Breton Philippe, Eloge de la parole, La Découverte, Paris, 2003, 190 p.
Le travail de recherche de Philippe Breton l’amène à nous proposer de réfléchir, au-delà des moyens techniques qui la mettent en oeuvre, à la place de la parole dans notre société. Il choisit de poser la Parole comme une valeur et de tenter d’en dessiner les contours.
Sans illusion sur les dérives de la parole, Philippe Breton, dont on peut suivre depuis longtemps le travail qui l’a amené d’une histoire de l’informatique à un « éloge de la parole », n’oublie pas de nous montrer que ce mot est porteur d’un sens qui traverse la condition même de l’homme. Il identifie les six éléments de base de la « valeur parole » : l’écoute et l’empathie, l’authenticité, la pudeur, l’objectivation, l’engagement, la symétrie.
Nombreux sont ceux qui s’interrogent sur les évolutions actuelles de la communication interhumaine influencée par les médias. Il faut rappeler que ces technologies ne sont rien sans l’être humain qui les fonde, mais surtout que c’est dans les modes d’usage de ces technologies que peuvent se construire de véritable communication humaine. La parole est le fondement de la communication à condition que l’on ne confonde pas parole et mots, ou bavardages. C’est ce vers quoi Philippe Breton veut attirer notre attention. Conscient de l’injonction contradictoire de son propos, il nous propose de dépasser ce paradoxe :
« Il s’agit d’un véritable paradoxe car à la fois la parole est libre, encouragée, elle est un des principaux opérateurs du changement social, et à la fois elle est difficile à prendre ou encore réduite à un discours sans effet, quand elle n’est pas travestissement de la pure violence »(p.186)
Un ouvrage à lire.
Bruno Devauchelle
Cepec