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« Les
élèves de sixième n’ont pas d’accent. Pardon, les élèves de sixième ont un
accent parisien. Cela ne dure pas. En trois, quatre mois, ils prennent
l’accent du « neuf-trois ». Ils parlent d’abord ainsi entre eux, puis quand
ils s’énervent, enfin tout le temps. Quand je le leur dis, ils s’en amusent,
puis ne s’en amusent plus du tout. Leur vocabulaire et leur intonation n’ont
rien de véritablement inventif ni désopilant. Osons dire qu’aplatir tous les
mots et sembler prêt à exploser d’agressivité dès qu’on ouvre la bouche
n’est digne de personne. Il faudrait aussi se demander si l’on peut avoir
des pensées profondes et subtiles avec vingt mots de vocabulaire. Que l’on
cesse de croire que chaque môme est un petit MC Solaar. Il n’y a pas
grand-chose de rigolo dans tout cela, il n’y a qu’un registre de discours
limité et souvent assez laid. Un registre discriminant, aussi, celui de la
misère sociale comme culturelle ».
Le Monde publie des extraits de
l’ouvrage de Mara Goyet, « Collèges de France » sur la vie quotidienne des
établissements de Seine-Saint-Denis.
Article du Monde