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Une étude
ministérielle établit que le privé réussit un peu mieux que le public mais a
bien du mal à dire pourquoi. La revue Education et formations consacre
l’essentiel de son numéro 69 à plusieurs travaux sur les différences entre
enseignements privé et public. Elles s’appuient sur un panel national
sélectionné parmi les 17% d’élèves du privé et les 83% du public. Le privé
attire-t-il davantage d’élèves ? Si en 2002 le flux net est en faveur du
privé à hauteur de 28.000 élèves, il est à l’avantage du privé en collège et
L.P. mais à l’avantage du public en lycée. Globalement, entre 1984 et 2002,
l’étude montre plutôt une stabilité. Le privé est-il l’école de la réussite
? Certes le privé compte un taux de succès en terminale supérieur au public.
Mais il se réduit fortement si on rééquilibre socialement les échantillons
d’élèves. Le privé est-il l’école des riches face à l’école du peuple ? Oui
car, si le public compte 18% d’élèves issus de milieux très favorisés, le
privé en a 29%. Inversement les défavorisés sont 40% et 27%. Mais… le privé
réussit beaucoup mieux aux pauvres qu’aux riches. Un enfant de cadre a plus
de chance de réussir son collège dans le public que dans le privé : 80%
d’accès en 2de en 4 ans dans le public contre 73%. C’est le contraire pour
les enfants d’ouvriers : les taux sont de 33% dans le public et 38% dans le
privé, comme si le privé avait été inventé pour eux. Pour la DEP,
« l’école publique apparaît comme moins démocratique que l’école privée
par les écarts sociaux de réussite qu’elle crée en cours de scolarité ».

Enfin, pour brouiller un peu plus les cartes, il faut souligner l’importance
des passages entre privé et public : 29% des élèves ont tâté au moins une
fois des deux systèmes. Certains zappent plus souvent. Pour Claudine
Peretti, directrice de la DEP au ministère, ces études tendent « davantage
à apaiser la querelle scolaire qu’à l’animer »
. Certes mais elles
expliquent mal que les familles acceptent des efforts financiers importants
pour mettre leurs enfants dans un privé qui globalement fait à peine mieux
que le public. C’est qu’elles évacuent totalement la dimension locale. Elles
reconnaissent pourtant la grande diversité des établissements privés : comme
dans le public, à côté d’établissements d’excellence, il y a des structures
qui accueillent des jeunes en difficulté. Des études locales permettraient
d’évaluer les effets d’établissement. Elles nous aideraient aussi à intégrer
les stratégies familiales dans cette réflexion globale. Bon nombre de
familles se positionnent par rapport à une offre scolaire locale. Pour
elles, le fossé privé / public est bien moins présent que la différence
entre les établissements de chaque Ecole. L’Ecole est devenue un service
plus qu’une institution.
Education et formations n°69
L’analyse d’E.Davidenkoff, Libération
Et celle de M. Laronche, Le Monde