poste par classe sans personne pour aider (ça prend du temps quand même ces petites choses …). Avant, il y avait un aide-éducateur : on sait ce qu’ils sont devenus !

4) Des initiatives (quand même !) du type classe TICE mais dont on sait pertinemment qu’elles ne déboucheront sur rien l’année prochaine 🙁 (fameux travail en équipe …).

Cela peut ressembler un peu à du bricolage mais je crois qu’on ne doit pas vraiment être les seuls dans ce cas là et si on veut vraiment que les choses évoluent, je pense que dans une enquête telle que la vôtre, on doit faire émerger également les difficultés de mise en place et les besoins : du temps, des matériels, des formations, des personnes ressources … Je sors un peu du cadre mais j’avais envie de contribuer à votre enquête.

– Selon les services quotidiens (relevé et envoi de mails par ex.), les projets (suivi sur Internet du trajet d’un père d’élève parti en Roumanie en vélo, création du site Internet de l’école et.) et les besoins (recherche documentaire en histoire, sciences…), les élèves sont amenés à utiliser les TIC. Ils découvrent avec l’enseignant ou des tuteurs informatiques (les plus expérimentés de la classe) comment utiliser cet outil. Je détermine alors des points étapes où ils s’évaluent puis font valider les compétences qu’ils pensent alors avoir acquises. En fin d’année, pour les élèves de CM2, une étape finale d’évaluation est organisée pour compléter la validation des compétences qui n’ont pas encore été évaluées (avant départ en 6ème). En parallèle à ce travail d’apprentissage par le besoin (services, projets, recherches documentaires…) et de co-validation des acquis, un logiciel (Cap b2i) est également mis à la disposition des élèves en utilisation « libre » (organisation par semaine, « Quand j’ai fini, je peux… »).

– Faute d’équipements nécessaires, faute de formation du personnel enseignant, le B2I est à l’état embryonnaire. Ce n’est pas la faute du personnel, mais d’un véritable problème d’équipements et de maintenance (actuellement, 1 ordinateur pour 25 élèves !!) qui rend impossible un enseignement efficace des applications informatiques. La fracture informatique existe réellement, ce d’autant que l’école est dans la périphérie de la ville de Marseille, dans une commune de 5000 habitants, donc, à priori, susceptible d’avoir des budgets conséquents. Tant que la décentralisation n’imposera pas aux mairies de FINANCER OBLIGATOIREMENT les équipements dans les écoles primaires, on assistera à ce genre de discrimination informatique, entre les communes « riches » et les autres.

– Le B2i fait partie des « attestations » qu’on voudrait voir délivrer par l’école, pour la route aussi. L’école n’a ni les moyens ni les compétences pour délivrer de telles attestations dans l’état actuel des choses. Surtout elle ne peut en aucun cas garantir que chaque attestation délivrée par des personnes de formation et de sensibilité différentes soit du même contenu. En outre en ajoutant la discrimination positive DE FAIT dans la disparité du « paysage », ces attestations sont sans signification relative.

– Les élèves travaillent sur les ordinateurs et apprennent au fur et à mesure. Cette année les CM2 n’ont pas validé la totalité des compétences du B2i. L’organisation n’est pas toujours facile dans une classe de cycle, je n’ai pas toujours la disponibilité nécessaire. Le cycle 2 utilise également les ordinateurs et je compte donc sur les deux cycles pour valider le B2i. L’année prochaine je donnerai le B2i en début d’année pour que les élèves sachent à l’avance les objectifs à atteindre.

– En fin d’année on récapitule tous les items du b2i ( feuille de position), et les élèves s’auto-évaluent dans chaque item en termes : acquis, en cours d’acquisition et non acquis. Cette auto-évaluation est validée ou non par l’enseignant qui a suivi les enfants tout au long de l’année dans la salle informatique. La feuille de position est alors validée et signée par l’enseignant. Si tous les items sont acquis alors l’élève est titulaire du premier niveau du b2i. Le problème c’est que cette validation n’est absolument pas prise en compte au collège.

– Après une proposition de programmation du B2i dans l’école et même l’école maternelle voisine, il s’avère que les items du B2i sont tous passés en fin de cycle 3. Peu de collègues se sentent concernées et formées pour respecter la programmation mise en place lors d’une concertation. Sur le plan matériel, il est très peu évident de faire passer tous les items à tous les élèves de CM1/CM2 en ayant un seul ordinateur relié à l’Internet. De plus, nos ordinateurs tombent souvent en panne… Mais on y croit ! Et on essaie ! Même si je sais qu’au collège, tout est repris à zéro (dixit la prof de techno lors d’une réunion d’harmonisation école-collège.)

– Phase test cette année. B2i organisé dans le cadre d’activité de littérature et production d’écrits en lien classe + ZEP, avec travail parallèle sur le même support et sujet par une classe de 6° du collège de notre secteur–> échanges par messagerie des découvertes réciproques des 6° et des CM2 avec production finale échangée par les deux classes. Ce travail a été précédé d’une initiation informatique.

– Chacun essaie de faire au mieux pour utiliser du matériel onéreux mais mis à disposition. Difficulté récurrente : accès à la salle, adéquation avec des projets (ne pas utiliser ces machines sans projet précis), ne pas « faire passer » le B2i, problème de formation de certains collègues…

– Depuis le départ de l’aide éducateur spécialisé en informatique, il est difficile pour les enseignants de prendre le relais, par manque de temps et de personnel.

– B2i normalement mis en place en 2004/2005

– Pour l’instant nous y avons réfléchi en secteur mais dans ma classe, je ne l’ai pas mis en place. Nous faisons quelques exercices mais pas dans le but du B2i.

– Il n’est pas mis en place actuellement

– Avec 3 niveaux (33 élèves) et un seul poste connecté au net, il est difficile de mettre en place efficacement le B2i. On découvre, on s’exerce, mais peu de compétences sont évaluées pour faire vraiment un B2i… On fait ce qu’on peut…

– Difficile de trouver un point ci-dessus qui soit réellement proche de la réalité. A la question posée par moi même au chef d’établissement le 15 juin: « ça a été fait pour le b2i? » on m’a répondu « Ah oui c’est vrai y’a encore ça… » donc les feuilles seront remplies sans que personne ne se soient penché sur le problème puisque bon nombre d’enseignants ne se sentent pas concernés par le b2i… et pour cause.. bon nombre d’enseignants aurait bien du mal à réussir les différentes « épreuves » décrites dans le b2i. Je trouve personnellement qu’il y a un problème dans notre système éducatif en matière de TICE … Comment peut-on motiver les enseignants dans les conditions dans lesquelles sont exploitées les TICE ? Il y a plein d’initiatives pour développer les nouvelles technologies mais cela ne reste que trop superficiel… Quelques points observés dans mon département : – classes pupitres implantées dans des établissements non connectés à internet et ne pouvant pas bénéficier d’une connexion adsl !! ou sans personne qui soit formé pour utiliser cette classe pupitre. – classes pupitres avec une vieille imprimante et surtout sans papier parce que pas de budget pour le papier. Impossibilité d’acheter un logiciel de 25 euros pour la classe pupitre parce que trop cher! Interdiction d’amener des disquettes personnelles parce que sinon « ça met des virus dans la classe pupitre » ni de connecter un portable pour les mêmes raisons (comment font les profs pour préparer de chez eux?). Certainement que cela coûte trop cher de payer les protections adéquates… – aide éducateur responsable de la maintenance dans la circonscription qui sous couvert de l’inspection ne se déplace plus (car non payé pour cela) et donc finit l’année à surfer sur internet pour passer le temps alors que certaines écoles attendent depuis 2 mois que leur seul ordinateur soit dépanné. – un seul PRTICE à mi-temps pour une circonscription de 80 Km de long regroupant 120 écoles.(il y a pourtant des candidats pour cette mission… mais sans parler de leurs compétences, on leur a dit qu’ils manquaient d’enthousiasme!) – pas de réelle mise en valeur des travaux réalisés sur ordinateur… – pas de budget pour acheter des logiciels pour des créations multimédia… Comment peut-on dans ces conditions motiver les enseignants à s’intéresser à l’informatique et au b2i…

– Les classes disposent d’une heure par semaine de la présence de l’aide éducatrice, dans la salle informatique. Les enseignants s’organisent avec elle pour les activités. Nous avons un logiciel qui aide à la préparation du B2I et qui est utilisé au cycle3. Les activités sont diversifiées au cours de l’année : utilisation de logiciels pédagogiques, traitement de textes, utilisation du courrier électronique, recherche internet.. En fin d’année on a utilisé les documents du CDRI pour noter les compétences acquises par chaque élève : pointage fait avec l’élève, contrôlé par l’aide éducatrice et par l’enseignant.

– Il est passé comme un « petit examen » qui valide des compétences acquises tout au long de l’année en classe de CM2 à raison d’une heure par semaine. Gros problème : difficile de faire un suivi à la semaine vu que la classe de CM1-CM2 n’est pas ma classe d’enseignement. J’y enseigne une heure par semaine en échange de service avec la collègue qui assure arts plastiques dans ma classe. Difficulté aussi : matériels de 97 ou 98 qui commencent à planter sévère; cartes réseau défaillantes sur 3 ordinateurs, service de maintenance pas là. On se débrouille seuls, on bricole beaucoup ….

– Il est malheureusement très difficile de mettre en place le b2i avec un seul ordinateur pour toute une classe de cycle 3!

– Je fonctionne en PMEV (Pédagogie de Maîtrise à Effet Vicariant): l’ordinateur est un outil à part entière. J’évalue les élèves au fil du travail effectué dans les exercices des plans de travail de l’année. Je vois les autres élèves du C3 au cours des échanges de service et/ou décloisonnement et là, je les évalue par le biais de la réalisation de différents projets (journal, affiche, correspondance…)

– Le B2i n’est pas validé car deux ordinateurs seulement et une imprimante depuis seulement 1 mois. Outil non utilisé les années précédente. le B2i est un outil lourd quand une seule personne s’occupe de tout dans une classe. Il y a plus urgent à faire. Utiliser l’outil informatique d’accord à 100%. Perdre beaucoup de temps dans des évaluations qui n’apportent rien aux élèves pas d’accord

– L’organisation du B2i se fait pour l’instant par l’enseignant utilisant les ordinateurs. Les élèves s’auto évaluent tout au long de l’année en complétant le tableau des compétences acquises. Ils sont par la suite évalués individuellement en vérifiant chaque compétence. Il est nécessaire de préciser que les enfants, en demi groupe, utilisent l’ordinateur comme outil une fois par semaine pendant 1 heure, chaque groupe.

– Même si dans toutes les classes les enfants utilisent traitement de texte CDrom et internet (avec parfois l’aide de parents intervenants), ils sont loin à la sortie du CM2 d’avoir atteint les objectifs du B2I. Les promotions plus jeunes devraient avoir plus de chances d’y parvenir, la formation des enseignants s’affinant sur le tas (le plus souvent chez eux)….

– Tant que les écoles ne seront pas équipées et que les enseignants ne seront pas formés, nous refuserons de remplir les feuilles de bilan de B2i et donc de transmettre quelque donnée que ce soit au collège ou ailleurs. Tout ce que nous possédons et maintenons provient à 90% de temps et de matériels « gratuits ».

– C’est moi seule qui s’occupe de l’informatique au niveau de la classe de CM1 en décloisonnement. J’ai donc décidé de m’intéresser un peu au B2i et d’aborder quelques notions traitées dans les documents B2i. J’ai ensuite recherché des brevets B2i que j’ai tourné à ma façon. A la fin de l’année, j’ai fait passer quelques épreuves aux élèves et rempli un document transmis aux familles avec le bulletin de compétences.

– Le B2i a été mis en place dès 2002. Nous avons fait imprimer 1000 livrets permettant d’attester les compétences. Depuis le départ des aides éducateurs, c’est vraiment trop lourd ! Nous avons préféré préserver autant que possible le fonctionnement de notre BCD qui nous prends déjà beaucoup de temps. Le B2I est au point mort ! Le peu de temps qui nous reste, nous le passons à la maintenance des machines et du réseau ainsi que de notre site internet. Le travail d’évaluation n’est pas prioritaire à notre sens, il faut privilégier les mises en situation pédagogiques. D’ailleurs, Il n’y a dans mon secteur, aucune continuité aucune prise en compte des acquis pour ce qui concerne les nouvelles technologies !

– B2I = vaste fumisterie… j’ai enseigné dans huit écoles différentes des Hauts-de-Seine… matériel généralement antédiluvien (choses vues dans une école au début du XXIe siècle : majorité des postes sous win 3.1 ou win95, 1 poste sous win98, pas de lecteur de cd-rom sur les PC… logithèque au ras des pâquerettes… une connexion internet en RTC…) personnel enseignant largement néophyte… le livret du B2I à mille lieues des réalités quotidiennes… B2I posant des questions que les enfants ne comprennent même pas ! B2I ressenti par des collègues harassés comme un nouvel élément de paperasserie totalement démagogique et inutile… Qu’on équipe correctement les écoles… qu’on forme les gens qui en ont besoin… qu’on cesse de nous assommer de paperasserie… et qu’on fasse confiance aux gens de bonnes volontés !

– Un seul enseignant de cycle 3 l’a assuré en 2003/2004. S’il y a bien un responsable officieux dans l’établissement (moi) il n’y a aucune vacation pour les heures d’entretien du matériel, peu de collègues formés. Les années de vaches grasses, les PRI de la circonscription obtiennent quelques heures d’indemnités péri-éducatives. Et la promesse d’un ordre de mission à titre posthume si un déplacement devait se terminer de manière tragique…Ambiance bout de ficelle. Et nos ministres osent se poser la question des moyens mis à disposition des enseignants !

Bruno Devauchelle