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9h45 le 18 novembre. « Une jeune CPE a frappé à la porte, a demandé Samuel. Il s’est levé, s’est avancé. Elle lui a dit de prendre ses affaires, il faisait froid, il a pris sa veste. Elle a précisé : « Toutes tes affaires ». Un jeune élève de 13 ans, tchadien, a aussitôt compris et s’est exclamé : « Samuel ! Tu es expulsé ! ». Samuel Johnson, orphelin, est Ghanéen, réfugié et collégien à Pau. Il a été arrêté en novembre au sein de son collège. Mineur selon ses papiers d’identité, il est considéré comme majeur par la police française et semble-t-il par le consulat ce qui permet son expulsion. Il a refusé de s’embarquer le 16 décembre et est depuis incarcéré. Pour Isabelle Larrouy, professeure de Samuel, interrogée par le Café, « il est extrêmement difficile d’avoir un discours enseignant et pédagogue lorsque les adultes sont discrédités dans leur rôle de protecteurs. Cette structure non francophone a pour objectif, outre de reverser rapidement les élèves dans les classes banales, qui reste l’objectif premier, de sécuriser, d’apaiser celui qui a vécu des traumatismes – le déracinement est le premier -, puis d’amener l’élève à se projeter vers l’avenir, pour construire son orientation, débarrassé des angoisses du présent, au moins le temps de l’école. Comment peut-on rester serein, lorsque l’angoisse de la moitié de nos élèves se concrétisent par l’arrestation de l’un des leur dans le lieu même de l’école ? »
Contact : aider.samuel@netcourrier.com