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« Au vu de son dossier, le ministre arrêtera prochainement une décision mieux proportionnée à la faute commise par ce fonctionnaire ». Dans un communiqué de presse, Gilles de Robien laisse entrevoir une issue positive au recours déposé par le proviseur révoqué pour son blog. C’est que l’affaire Garfieldd pourrait se transformer en « proviseurgate ».

Le Monde du 20 janvier apporte quelques éclaircissements sur l’attendu de la décision de révocation. Elle serait motivée par le fait que le proviseur aurait  » diffusé des textes et des photos évoquant ses expériences sexuelles, parfois de manière explicitement obscène ou pornographique… Par ce blog il rend publiques des correspondances (…) avec d’autres détenteurs de blog qui lui répondent sur des thèmes manifestement pornographiques, l’un des correspondants, au moins, diffusant des photos où des mineurs sont représentés à côté d’adultes ».

Or la consultation des archives du blog permet de constater que celui-ci ne contient pas de documents pornographiques. Son auteur ne saurait être tenu pour responsable des publications sur d’autres sites. Lui-même affirme dans Le Monde « Je veux bien admettre que j’ai agi avec légèreté et que j’aurais dû être plus prudent, car par recoupement on a réussi à m’identifier mais en aucun cas on ne peut m’accuser de diffamation ou d’atteinte aux bonnes moeurs. »

De cette affaire on peut déjà tirer deux conclusions. La première c’est l’instrument de liberté que constitue Internet. C’est grâce à « Internet Archive », une association américaine, que le public a accès au contenu du blog Garfieldd et peut constater les failles de l’accusation. La seconde c’est, malgré tant de déclarations, l’inadaptation de la culture administrative française à l’Internet. Celui-ci bouleverse ses repères et conteste ses usages. Cet incident révèle l’opposition entre la culture du silence et de l’autorité verticale, qui est celle de l’administration, et celle d’Internet qui repose sur la diffusion de l’information par des réseaux horizontaux. Cette culture de réseaux, l’éducation nationale échoue à l’intégrer tant elle lui est étrangère, même si elle est particulièrement importante pour la diffusion de la formation pédagogique et son propre fonctionnement.

L’affaire Garfieldd pose clairement les questions de l’égalité des droits des homosexuels dans l’administration et de la liberté d’expression de ses agents. A ces deux questions, il faudra une réponse ministérielle. Il n’est pas indifférent de voir à nouveau le ministre déjuger son administration.
Communiqué
Article du Monde
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