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Retour au sommaire du numero 5

Informations recueillies auprès de Samuel Delor, PLP lettres-histoire au lycée Jean Moulin, Le Blanc-Mesnil

Travail d’écriture filmique entre deux lycées professionnels

Ce projet implique deux classes de terminale BEP, l’une de secrétariat comptabilité, à forte majorité de filles, au lycée Jean Moulin du Blanc-Mesnil, l’autre d’électro-technique, exclusivement masculine, au lycée Aristide Briand dans la même ville.

« Le projet a maturé dès l’an dernier » explique Samuel Delor, « alors que je faisais travailler une classe féminine de seconde BEP sur l’écriture théâtrale. Nous souhaitions arriver à monter notre propre pièce et c’est la thématique des relations amoureuses qui avait été retenue. J’en ai parlé autour de moi à la fin de l’année scolaire. L’infirmière qui travaille depuis longtemps dans le lycée sur ce sujet m’a proposé son aide. Elle collabore souvent avec sa collègue du lycée Aristide Briand et savait que cet établissement avait déjà réalisé un court-métrage. Nous avons donc eu l’idée de faire travailler ensemble une classe de filles et une classe de garçons, idée fort bien reçue par un de mes collègues PLP lettres–histoire d’Aristide Briand qui menait des réflexions semblables aux miennes ».

Dès juillet, le travail d’écriture, de mise en scène et de présentation d’une pièce de théâtre apparaît trop lourd et il est décidé de se consacrer plutôt à la réalisation d’un court-métrage. Des recherches de financement sont entreprises qui aboutiront, sur la recommandation du proviseur, au dépôt d’un dossier Projet lycée, innovation éducative.

A la rentrée scolaire, l’éclatement de la classe initiale de seconde à Jean Moulin et la fusion avec un groupe de redoublants en comptabilité imposent à Samuel Delor de retravailler encore le projet pour entraîner l’adhésion des élèves qui vont le réaliser dans le cadre d’un PPCP et d’abandonner le premier début d’écriture réalisé l’année précédente. Les infirmières continuent à participer et font intervenir des collègues du planning familial.

Le synopsis final, qui donnera lieu à deux scénarios et deux réalisations, l’un plus féminin, l’autre plus masculin, raconte comment s’établit une relation amoureuse entre deux protagonistes, à la suite de la participation d’un groupe de lycéens à un événement dans un lycée voisin (match de foot dans un cas, battle de danse hip-hop dans l’autre). La jeune fille fait partie des arrivants, le garçon fait partie d’une bande d’élèves un peu louches du lycée d’accueil, avec trafic de drogue à la clef. L’amour qu’ils vivent est au final impossible, mais il permettra l’évolution du garçon, qui rompra avec son groupe, et le mûrissement de la jeune fille.
Les élèves ont travaillé 4 heures par semaine dans un atelier animé très efficacement par une comédienne. Après quelques réticences initiales, la grande majorité de la classe s’est investie dans la réalisation des scénarios. Mais tous ne souhaitaient pas jouer et il faudra encore des efforts de conviction pour que certains dépassent leur peur de la caméra. « L’improvisation en classe marche bien, mais le jeu théâtral devant la caméra reste une inconnue, même s’il est prévu que la comédienne soit présente pour donner des conseils ». Une rencontre entre les deux classes a permis de confronter les projets finaux et de préparer le tournage.
La subvention du Conseil régional a permis la rémunération de la comédienne animatrice et paiera les frais de montage du film qui sera confié à une association municipale spécialisée. Le document sera présenté au sein des établissements et projeté dans une salle municipale. Ensuite, sa diffusion dépendra de sa qualité et de la capacité des auteurs à en assurer la promotion.
Comme dans tout projet, certains élèves se sont beaucoup investis et y ont pris beaucoup de plaisir, d’autres ont été plus hésitants ou indécis. Les enseignants sont toujours restés sur le principe de la libre adhésion, qui seule garantit la motivation personnelle. « Il a fallu gérer beaucoup d’imprévus, mais ma relation avec la classe a été très bonne ». Au final, les animateurs portent un regard très positif sur la capacité des élèves à gérer ce projet, à créer une vie de groupe et à améliorer leur expression orale.