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« Optimisme délirant, non. Battu, non ». Luc Bérille, secrétaire général du SE-Unsa conclut sur ces mots la table-ronde consacrée au projet de loi d’orientation sur l’école. Elle réunit, à Paris, le 26 janvier, Antoine Prost, historien de l’éducation, Yves Durand, secrétaire national du PS pour l’éducation et Pierre-André Périssol, député UMP et membre de la commission Thélot. En ouverture, le SE-Unsa publie les premiers résultats d’un sondage sur la loi Fillon mené auprès de 3.000 enseignants. Si certains aspects de la loi séduisent, l’idée du socle commun, du « contrat individuel de réussite éducative »(CIRE), du conseil pédagogique dans les établissements, d’une partie de contrôle continu au bac; les enseignants jugent négativement le texte : seulement 3% pensent que les mesures contenues dans le projet de loi permettront d’atteindre les objectifs visés. Même condamnation (à 70%) de l’intégration des IUFM en université. Ils proposent la scolarisation obligatoire dès 3 ans et demandent une redéfinition des missions des enseignants englobant l’aide aux élèves. La ligne du SE-Unsa est ainsi posée : le syndicat souhaite amender la loi Fillon. Une position partagée par Antoine Prost. Pour lui, « le problème de l’Ecole c’est d’abord ce que doivent savoir les 20% d’élèves qui la quittent sans rien ». L’idée du « socle commun  » lui semble positive. Jugement plus réservé sur le CIRE qui peut être « la meilleure des choses s’il veut dire pédagogie individualisée et différenciée » ou la pire s’il sert à exclure en le culpabilisant l’élève en échec. Antoine Prost estime que l’intégration des IUFM en université est possible à condition de sauvegarder leur autonomie de gestion. Pierre-André Périssol plaide pour l’amélioration de la loi en se basant sur le rapport Thélot. Yves Durand voit dans le projet de loi Fillon « une supercherie et un renoncement ». Supercherie car « derrière les objectifs annoncés il y a dans les faits l’inverse de ces ambitions ». Les moyens ne permettent pas l’individualisation annoncée, le projet ne prend pas en compte la dimension sociale des inégalités scolaires. Le projet rompt avec l’enseignement obligatoire jusqu’à 16 ans et la logique des cycles, voilà pour le renoncement. Que faire alors face au projet ? Pour Yves Durand la loi passera avec des amendements qui n’en altéreront pas l’esprit. Mais rejetée par les enseignants et les parents elle ne sera ni durable ni appliquée. Luc Bérille regrette que le ministre n’ait su saisir l’opportunité d’un véritable consensus sur l’Ecole.
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