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Partout dans le monde, l’orientation se situe au coeur d’enjeux socioéconomiques, au carrefour d’acteurs et de politiques aux intérêts souvent divergents. La Revue internationale d’éducation de Sèvres lui consacre son numéro d’avril 2005 (n°38) coordonné par Georges Solaux avec le souci de présenter des contextes nationaux variés. En effet, se croisent des systèmes éducatifs de pays développés (Belgique, Royaume-Uni, France), de NPI (Taïwan) et de pays en développement (Maroc, Laos, Burkina Faso). C’est dire la diversité des situations économiques et sociales, des systèmes éducatifs, des ambitions nationales et aussi des valeurs en oeuvre dans ces sociétés. Comment organiser des éclairages aussi divers ?

La première partie est dédiée à l’orientation au collège à travers les exemples de la Belgique francophone et du Maroc. La première est marquée par une sélection précoce dès le premier cycle du secondaire, au gré des conseils de classe et d’une procédure assez opaque. Les mauvais résultats du système scolaire belge amènent les ministres francophones à le réformer. Le second est marqué par l’inaptitude de l’Etat à scolariser toute la jeunesse au-delà de la scolarité obligatoire. D’où une sélection brutale qui éjecte plus de la moitié des jeunes (53%), quelles que soient leurs compétences et aggrave les inégalités sociales.

La seconde partie de la revue concerne l’orientation vers le supérieur à travers les exemples du Brésil, de Taïwan et du Burkina Faso. La dernière partie s’intéresse aux politiques publiques. L’exemple anglais est particulièrement intéressant puisque le service public a été privatisé, ce qui nous ramène au cas français. Or pour André Legrand, en France aussi, « il apparaît que l’Education nationale s’est progressivement retirée du jeu alors que le développement de la décentralisation et de la déconcentration renforçaient l’autonomie des acteurs locaux et que les services d’orientation étaient rejetés à la périphérie du système ». Le dernier rapport de l’Inspection générale insiste sur les inégalités criantes en matière d’orientation particulièrement pour l’accès au lycée et la réduction de la mixité sociale dans les établissements. Un mécanisme que la loi Fillon, en liant l’orientation aux résultats du brevet et en refusant de faire le choix de la déségrégation, va laisser se développer.

Il manque peut-être une conclusion à ce numéro. Mais tel quel, il apporte des éclairages qui permettent une compréhension des enjeux et des valeurs qui sous-tendent la fabrication des élites dans des sociétés différentes.

Revue internationale d’éducation, Sèvres, n°38 avril 2005, Les défis de l’orientation dans le monde, CIEP, mars 2005.
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