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Ca fait 6 ans que ça dure

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La plénière d’ouverture
Photo Café pédagogique

Ca fait six ans que ça dure, et manifestement ça ne se guérit pas. Plus de 400 enseignants des écoles qui traversent la France et paient leur place pour aller entendre, trois jours durant, une quarantaine de chercheurs en éducation… L’attrait de la mer et de l’été indien varois ? Certes, le bonus est apprécié. Mais il faut attendre la fin de la soirée (ou parfois la nuit) pour voir errer quelques grappes prenant l’air. Parce que de 8h 30 du matin à 22h, ça carbure… Toutes les deux heures, changement de cavalière. Le speed-dating de la pédagogie, le coq-à-l’âne professionnel : les maths, l’EPS, le sexisme à l’école, la maternelle la littérature de jeunesse, la place de l’art à l’école, la notation, l’informatique, l’école rurale, l’usage de sa voix (eh oui, c’est le premier outil professionnel…), la liaison CM2-6e… Comment choisir ?

Alors, pédagogos accros au Meirieu ? Syndicalistes barbus en quête de reconnaissance sociale ? Vous n’y êtes pas : trois sur quatre sont des femmes, et plus de la moitié n’a pas quarante ans… Pourquoi reviennent-ils ? « Pour la bouffée d’air !  » explique Roselyne. Et parfois les paillettes dans les yeux :  » Chez moi, je n’aurais pas l’occasion de voir en vrai un presque-mythe comme Pef qui a jalonné ma carrière… ».

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Séance de dédicace des auteurs de « Rue du Monde »
Photo Café pédagogique

Il faut dire que les conférences des auteurs de Rue du Monde ont cartonné : salle bondée, surchauffe générale, file d’attente rieuse aux autographes…

Cette année encore, il a bien fallu constater que la potion a pris. Certes, les débats ne se sont pas forcément limités à l’empathie, thème de la conférence en plénière de Boris Cyrulnik : Goigoux ne s’est pas gêné pour discuter en toute franchise de ce qui fâche en lecture, Guérin a prôné le changement de structures scolaires en essuyant les doutes de la salle devant les carences de pilotage institutionnel, MC Courteix a défendu bec et ongle la nécessité de l’intégration des élèves handicapés, face à une salle confrontée chaque jour aux manques de moyens d’accompagnement, Garcia-Debanc a prôné un enseignement exigeant de l’ORL, Brissiaud et Charnay ont développé avec verve leurs options pour les maths…
Et même pendant les repas ou devant l’entrée du gymnase transformé en salle de danse géante, chacun a échangé son histoire, ses difficultés et ses réussites, au hasard des rencontres, plongeant dans l’ivresse éphémère de se rencontrer soi-même dans ces dizaines de regards inconnus et familiers à la fois…


Bribes de conversations en attendant la fête… paroles.mp3 (Format mp3, 546 Ko)

Et chacun s’est sans doute pris, au cours du voyage du retour, à rêver d’une école qui saurait fédérer toutes ces énergies anonymes, disparates et singulières réinventant chaque matin les bribes d’un métier impossible : comment  » y aller  » avec l’envie, chaque matin, de ne pas renoncer à se battre contre les idées toutes faites ou la fatalité de l’échec programmé…
Croisée au hasard d’une pause sur l’autoroute, une enseignante de Tours résume :  » Trois jours, c’est vraiment trop court… Juste le temps de toucher du doigt ce condensé de solidarité professionnelle, de curiosité, d’envie de découvrir.  » En ces temps difficiles, où on a tellement l’impression d’être pris pour des moins-que-rien, ça réchauffe… « 

Notre choix :
Ne pratiquant pas encore totalement l’ubiquité, le Café a dû faire des choix arbitraires. Pas les plus connus ou les plus intéressants, mais juste une promenade un peu au hasard de l’humeur… Alors, pardon pour ne pas rendre compte ici de tout ce qui s’est dit. Et rendons à César ce qui lui appartient : le SNUipp devrait envoyer aux enseignants le compte-rendu papier de ce qui est désormais une référence, en novembre…

Le dossier complet à télécharger

Reportage par P. Picard – Publication le 1er novembre 2006