Le
rapport annuel de la Commission nationale consultative des droits de l’homme
est accablant. Il montre « un considérable accroissement des violences et
menaces racistes » en 2002. Concernant les violences, ce sont les actes
antisémites qui viennent en tête : 193 sur 313, soit six fois plus qu’en
2001, en fait un chiffre probablement jamais atteint depuis la guerre. Et
quelle violence : 44 synagogues attaquées, 40 personnes agressées, 17 écoles
et bus scolaires juifs visés. Les violences visant les autres communautés,
et particulièrement les Maghrébins, ont pour les deux tiers leur origine
dans un seul département : la Corse (73 actes dont 45 anti-maghrébins). Un
sondage réalisé par la CNCDH montre une certaine tolérance des Français au
racisme : un Français sur deux seulement estime que les propos racistes
doivent être punis. Alors que faire ? La Commission « souhaite que le
gouvernement mette sans tarder en place une politique forte et cohérente de
lutte contre le racisme ». Les Français, dans le même sondage, misent en
premier sur l’éducation : 89% jugent qu’enseigner la tolérance est efficace,
84% recommandent d’enseigner le français aux immigrés. Dans une étude
annexée sur l’antisémitisme au rapport, Nonna Mayer (CEVIPOF) estime que
« l’antisémitisme au sens classique de préjugé contre les Juifs n’a pas
progressé depuis deux ans, et qu’il n’a, pour l’instant, pas
fondamentalement changé de nature ». Elle s’appuie sur des sondages
réguliers (le dernier en 2002) qui permettent de faire le portrait de
l’antisémite. Ce serait toujours un militant d’extrême-droite rejetant en
bloc aussi bien les juifs que les maghrébins. Le vieil antisémitisme
demeurerait, sans nouvelle « judéophobie ». Pourtant sur les 77 personnes
interpellées pour des violences antisémites en 2002, 55 sont d’origine
maghrébine et viennent des quartiers sensibles.
Rapport CNCDH