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Photo Commission européenne

« Dans une société de plus en plus hétérogène sur le plan linguistique et culturel, quel rôle joue l’école dans la façon dont les élèves développent leur rapport à l’identité, en particulier en ce qui concerne le rapport à la langue et à la culture? Comment le personnel enseignant compose-t-il avec cette nouvelle réalité où les identités sont de plus en plus éclatées? Comment l’école contribue-t-elle au processus de construction identitaire des élèves dans une société pluraliste? »En introduisant ce nouveau numéro d’Education et Francophonie, Diane Gérin-Lajoie rappelle que « le pluralisme linguistique et culturel au sein de la clientèle scolaire fait partie de la nouvelle réalité de la salle de classe ». L ‘école n’est plus monoculturelle.

François Dubet ouvre le numéro en dressant le portrait d’une école profondément prise « dans un processus de désenchantement et de massification continue ». Du coup, « les épreuves des acteurs changent de nature…au fur et à mesure que l’école cesse d’être une institution totalement identifiée aux valeurs dont elle se réclamait ». Par exemple, « la légitimité de la culture scolaire ne s’impose plus avec la même force dans les sociétés où la culture de masse, quelle que soit la manière dont on la juge, affaiblit le monopole culturel de l’école. Il y a cinquante ans, pour les enfants des classes populaires, la culture scolaire était la seule qui leur permettait d’élargir leur horizon pour les libérer des routines et des clôtures de leur classe sociale, de leur village et de leur ville. Aujourd’hui, ces enfants échappent directement aux limites de leur propre monde social par la grâce des médias » Cette crise de légitimité fait évoluer à la fois les attitudes des élèves et le métier d’enseignant.

Plusieurs articles se penchent sur les jeunes issus de l’immigration. En Belgique, Marie Verhoeren, partant d’observations sociologiques, montre que les constructions identitaires évoluent et de façon différente selon les positions sociales des jeunes issus de l’immigration. Dans les écoles populaires les jeunes se divisent entre repli identitaire et hybridation. La tentation assimilatrice est plus forte dans les couches aisées. En France, Cécile Sabatier montre la nécessité d’accepter le pluralisme linguistique et culturel des élèves.

Mais les tensions plurielles concernent également les enseignants. Par exemple Branka Cattonar met en évidence celle qui oppose la construction identitaire idéale des enseignants et le vécu du métier. Au total, voila un numéro particulièrement riche qui aborde un des principaux défis des écoles francophones.
Education et Francophonie