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Salle des profs - Photo Café pédagogique

Gilles de Robien était-il malade lundi 9 janvier ? Nous l’ignorons mais nous nous interrogeons après 24 heures passées sans l’annonce par le ministre de l’éducation nationale d’une réforme d’envergure. C’est que, sur un rythme sarkozien, G. de Robien a lancé les médias début janvier dans une course folle, annonçant la mise en place de policiers dans les établissements, une réforme miraculeuse de la lecture, la refonte des programmes et, le 8 janvier, le retour de la bivalence.

« L’enseignement unique est une particularité française. En Allemagne, c’est le contraire » a affirmé le ministre au Grand jury Le Figaro – RTL – LCI le 8 janvier. « On va dire aux profs d’histoire qu’ils doivent connaître une langue étrangère, nous pourrions dire que la formation des enseignants doit leur permettre de savoir enseigner deux matières, peut-être l’histoire et le français, ou les sciences et les mathématiques ». Le ministre affirme pourtant qu’il n’a pas l’intention de créer un nouveau corps comparable à celui des PEGC. L’AFP souligne de son coté qu’un candidat sur sept au capes a opté pour présenter une « option supplémentaire » (en fait une seconde matière) au concours.

L’idée peut donc séduire et pourrait appuyer une formation plus professionnelle des enseignants. Mais il semble bien qu’elle ne soit avancée que pour des raisons comptables par le ministre.

Curieuse est également sa perception des systèmes éducatifs européens. Voici remis à l’honneur le système (on devrait sans doute dire les systèmes) allemand, où l’on connaît également l’apprentissage précoce, alors que l’enquête internationale PISA a mis en évidence ses mauvais résultats éducatifs. En Europe, et souvent en Allemagne, la spécialisation des enseignants est la règle, comme l’affirme une enquête européenne d’Eurydice. Cependant, il est vrai qu’elle comprend parfois deux matières (comme physique – chimie ou histoire – géographie chez nous). « La formation initiale des enseignants de l’enseignement secondaire inférieur est hautement spécialisée dans une ou deux matières… Dans bon nombre de pays, l’obtention d’un diplôme d’enseignant est liée à une forte spécialisation et les enseignants dispensent des cours dans d’autres matières que les leurs uniquement dans le cadre de mesures d’urgence adoptées en cas de pénuries d’enseignants. Dans quelques pays seulement, les enseignants qualifiés pour dispenser plusieurs matières font partie de la norme. Assurément, la bonne maîtrise des matières est un élément inhérent à la formation des enseignants et la spécialisation disciplinaire y contribue certainement.. Parmi les 25 pays où les enseignants sont formés comme spécialistes, 10 limitent la spécialisation à une seule matière. Dans les autres, les enseignants spécialistes sont qualifiés pour dispenser une ou deux autres matières tout au plus… En Allemagne, certains Länder imposent des combinaisons de matières aux élèves enseignants, d’autres pas ».

Le Se-Unsa a dénoncé « la volonté gestionnaire d’économie qui obsède le Ministre ». Pour le Snes,  » tout est bon pour rentabiliser au mieux les postes d’enseignants, ce que facilitera la généralisation de la bivalence ».
Dépêche AFP
Etude Eurydice (pdf)
Communiqué Se-Unsa