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Dans
Libération du 7 mai, le sociologue François Dubet réagit à la politique
éducative de Luc Ferry : « L’élève au centre, pas l’enfant, cela voulait
dire que la totalité des efforts des enseignants et des établissements
devait conduire à développer les apprentissages et les compétences des
élèves. Cette affirmation n’était pas un truisme car elle signifiait que les
élèves avaient changé, d’abord parce que les enfants et les adolescents
étaient de plus en plus reconnus comme des sujets apprenants, et surtout
parce que la massification scolaire avait fait entrer au collège et au lycée
des élèves bien différents de leurs aînés… Aujourd’hui, cette timide
tentative de faire de l’école un espace un peu plus démocratique et un peu
plus éducatif est interprétée comme une forme de démagogie «jeuniste»… Il
est plus troublant encore d’attribuer les difficultés de l’école à une
dérive libertaire quand on sait que la discipline n’a cessé de se renforcer
sans pour autant réduire la vague d’incivilités, de violences, d’ennui et
d’absentéisme… Qui peut croire que les enseignants sont devenus des
animateurs socioculturels quand la quasi-totalité d’entre eux s’acharne à
faire son métier ?.. Mais nous sommes là en pleine pensée magique.
Qu’allons-nous faire des élèves qui n’auront ni la chance ni la grâce de se
plier à ce nouveau jeu ? Suffira-t-il de les déverser vers une
professionnalisation précoce pour que le modèle restauré fonctionne en paix
?… L’école doit transmettre un héritage, mais elle doit aussi préparer
l’avenir et construire une vie démocratique ; le débat scolaire n’oppose pas
le laxisme à l’ordre, mais l’éducation des individus à la restauration
illusoire et amère des ordres à jamais perdus ».

Article de Libération