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RIE 40

« Au-delà de la diversité des politiques… on observe une grande convergence des constats et en premier lieu celui de l’épuisement d’un modèle scolaire souvent hérité du XIXème siècle et lié,presque partout, à une forme de crise de l’Etat-nation. Les systèmes éducatifs sont partout confrontés aux conséquences sociales de la massification scolaire… La difficile prise en compte de la diversité des élèves par l’école, le divorce croissant entre l’idéal de progrès et d’égalité en éducation et sa traduction dans les faits, dans et par l’école, qui semble consommé, entraînent le désarroi des acteurs et un constat global d’échec des réformes ».

Dans l’introduction à ce nouveau numéro de la Revue internationale d’éducation, Philippe Duval et Marie-José Sanselme présentent des inquiétudes communes à tous les systèmes éducatifs, au moins dans les pays développés. La revue va donc enquêter, à travers 26 études de cas couvrant 21 pays, pour voir comment l’Ecole relève les défis de ce début de siècle.

Plusieurs questions sont posées. Comment les systèmes éducatifs peuvent-ils être plus efficaces ? Comment sont formés leurs cadres ? Comment les politiques éducatives s’adaptent-elles aux évolutions des sociétés ? L’autonomie des établissements, qui semble partout prônée, est-elle un gage d’efficacité ? L’enseignant est-il acteur ou spectateur du changement ? Sait-il s’adapter à la diversité des élèves ?

Ainsi sur la question de l’impact des évaluations sur les systèmes éducatifs, deux articles montrent des attitudes opposées. En Allemagne, les résultats de PISA, assez catastrophiques, sont à l’origine d’un consensus entre l’Etat et les Länder pour réformer l’Ecole. Le dispositif pré-scolaire est renforcé, les écoles à temps plein se multiplient, des standards nationaux ont été élaborés dans certaines disciplines pour relever le niveau. En France l’information sur ces résultats reste insuffisante.

La question de l’autonomie des établissements est également abordée de façon différente. Signalons d’abord que cette autonomie concerne les programmes et l’organisation pédagogique et pas seulement la gestion. Aux Pays-Bas, Hetty Mulder présente le cas d’une école qui s’organise à la demande des élèves et qui obtient de bons résultats. En Angleterre, Muriel Robinson tient à montrer les limites de l’autonomie. « L’autonomie n’est pas le plus important. Ce qui importe c’est la connaissance profonde de la façon dont les enfants apprennent. Si une école dispose d’une équipe de professeurs qui ont compris la complexité de l’enseignement… cet établissement peut travailler, malgré les contraintes nationales , à créer un environnement propice aux apprentissages… Si les professeurs n’ont pas cette vision… ni l’autonomie, ni un système directif ne les aideront à prendre soin de leurs élèves ». En Ontario, où les écoles jouissent d’une grande autonomie, celle-ci pose problème. D’une part elle augmente les responsabilités des enseignants. Surtout, finalement, elle a accru les inégalités sociales et ethniques devant l’Ecole.

Ce numéro important apporte donc plus d’interrogations que de certitudes si ce n’est celle de l’inadaptabilité des systèmes éducatifs et l’intérêt de la comparaison internationale.
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