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Le rapport Thoraval

« Aujourd’hui la mauvaise connaissance par les parents des techniques de l’Internet ou encore le manque de référents communs avec les jeunes internautes obèrent les chances d’un dialogue au sein de la majorité des familles et… est propre à nourrir en retour un sentiment de défiance vis-à-vis d’un outil qui devient indispensable ». En mettant l’accent sur le risque de rejet d’Internet et en présentant ses usages avant tout comme une pratique familiale et culturelle, le rapport remis par Joël Thoraval et Olivier Peraldi au ministre de la santé apporte une réflexion nuancée sur la « protection de l’enfant » sur Internet.

Les auteurs montrent d’abord l’écart qui existe entre la perception que les parents ont des usages des enfants et la réalité. Par exemple, selon une enquête réalisée en février 2005 par l’Ifop, les parents pensent que 18% des 12-17 ans chattent alors que le taux déclaré par les jeunes est de 48%. Une récente enquête britannique, citée dans Le Café 62, a confirmé ce grand écart outre-Manche : 4% des parents pensent que leur enfant a pu recevoir des sollicitations sexuelles alors que 4% des parents pensent que leur enfant a pu en être victime. Dernière contradiction française, 78% des parents déclarent surfer avec leurs enfants, ces derniers déclarent à 73% naviguer seuls ! Ajoutons encore quelques chiffres : un jeune sur trois a accès à Internet chez lui dans une pièce où il est seul, un sur cinq ne parle jamais d’Internet avec ses parents.

Un autre point fort du rapport c’est de montrer la variété des risques et de mettre en évidence les dérapages commerciaux. Il donne des exemples précis d’entreprises dont la stratégie commerciale (le teen marketing) cible les enfants pour garder les parents ou même propose aux parents des services qui les « remplacent » : par exemple la lecture du soir suppléée par un fichier sonore quotidien (sur AOL). Aussi le rapport insiste-il sur la nécessité d’éduquer aux médias parents et enfants.

Malheureusement cette riche réflexion débouche sur des propositions décevantes. Le rapport demande une « campagne de sensibilisation » et la création d’un « programme pédagogique destiné à une appropriation familiale de l’Internet » comme si distribuer un programme suffisait à changer la vie familiale. Pire encore il avance une idée, ancienne outre-atlantique, celle de l’estampillage des sites par un label « qualité – famille » délivré par un comité ad hoc.

S’il salue « le rôle stratégique de l’école », le mot B2i y apparaît une seule fois. A-t-on déjà renoncé à une véritable éducation à Internet ?
Le rapport Thoraval
Rappel : étude britannique (en pdf)