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Les amendements adoptés par le Sénat sont-ils compatibles avec les valeurs du monde éducatif ? La Commission des affaires culturelles du Sénat a approuvé le 10 mars le projet de loi d’orientation pour l’avenir de l’école. Elle a adopté 132 amendements qui touchent plusieurs points du texte et en renforcent le caractère conservateur. Dans l’attente de la publication samedi de l’intégralité du rapport de la Commission, seule une partie du texte est connue.
Sur l’orientation : Estimant que  » l’école doit reconnaître et valoriser la diversité des élèves et de leurs talents, et promouvoir toutes les formes d’intelligence », les sénateurs ont ainsi modifié l’orientation des élèves en adoptant un amendement stipulant que « la formation scolaire doit… permettre à chaque élève de réaliser le travail et les efforts nécessaires à la mise en valeur et au développement de ses aptitudes, aussi bien intellectuelles que manuelles, artistiques et sportives » ce qui pourrait ouvrir la voie à de nouvelles formes de sélection.
Sur le fonctionnement des établissements : le Sénat souhaite que le président du conseil d’administration des établissements puisse être choisi en dehors du personnel éducatif dans les L.T. et les L.P. : « les lycées d’enseignement technologique ou professionnel peuvent mener, pour une durée maximum de cinq ans, une expérimentation permettant au conseil d’administration d’élire son président parmi les personnalités extérieures à l’établissement siégeant en son sein ». Un autre article fait entrer « les acteurs de la société » (élus locaux, police etc.) dans la vie des établissements. La Commission invite les établissements à travailler en réseau par bassin de formation.
D’autres amendements ont été déposés et pourraient être adoptés par le Sénat. Plusieurs visent à imposer une conception autoritaire des valeurs républicaines . Citons les plus savoureux :  » La Marseillaise doit être chantée au moins une fois par semaine scolaire… Un enseignement de morale civique est dispensé chaque matin au début des cours… Afin de contribuer à l’éducation civique et aux exigences de la vie en commun et en société, les élèves sont tenus de participer au fonctionnement quotidien de l’établissement notamment en ce qui concerne l’entretien des locaux (balayage sommaire, rangements divers…), la remise en état des locaux salis de leur fait (produit salissant renversé sur les sols, entrée en classe avec des chaussures mal nettoyées….), le service à la cantine (installation puis rangement des tables et des chaises, vaisselle….), menus travaux non dangereux utiles au bon fonctionnement de l’établissement ou à l’apprentissage de la vie pratique ».
Un autre vise à payer les enseignants au résultat :  » En liaison avec les chefs d’établissement, l’évaluation des personnels enseignants par les corps d’inspection prend en compte l’évolution des résultats atteints par les élèves dont ils ont la charge. »
Il y a donc lieu de penser que l’adoption de certains de ces amendements pourrait accentuer la mobilisation des enseignants et des élèves contre la loi. Le Sénat étudiera la loi du 15 au 17 mars.
Le projet de loi au Sénat