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Quels usages scolaires peuvent être initiés avec un réseau à large bande ? Un rapport fait le point sur un projet de bureau virtuel québécois qui a concerné, depuis 2001, plus de 100.000 élèves et 6.000 enseignants. Autour d’un réseau à fibre optique, trois commissions scolaires ont développé trois projets. Deux concernent la production de vidéos numériques pour l’éducation, diffusées par le réseau. L’impact sur les pratiques pédagogiques semble réel mais limité : « parmi les enseignants qui ont utilisé le service, ceux qui ont adopté de nouveaux modes d’exploitation de la vidéo sont relativement nombreux bien que minoritaires ». Le troisième projet visait le développement de portails éducatifs comprenant une sélection de ressources. « Il s’agissait d’encadrer dans un portail personnalisé en fonction de la clientèle, l’accès aux nombreuses ressources… maintenant disponibles à un grand nombre d’usagers grâce aux réseaux à large bande passante » en assurant un environnement simple et sécurisé. Ainsi ont été mis en place 5 portails concernant les élèves du primaire, du secondaire, du préscolaire, des enseignants et des cadres scolaires. L’étude ne permet pas d’évaluer l’impact sur les pratiques pédagogiques mais l’expérience a permis d’identifier des obstacles : la lenteur des directions à les utiliser pour communiquer avec les enseignants par exemple, la nécessité d’une formation etc. Selon le rapport, ces portails pourraient favoriser l’intégration pédagogique des TIC : « on ne craint pas de faire travailler les élèves.. et les élèves trouvent des ressources valables plus rapidement ». Certes, mais la constitution de cet internet-bis ad usum delphini ne favorise pas une éducation à la maîtrise des technologies de l’information absolument nécessaire et risque d’enfermer un peu plus l’école dans un univers clos et artificiel. Le rapport pose également la question de la production de contenus numériques pour ces espaces clos : « y-aura-t-il une rentabilité future pour les fournisseurs de contenus ? S’il n’y a pas de rentabilité, les contenus généraux continueront certainement à être disponibles mais les contenus de grande qualité le seront-ils ? » . Le rapport ne propose pas de solution à ce délicat problème si ce n’est l’attribution de crédits complémentaires aux établissements pour acheter ces contenus en espérant que le marché intéresse les éditeurs de manuels. Au moment où la France expérimente les espaces numériques de travail, il est particulièrement intéressant de voir les mêmes tentations et les mêmes difficultés apparaître outre-atlantique. Tentation de refermer l’école sur un univers scolaire sécurisé, à l’image du manuel scolaire. Tentation d’utiliser le réseau comme une nouvelle télévision recevant l’information (plutôt que la produisant). Difficulté à créer un marché d’édition alors qu’il faudrait inventer un autre mode de production. Enfin cette expérience illustre aussi le délicat rapport entre la technique et les usages. Une expérience à méditer.
Le rapport