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Photo MOrguefile

Une chose qui est maintenant claire c’est qu’à une époque où les ordinateurs sont fortement présents dans la vie quotidienne et l’éducation, la minorité d’élèves qui y ont peu accès, qui les utilisent peu, et qui sont peu confiants dans leurs compétences informatiques, n’obtiennent pas de bons résultats ». Sous le titre « Are Students ready for a Technology-Rich World ? », l’OCDE publie une enquête qui croise les résultats scolaires des adolescents de 15 ans établis par l’enquête PISA 2003 avec leur familiarité avec l’ordinateur.

Ainsi, si les élèves qui n’ont pas accès à un ordinateur à la maison ont des résultats nettement inférieurs, « c’est partiellement parce qu’ils proviennent plus fréquemment de milieux défavorisés, mais l’écart constaté ne peut s’expliquer par le statut social ». Pour autant, l’étude de l’OCDE n’établit pas un lien évident entre l’usage des TIC et la réussite scolaire : « on peut difficilement distinguer les élèves qui effectuent fréquemment des recherches sur Internet de ceux qui le font occasionnellement, même si ceux qui le font rarement ou jamais ont de moins bons résultats scolaires… Ceux qui utilisent le plus l’ordinateur ne l’utilisent pas forcément au mieux ».

Ce qui est particulièrement intéressant c’est que cette étude confirme le résultat d’une autre recherche. Signalée dans L’Expresso du 25 janvier, celle-ci se basait sur d’autres données : celles des tests américains mais arrivait à la même conclusion :  » Les adolescents qui ont un ordinateur à la maison ont 6 à 8% de chances en plus de réussir leur lycée que les adolescents qui n’ont pas d’ordinateur à la maison compte tenu des variables familiales et sociales ».

L’étude OCDE apporte des explications à ce rapport entre TICE et résultats scolaires. Contrairement à ce que beaucoup d’enseignants pensent, les jeunes n’utilisent pas l’ordinateur que pour jouer. Le jeu vient en troisième position dans les usages derrière le courrier électronique (de tous types) et la recherche sur Internet. Suivent, à un faible écart, l’utilisation du traitement de texte et de supports éducatifs. Ainsi l’ordinateur est bien un outil d’accès à la culture contemporaine.

Ces deux études soulèvent d’importantes questions pour l’Ecole. D’abord elles soulignent l’importance de l’utilisation à la maison des TIC. Si l’ordinateur à l’école peut compenser en partie le manque d’équipement à la maison, le fait de posséder un ordinateur chez soi est le facteur le plus clair de réussite. On devine alors l’importance d’une politique effective de lutte contre la fracture numérique. On ne saurait se contenter de ficelles marketing du type de « l’ordinateur à un euro » qui ont plus d’effet médiatique que réel pour les couches populaires.

Elle pose aussi plusieurs questions sur les usages scolaires des TICE. Certains types d’apprentissage sont meilleurs que d’autres et l’enquête reste muette pour les définir. Mais, dans tous les cas, une bonne maîtrise des TIC est liée à de bons résultats. Or les jeunes en France ont souvent fait un apprentissage autodidacte des TIC et leur maîtrise est souvent insuffisante. Cela apparaît par exemple dans la recherche de l’information sur Internet. Les jeunes n’utilisent souvent plus qu’Internet dans leur quête culturelle. Or il faut souvent faire désapprendre aux élèves des modes de recherche inadaptés. La responsabilité de l’Ecole est donc particulièrement importante en ce domaine, pas uniquement pour préparer un avenir social ou professionnel mais pour le développement culturel des jeunes. Cela conforte, si besoin est, l’importance du B2i.
Etude OCDE (en pdf)
Rappel : L’Expresso du 25/01/06
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