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 » Taxée parfois d’« anti-élitisme » [Sanger, 2004 et 2005], d’« anarcho-libéralisme » [Lecointre, 2004] ou bien encore de « fascisme de la connaissance » [Correa, 2005], Wikipedia, cette encyclopédie libre que chacun peut modifier, dérange par sa non-reconnaissance des traditionnels producteurs et prescripteurs du savoir. Si l’expertise des auteurs et le professionnalisme des éditeurs sont remis en question, peut-on encore parler d’encyclopédisme ? Si la médiation traditionnellement assumée par les enseignants et les bibliothécaires est reléguée, peut-on encore parler de transmission du savoir ? Nombreux sont ceux qui pensent que l’absence de validation est rédhibitoire à la fois en termes de qualité mais aussi en termes de légitimité. Mais de plus en plus nombreux sont également ceux qui non seulement l’utilisent comme source et mais aussi participent à la rédaction des articles… Wikipedia renouvelle-t-elle le genre encyclopédique en bouleversant nos représentations ? Autrement dit est-elle un produit de référence fiable donc légitime ou bien faut-il la considérer davantage comme un projet collaboratif autour d’un prétexte encyclopédique ? Les participants sont-ils mus par un militantisme à tendance anarchique ou bien trouvent-ils dans Wikipedia un terrain d’expression inédit pour des formes d’engagements diversifiées ? » Sur le site de l’INRP, Laure Endrizzi propose un très intéressant dossier sur « l’édition de référence libre et collaborative » à travers l’exemple de Wikipédia.

Elle retrace l’histoire du projet, les critiques formulées contre lui mais elle nous fait aussi pénétrer dans son fonctionnement et dans l’univers des wikipédiens. Pour elle, Wikipédia est davantage « une organisation apprenante » qu’une encyclopédie.  » Alors Wikipedia imparfaite ? Oui bien évidemment. Nous l’avons vu, un des principaux points faibles réside dans le manque de transparence lié à la structuration des contenus et à l’absence de contrôle sur le nommage des articles et des catégories… Mais au-delà des controverses, le soutien à cette démarche qualitative apparaît presque comme une évidence : c’est l’usage qui crée l’innovation et nul doute que cette « innovation ascendante » [Guillaud et al. , 2005] continuera à remonter pour toucher experts et chercheurs qui y trouveront des opportunités nouvelles pour partager leur savoir et un terrain « grandeur nature » inédit pour l’étude des communautés virtuelles ».
Etude INRP
Rappel : L’Expresso du 17/10/05