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Communiquer en situation de crise ? Quel intérêt pour l’éducation ?

Le débat de ce mardi matin rassemblait des directeurs de la communication d’entreprises sensibles (nucléaire, eau), des professionnels de la communication du Maroc et d’Allemagne, ainsi qu’un journaliste, Rodolphe Landais.
Traiter d’un tel thème aurait sûrement intéressé les acteurs de l’éducation à double titre : D’une part pour mieux comprendre les techniques de communication et d’information qu’emploient ces professionnels dans des situations graves, d’autre part pour mesurer les enjeux éducatifs que représente désormais la connaissance et la comprhéension des mécanismes de l’information et de la communication dans notre société. De ces débats nous retenons quelques propos qui peuvent prêter à réflexion, nous vous les soumettons en désordre :
Un communiquant fait de la communication, un journaliste fait de l’information. Cette différence répétée à plusieurs reprises dans la matinée est semble-t-il fondamentale. Ainsi l’entreprise, le service public cherche à communiquer avec son environnement, ce qui signifie qu’il cherche à entrer en dialogue avec ses multiples interlocuteurs. Par contre le journaliste serait celui qui de son monopole de la parole informerait l’opinion publique de façon unilatérale. C’est sur cette définition des territoires respectifs que le débat a permis aux uns et aux autres de préciser les enjeux réels de leur relation à la situation de crise.
Le journaliste est tiraillé entre des contraintes et des taches. Il doit rapporter des faits, répondre aux contraintes techniques du média (délai, forme), il est  » le miroir déformant pour exprimer l’émotion du quidam « . Sa tâche principale en situation de crise est de trouver des  » clients  » (2 mais pas plus) c’est-à-dire des témoins qui ont un potentiel d’émotion suffisant pour bien passer auprès du public. Autrement dit le métier de journaliste est de travailler dans un contexte de contraintes, dont la hiérarchie est garante, au sein desquelles il doit se situer et surtout il doit faire jouer son éthique. Pourtant un certain cynisme habite la profession qui peut être amenée à diffuser des informations sans trop de  » précautions « .
C’est à partir de la là que la logique des directeurs de la communication des grandes entreprises se construit. Pour eux la communication de crise se prépare en permanence, c’est dans le quotidien que s’organise cette réactivité qu’en situation de crise on ne peut construire. C’est pourquoi, suivant les types d’entreprises et les types de crises, des  » porte-parole  » sont formés en permanence pour qu’ils soient en mesure de répondre aux demandes des médias. Ces  » porte-parole  » sont de plus en plus souvent des acteurs de terrain de l’entreprise et moins des spécialistes ou des responsables hiérarchiques qui ne sont pas toujours en mesure de répondre à la demande  » d’émotion  » que la presse recherche. Apprendre à communiquer sereinement est essentiel pour l’entreprise, éviter que le  » décor  » de la communication ne prenne le pas sur le message à transmettre, ne pas forcément mettre un dirigeant mal informé en position de communiquant et préferer le responsable de communication ou un expert formé.
Du coté de l’opinion publique, du grand public, que les participants ont eu du mal à définir, il semble se développer une attitude de  » victimité « . Cette attitude favorise ou est favorisée par une certaine forme de journalisme marqué par le coté marchand de la profession et les problèmes de désinformation. De ce débat apparaît alors clairement qu’entre le directeur de la communication et le journaliste il y a une zone de relation dont la dimension conflictuelle est réelle, même si les protagonistes du débat ont souhaité des rapprochements voir des proximités nouvelles qui ne manqueraient pas de confiner à la collusion si l’on n’y prenait grade. C’est d’ailleurs ce qui a été signalé à propos des collectivité territoriale qui auraient bénéficié d’un  » traitement de faveur  » de la part de médias qui n’y trouvent plus leur compte (ces rubriques de conseil municipal et autres n’intéressent plus le public). Annonçant que les collectivités allaient perdre leur place dans la presse, il a été soulevé la question du développement de la presse  » privée  » ou plutôt de la presse que diffusent gratuitement des collectivités territoriales. Concurrentes de la presse traditionnelle, elles ne se confondent pas avec elles. Les journalistes et les directeurs de la communication sont bien d’accord sur la nécessité d’échanger en permanence afin d’éviter les écueils que constituent cet espace de conflit.
Reste en fin de compte, l’usage, le lecteur, l’auditeur, le spectateur. Il a été négligé, si ce n’est méprisé dans ce débat. Au rang d’opinion public, l’usager semble rester un  » objet étranger  » dans le monde des professionnels de l’information et de la communication, qu’il est pourtant en train de troubler, si l’on prend en compte le développement de l’information sur Internet…

Quel développement des TIC dans les lycées d’Aquitaine ?

Les enjeux et les intérêts des participants de l’université de Hourtin varient d’une année à l’autre. C’est pourquoi les organisateurs de cette rencontre avec la vice présidente du Conseil Régional ont été déçus du petit nombre de personnes présentes à cette rencontre. Signe des temps ? Symptome d’une crise annoncée ? Simple saturation ?
Force est de constater que le débat a pourtant été d’autant plus important et riche qu’il a posé des questions importantes pour tous les usagers des lycées : comment faire en sorte qu’au-delà de l’équipement tout fonctionne. Le télescopage de cette question avec celle du transfert des personnels TOS sous la responsabilité des régions a amené la discussion sur le terrain de la  » maintenance et de l’accompagnement  » du fonctionnement des TIC dans les établissements scolaires. La difficulté de la région Aquitaine est probablement d’avoir voulu encourager l’autonomie des établissements pour leur équipement informatique ce qui a complexifié la possibilité d’une maintenance et d’une assistance simple.
A ces difficultés, s’ajoute celle de la mise en cohérence des actions des rectorats avec celle des régions. L’exemple, un peu particulier de la région Poitou-Charentes présenté par le responsable du CRDP, a mis en évidence la complexité de la tâche et aussi le problème posé par le financement des ressources humaines et techniques. Dans cette région, la proximité des responsables des différents services concernés semble avoir suffit à mettre en route une politique assez lourde (un nombre postes importants gérés par le CRDP et des heures -6 HSA par établissement – attribuées par le rectorat)
La région Aquitaine, dont l’étendue pose d’importants problèmes de définition d’un modèle efficace d’accompagnement, est en phase de réflexion et il est probable qu’une meilleure connaissance de chaque établissement est un préalable à toute action efficace.
Pour l’instant, il faut signaler que la politique de cette région est en train de basculer d’une logique d’investissement à une logique de fonctionnement (les ordinateurs sont renouvelés tous les quatre années et une politique de recyclage est mise en place). Cette évolution, qui pour l’instant ne peut concerner que le matériel (le logiciel restant d’une autre compétence) est cependant indicatrice d’une politique régionale qui se poursuit et qui tend à permettre une égalité des moyens pour tous les établissements. La signature d’une convention avec le CNED à l’issue de cette rencontre devrait permettre d’aider les élèves isolés de la région à suivre les enseignants dont ils ont besoin.

A propos du cartable électronique.

Initialement conçu et utilisé à l’université de Savoie avant d’être expérimenté dans des collèges en Savoie et en Isère, le cartable électronique connaît aujourd’hui un nouvel épisode de sa déjà longue existence. Christian Martel, s’est associé avec un industriel, Michel Bisac, pour acquérir les droits d’exploitation du cartable électronique et en poursuivre le développement. On retrouve leur offre parmi celles des candidats aux projets ENT que les collectivités territoriales et les académies lanceront à partir de la prochaine année scolaire. Face à ses concurrents, le cartable électronique comptera sur des atouts importants : c’est un projet éprouvé qui bénéficie de plusieurs années d’expérimentation dans de nombreux établissements scolaires, du primaire à l’université ; il profite également de l’expérience de son concepteur, ancien instituteur, et de sa sensibilité aux questions éducatives. De la discussion que nous avons eu avec lui, nous retenons l’idée que le succès des projets d’ENT dépend sans doute de facteurs dont les plus importants ne sont pas de nature technologique, ni même peut-être pédagogique. Les ENT n’ont pas pour vocation de provoquer des mutations dans les pratiques pédagogiques mais, plus subtilement, de permettre aux enseignants d’un établissement, à leurs élèves et aux familles de communiquer au quotidien sur une plate-forme commune, chacun restant libre de ses buts, de ses droits et de ses devoirs. Il y a donc dans les ENT, une dimension individuelle (chacun accède, selon son statut, à des services hautement personnalisés) et une dimension collective : l’ENT est avant tout l’outil d’un communauté. L’une et l’autre de ces deux dimensions interagissent évidemment, au point d’ailleurs qu’il est difficile d’imaginer le succès de l’une sans le succès de l’autre. Christian Martel apporte à cette question un argument de poids :  » L’architecture du cartable électronique est absolument symétrique entre l’individuel et le collectif ; ainsi, sur la page d’accueil, celle sur laquelle on peut saisir son nom et son mot de passe pour accéder à ses services personnels, les informations et les documents disponibles ne peuvent être que ceux produits par des groupes constitués. « 

Présentation du fonds Barbou

Le CRDP de l’académie de Bordeaux met à la disposition des enseignants un fonds de plus de 12 000 images du patrimoine local. Indexées sur plusieurs champs : géographique, historique, thématique, les photographies sont libres de droit pour une utilisation en classe. L’intérêt de ce fonds est de permettre à l’enseignant ou à l’élève de se créer un album. Grâce à l’outil qui accompagne cette base photos, l’utilisateur peut se créer un parcours avec commentaires, questionnaires… On trouve dans ce stock de photographies aussi bien des bâtiments, des photographies de port, d’usines, des couches stratigraphiques, … le tout attaché à la région Aquitaine.
Consultable sur le site du CRDP de l’académie de Bordeaux :
http://crdp.ac-bordeaux.fr

Education aux médias : bilan et réalités des pratiques

Si le développement des médias paraît immense à l’échelle de l’humanité, ce qui l’est bien davantage, c’est le temps d’exposition des enfants aux écrans et aux médias. On estime qu’un enfant passe en moyenne 1200-1400 heures dans un  » rapport au monde médiatisé « . La prise en considération de cette nouvelle donne devrait logiquement impliquer l’ouverture d’un nouveau champ de formation : l’éducation aux médias. François Boulet, Directeur du site des archives numérisées (Société Radio Canada) nous apprend hélas, que la réforme de l’enseignement de son pays commencée au primaire, diminue voire abandonne ce champ. Cela est d’autant plus triste que nous connaissons les performances que le Canada a développées en matière d’éducation aux médias. Encore plus décevant : nous apprenons que peu de personnes se sont opposées à cette disparition. Il y voit deux raisons essentielles : peu de personnes se sont opposées car peu de personnes sont formées à enseigner l’éducation aux médias et les enseignants ont le sentiment d’être dépassés dans leurs compétences techniques de manipulation des outils par leurs élèves. En France, plusieurs organismes le prennent en compte dans ou hors de l’éducation nationale. Le Clémi en partenariat éducation/professionnels de l’information se donne pour mission d’éduquer l’élève à la critique des médias de façon à former un élève capable d’agir, responsable et notamment responsable de ses productions. En effet, le Clémi accompagne des projets de création de journaux, d’émissions de radio, … création des élèves eux-mêmes… Ce qui est bien mais qui n’apparaît pas suffisant pour Christian GAUTELLIER du CEMEA (Centre d’entraînement aux méthodes d’éducation active). Ce dernier demande de la part des autorités publiques qu’il y ait une exigence de qualité des programmations pour la jeunesse. Une note d’espoir est apportée par Jean-Pierre SPIRLET, journaliste à Sud-Ouest, pour qui ce qui semble important ce n’est pas seulement d’éduquer, mais aussi de permettre à l’enfant de faire le choix d’être en immersion dans le monde médiatisé par moment et de s’en isoler en lisant un bon bouquin à d’autres moments ou de sortir faire un foot, voir des copains…

Contenus pédagogiques : les collectivités s’en mêlent !

Qui doit payer pour les nouvelles ressources pédagogiques éducatives ? Comment assurer l’égalité des territoires dans ce développement ? Qui doit choisir et sur quels critères les ressources pédagogiques ? Autant de questions que le développement rapide des ressources numériques, « qui fait bouger la frontière », pose de façon plus urgente. Pour traiter ces problématiques, l’Université d’été accueillait des éditeurs, des responsables académiques, une élue locale et un investisseur public. L’avis des éditeurs est unanime : les nouvelles ressources captiveraient les élèves, le taux de satisfaction serait écrasant. Mais pour les collectivités locales, appelées à soutenir financièrement leur développement dans une proportion croissante, la facture est lourde ce qui génère une inégalité d’un territoire à l’autre. Pour Serge Bergamelli (Caisse des dépôts et consignations), la charge ira croissant. Un sentiment partagé par les responsables académiques qui soulignent que cette croissance correspond à une évolution pédagogique : l’enseignant n’est plus seul détenteur et fournisseur du savoir. Les collectivités locales, fortement sollicitées, attendent, elles, de l’efficacité pédagogique.

Ressources pédagogiques : comment s’y retrouver ?

Comment mettre en place un système d’échange des pratiques ? Comment encourager la création de contenus ? Pour Benoît Sillard, délégué aux usages de l’Internet, la France doit faire un effort pour développer des ressources de qualité, ce qui justifie le regroupement des éditeurs de ressources électroniques en deux structures, le CNS et le KNE. Il annonce la réalisation d’un catalogue des ressources pédagogiques électroniques disponible début 2005 ainsi qu’un « plan de mutualisation » pour accompagner le développement des TICE dans les établissements. Mais alors quelle place pour l’édition non commerciale ? Michel Chaumet, directeur de CRDP, regrette que les CRDP soient « oubliés » dans les nouveaux canaux de diffusion. F. Jarraud, du Café, appelle à la création d’un pôle associatif capable d’amener sur ces canaux les valeurs et les créations des enseignants.