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Par Serge Pouts-Lajus

Entretien avec Jean-Baptiste Lacoudre de l’atelier Lacoudre-Morgoulis-Toussaint

Vous avez travaillé sur deux lycées, l’un à Palaiseau, l’autre à Vitry. S’agissait-il de projets de construction ou de rénovation ?

Les deux projets comprenaient, l’un et l’autre, une partie de rénovation et une partie de construction de nouveaux bâtiments.

Pour un architecte, les projets de construction scolaire sont-ils différents d’autres projets ?

Dans tous les cas, nous sommes contraints par le programme. Il fixe la règle à laquelle il est impossible de déroger et précise aussi les endroits où des alternatives, des options sont possibles. Je dirais que les projets de constructions scolaires sont davantage contraignants que les projets industriels ou d’habitation par exemple. Pour les deux lycées franciliens, le programme était précis et classique, sans variante ni alternative possible. Il laissait peu de marges de manœuvres à l’architecte.

Aviez-vous des marges de manœuvre sur les espaces à vocation pédagogique et notamment sur les salles de classes, leur nombre, leur taille, leur forme ?

Non, pour ces espaces, le programme ne nous laisse aucune marge de manœuvre. Il faut deux portes, une capacité d’accueil de 30 élèves, un mur avec un tableau.

Pour quels espaces disposez-vous de davantage de possibilités ?

Pour les espaces de circulation principalement, pour les lieux communautaires de rencontres informelles. C’est là où nous pouvons faire des propositions. Mais nous avons également eu la possibilité de travailler la question de l’emplacement des CPE. En gros, il y a deux voies possibles : soit on concentre, soit on distribue. Nous avons proposé de distribuer parce que cela nous semblait une façon de rapprocher la fonction de surveillance des élèves. Il y a eu des discussions, des allers et retours entre les deux solutions et puis, finalement, c’est la concentration qui a été retenue. Dans des projets comme ceux-ci, il y a des points durs et d’autres sur lesquels une certaine versatilité est possible.

Un autre exemple est celui du CDI. L’espace n’est pas déterminé par le programme d’une façon aussi stricte que pour les salles de classe. Nous avons suggéré d’augmenter la surface. Nous avons conçu un espace commun avec plusieurs petites salles de travail contigües. Là aussi, il y a eu des échanges avec la communauté scolaire. Ils ont finalement choisi de décloisonner cette partie du CDI.

Ne regrettez-vous pas de ne pas avoir pu faire des propositions plus ouvertes ?

Il y a 70 ans, l’architecte pouvait intervenir sur le programme. Aujourd’hui, les contraintes de budget et de sécurité sont telles que les choix sont beaucoup plus réduits. Réfléchir sur l’organisation des espaces dans un lycée, cela suppose des arbitrages longs. L’architecte n’a simplement pas le temps.