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C’est un
constat unanime que font Le Monde et Libération ce 16 juin : la réforme de
l’école devient urgente sous peine d’explosion. Mais est-elle possible ?
Pour Luc Bronner, dans Le Monde, l’essentiel « réside dans la
clarification des missions de l’éducation nationale, donc de celle des
enseignants. Jusqu’où doit-aller l’enseignement obligatoire ? Quelle est la
culture commune » minimale que l’école s’engage à transmettre ? Comment
diversifier les parcours ? Doit-on maintenir l’objectif des 80 % d’une
classe d’âge à mener au niveau du baccalauréat ? »

Pour Emmanuel Davidenkoff, dans Libération, les conditions d’un débat sur
l’école ne sont pas réunies. « Cela ne tient pas au caractère hystérique
des anathèmes échangés ces dernières semaines, mais bien plus au formidable
mensonge sur lequel (sur)vit notre système éducatif depuis les années 60 :
structurellement, l’école ne veut pas de tous les élèves, contrairement à la
légende ânonnée depuis quarante ans ».
Il dénonce la double rupture
instituée lors de la mise en place du collège unique : la volonté de
démocratiser le système éducatif s’est heurtée au refus d’adapter la
pédagogie et le métier d’enseignant en collège en le « primarisant ». Au
contraire on a fait des collèges des petits lycées ce qui a mis en place
l’échec scolaire. « Si le mode de recrutement et les méthodes
d’enseignement des professeurs de ce qui allait devenir le «collège unique»
n’avaient pas été calqués sur ceux du lycée, la suite de l’histoire eût été
différente. Le Snes prit alors la responsabilité historique de défendre un
collège pour tous calé sur le modèle du lycée ; tout ramène à cette erreur
originelle. Parachevant un mouvement engagé depuis le XIXe siècle, l’Etat
exonère alors les enseignants du second degré de tout un pan de leurs
missions, pour ne garder que l’essence du métier : l’enseignement, stricto
sensu ».
Mais pour E. Davidenkoff, « aucun gouvernement ne semble prêt
à s’attaquer à la question névralgique de la nature des connaissances que
l’on transmet et à ses modes de transmission ». Seul un référendum peut faire
évoluer le système éducatif. Une analyse qui est proche de celle du
Collectif pour le collège unique sur la réforme nécessaire du système mais
qui oublie son existence. Ces forces qui existent en son sein pour sa
mutation pèsent-elles si peu ?

Article de Luc Bronner
Article d’Emmanuel Davidenkoff
Le
Collectif pour le collège unique