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A l’université des Instits… Chronique

Durant trois jours, le SNUipp, syndicat des enseignants des écoles, organisait dans le Var la 5e édition de son Université d’Automne. 400 enseignants, et 35 chercheurs de toutes origines qui viennent confronter leur savoir à l’expérience concrète des enseignants.

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Delphine vient pour la troisième fois. Elle n’est pas plus intéressée que ça par le syndicalisme, mais trouve  » la démarche dynamique » : pour se tenir au courant des recherche dans tous les domaines, remettre en question ce qu’elle fait dans sa classe, compléter sa formation personnelle. « C’est un concentré ».
Elle était très distante au début : « Je me suis inscrite comme ça, mais ça ne collait pas vraiment avec l’image que j’avais des militants syndicaux que je connais, qui sont toujours à critiquer que l’école récupère trois sous auprès de l’IEN, sous prétexte que les autres n’ont pas eu la même somme. Dans ces cas là, j’ai parfois l’impression qu’ils ne défendent pas le dynamisme dans les écoles. Alors, la première fois que je suis venue à l’université du syndicat, c’était sur la pointe des pieds. Et cette année, c’est la troisième fois, c’est vous dire si j’y ai pris goût« .

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Laurent, PE2 à Dijon, la rejoint, bien en peine de dire ce qui différencie un syndicat d’un autre. Un de ses pairs utilise lui aussi l’effet d’aubaine pour prendre du recul sur ce qu’on lui dit à l’IUFM : « C’est la première fois que j’entends un discours comme celui de Saujat, qui trouve normal que j’aie d’autres préoccupations que celles des formateurs, quand je suis en classe ! Ca me rassure, j’ai tellement l’impression qu’on me dit que je ne suis pas à la hauteur…« 

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Très intéressée par les questions de recherche, Sandrine, de Marseille, veut profiter du congrès pour « écouter ce qui se dit ». « C’est drôlement bien que le syndicat le fasse, mais si elle trouve dommage que l’institution n’y consacre pas plus d’énergie« . Et Cécile, sa collègue, compte bien prendre la parole pour dire son ras-le-bol de l’évaluationnite, qu’elle juge être « du temps perdu qu’on ferait mieux de passer à travailler ensemble à parler de nos pratiques« .

Françoise, Isabelle et Mireille, maître G, travaillant en RASED, sont venues en voisines :
« – La proximité, c’est une opportunité.
– Pour moi, c’est la survie du syndicalisme qui est en jeu. Beaucoup de gens ne comprennent pas que c’est une dimension syndicale essentielle, pour la survie du syndicalisme « .
– Garder un esprit critique, amener les gens à réfléchir…
– Et permettre à des gens de changer d’image sur ce que nous avons à faire ensemble, en se soutenant les uns les autres, en puisant des éléments concrets pour la classe.
– Se ressourcer, se retrouver dans d’autres situations que les manifestations…
« .

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Au menu, des ateliers qui s’enchaînent, y compris après le repas du soir. Plusieurs intervenants en profitent pour tenter un peu d’exotisme : le sociologue va écouter ce qui se dit en éducation à l’environnement, le mathématicien va profiter de la conférence sur les arts visuels. « On travaille tellement dans des recherches pointues qu’on a parfois du mal à se tenir au courant de ce qui se dit dans un domaine voisin. Pour nous aussi, ces moments de confrontation et d’échanges sont une bouffée d’air salutaire » explique l’un d’eux.

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Mais c’est autour d’un verre que les paroles se libèrent. On ne connaît pas son voisin de table, mais les expériences ne mettent pas longtemps à se croiser. Même de l’autre bout de la France, les expériences vécues font écho. Les occasions ne sont pas si fréquentes que de vérifier qu’on peut à la fois  » être du métier  » et si différents… » Ce qui me fait du bien, explique Isa, enseignante en CLIS, c’est d’entendre mettre des mots sur des choses que je ressens tous les jours, de manière diffuse. C’est génial quand tu vois que l’autre arrive à mettre des mots sur ce que tu ressens !« 

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Il faudra bien la semaine de vacances pour digérer le kaléidoscope d’informations et de rencontres fugaces. Avant de retrouver les élèves, seul  » juge de paix  » des multiples pistes de travail que les participants vont vouloir explorer avec eux…

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Inutile de dire que nous ne rendons compte ici que de quelques ateliers, sans autre choix que celui du hasard. Pour le compte-rendu plus exhaustif, « un document va être envoyé dans toutes les écoles », explique Bernadette Groison, une des chevilles ouvrières du projet. « Une occasion de faire profiter tous les collègues du travail engagé. Et les paroles issues de la recherche sont suffisamment diverses pour que chacun puisse y faire ses propres choix, ses propres priorités. Parce que dans la classe, seul lieu important pour l’élève, personne ne peut le faire à la place de l’enseignant…« 

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Patrick Picard