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Faut-il évaluer la formation ?

La question pourrait paraître un tabou, au moment où la réforme du fonctionnement des IUFM prévoit de les intégrer au cursus universitaire. Afin de décentrer le regard, peut-être est-il nécessaire de faire un détour sur ce qui se passe à l’étranger, non pas pour y chercher un modèle, mais prendre du recul sur ce qui peut nous être invisible…

Un récent rapport de la Commission Européenne, par le biais de son réseau Eurydice, se pose la question de « l’assurance-qualité de la formation des enseignants en Europe », dont le titre lui-même est susceptible de mettre en révolution n’importe quel CA d’IUFM… L’étude cherche à comparer comment, en Europe, les différents systèmes de formation sont accrédités, ou évalués, par les structures publiques (ou privées ?).

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Ainsi, l’évaluation externe est obligatoire dans de nombreux pays européens, en plus des évaluations faites par l’institution de formation elle-même. Une agence ou un organe indépendant en est chargé, qui travailler à partir des contenus d’enseignement dispensés, des méthodes d’enseignement ou d’évaluations des stagiaires. L’évaluation interne, autre modalité, incombe généralement à la direction de l’établissement ou à un comité scientifique.

Dans la plupart des pays, les résultats de l’évaluation externe sont à la base d’une décision d’accréditation des établissements, base du financement public contractualisé. Quand les résultats sont jugés insuffisants, un plan d’amélioration est souvent obligatoire, Souvent, la publication des résultats est accessible aux public, y compris les personnels et les stagiaires.

Pour la commission européenne, qui note que seules la France, Chypre, Malte, la Lituanie, l’Autriche et le Royaume-Uni n’ont pas de réglementation sur l’évaluation et l’accréditation des organismes de formation, « la question du contrôle de la qualité de la formation des enseignants devient essentielle ». Toutefois, elle juge l’idée de « classements » lourds de conséquence, et note que l’évaluation est parfois formelle. En filigrane, la commission s’interroge sur le travail mené dans de nombreux pays sur ce qu’est un « bon » enseignant (référentiels de compétences), qui dépasse souvent largement ce qu’il est raisonnable d’espérer d’une formation initiale, qui ne peut que « jeter les fondements sur lesquels l’enseignant pourra développer ses compétences » qui pourront « être développées en formation continue ». Mais, dit le rapport, « ni la formation initiale ni la formation continue ne produisent à elles seules de bons enseignants »…

Enquête complète sur http://www.eurydice.org/

Patrick Picard

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