Robin Delisle – Marie-hélène Menaut, vous êtes présidente de la CNARELA, pouvez-vous présenter l’association?
Marie-hélène Menaut – La Coordination nationale des Associations régionales des Enseignants de Langues Anciennes réunit 28 associations régionales réparties dans l’ensemble des académies:elle compte plus de 5000 adhérents, professeurs de latin et de grec des collèges, des lycées et de l’enseignement supérieur. Vous pouvez consulter la liste des Arela sur le site www.cnarela.asso.fr
L’objet principal de la CNARELA est de coordonner et de faire connaître l’action des associations régionales dont le but est de favoriser l’enseignement du latin et du grec dans les établissements secondaires et supérieurs, non seulement comme spécialité , mais encore comme élément d’une formation et d’une culture générales.
Elle veille à assurer aux associations régionales une audience nationale et internationale: Au niveau européen, par l’instauration de relations bilatérales avec les associations représentatives de certains pays comme la Belgique, elle cherche à établir les conditions d’une réflexion et d’une politique communes, éventuellement au sein d’une structure officielle.Elle a ainsi participé au Colloque national de de Lyon des 21 et 22mars 2003 préparatoire au colloque de Berlin de l’automne 2003 qui devrait établir une politique commune des études classiques avec les divers pays européens
Les contacts sont assurés avec les associations amies tournées vers l’Europe: EUROSOPHIA, l’UNION LATINE.
LA CNARELA représente les associations auprès des organismes publics nationaux: Ministère de l’education nationale, CNDP.
Elle fait connaître aux autres associations adhérentes et au public les initiatives régionales, notamment les très nombreux concours de collégiens et de lycéeens en latin et grec. 13 associations organisent des concours de langues et de civilisations qui ont le plus grand succès auprès du public: citons « la coupe des jeunes humanistes » de l’ARELALIM ( Limoges), le Concours régional de l’ARELABOR'( Bordeaux) qui ont réuni respectivement cette année plus de 1000 candidats. Autant dire que le latin et le grec intéressent et ne sont pas démodés, comme certains le prétendent dans le but de les éliminer des collèges et des lycées…
RD – Quelle est l’action pédagogique de la CNARELA?
MHM – Chaque année, la CNARELA organise » Les journées d’octobre » sous forme de colloque ou d’ateliers de travail et d’étude dans une des associations membres de la CNARELA . En 2002, les réflexions ont porté à Aix en Provence sur les programmes de Terminale qui doivent entrer en vigueur à la rentrée 2003 et sur l’épreuve du baccalauréat, sur l’apprentissage raisonné de la langue dans la structure de la séquence au collège et au lycée, sur la présence du latin et du grec dans les TPE. Les 23, 24 octobre 2003 , les « journées d’octobre » seront organisées par Nantes( APLG) autour du thème « les Anciens et le Cosmos »; nous avons décidé de tenir des ETATS GENERAUX des LANGUES ANCIENNES faisant le bilan de la situation ( effectifs, programmes, niveau des élèves) et posant la question: quel avenir pour le latin et le grec au XXIème siècle?
Présente dans les instances nationales de consultation ou de décision quand elle est admise ou invitée, la CNARELA contribue à l’élaboration des programmes et des directives officielles qui régissent l’enseignement des langues anciennes tant sur le plan pédagogique que sur le plan administratif; cela a été le cas dans le cas de la réforme Bayrou ( X. darcos était alors directeur de cabinet et A. Boissinot Directeur de la Desco), lors du Séminaire de Langues anciennes de janvier 2002 sous le ministère Lang. Depuis l’arrivée du nouveau gouvernement, nous obtenons des rendez-vous de politesse, on ne répond pas à nos lettres. Parallèlement, lil est de bon ton de souligner l’abaissement des effectifs entre la 5ème et la 3ème, en latin au lycée, sur l’état « inquiétant » de la filière littéraire.
On fait appel aux ARELA pour organiser la formation continue des enseignants de Lettres Classiques ( Besançon, Grenoble, Lyon, Bordeaux, Nantes); ce sont les membres des ARELAS qui interviennent dans les IUFM pour la formation disciplinairesdes maîtres en seconde année.
Je tiens à souligner à ce propos que les professeurs de Lettres Classiques reçoivent en tout et pour tout, au mieux, une formation de deux journées en tout et pour tout en langues anciennes, ( besançon, Bordeaux)ce qui relève du sabotage: comment voulez-vous que les professeurs puissent répondre aux difficultés d’enseignement des ces langues difficiles si on ne les forme pas, si on ne les aide pas à innover.
Vous pouvez constater sur certains sites des ARELAS la richesse et les efforts constants en pédagogie ( Toulouse ARTELA , Rouen Gelahn, Nantes, Arelacaen); le site de la CNARELA offre 19 pages de catalogue des publication des ARELA.
RD – Vous avez l’impression que les textes officiels entravent votre action ?
MHM – M. Boissinot avait prédit en 1996 à Mont lignon « que les langues anciennes n’existeraient qu’en innovant »; nous avons innové, nous avons travaillé sur textes authentiques, nous avons favorisé avec l’étude des textes fondateurs en 6ème la transversalité, nous avons fait des études pour les IDD, pour les TPE, nous avons participé à l’élaboration des techniques de lecture des textes; les candidats aux concours dont nous avons parlé plus haut prouvent l’intérêt des jeunes pour le latin et le grec.Donc, la diminution des effectifs est due à l’institution et non aux enseignants: instauration en terminale d’une option facultative obligatoire( mais oui!) faisant concurrence aux options de langues anciennes par une évaluation collective ayant lieu au terme d’un semestre, la suppression pour les S de la 3ème option facultative, marginalisation des langues anciennes au brevet des collèges , la réduction des horaires et la compression des sections au nom de la réduction des DGH.Qu’attend le Ministère pour revaloriser la section littérraire par d’autres mesures que le rétablissement d’une option mathématiques; « on ne se pose pas la question pour les sections S de savoir si les matheux doivent ou non suivre un enseignement de physique; pourquoi se pose-t-on la question de savoir si les littéraires doivent suivre ou non un enseignement de latin? » a suggéré le chef d’établissement d’un grand lycée bordelais.
On s’est aperçu que ce n’était pas nécessairement la dificulté des langues anciennes qui faisait obstacle, mais le fait qu’elles n’apparaissaient pas comme « rentable » aux examens; une option rentable est celle qui rapporte des points; c’est pour cela que les TPE se sont vus gratifier d’un coefficient 2. Donc , cessons d’être hypocrite et que le Ministère ne mine pas les langues anciennes par des opérations sournoises, en laissant faire les I.A, les chefs d’établissement mal intentionnés . Le grec est en progression; le latin ne se porte pas si mal en spécialité, vu la diminution des effectifs des classes littéraires. C’est bien la volonté politique et non le choix des parents qui conditionne le succès ou la mise à mort du latin et du grec.