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Le décodage mis à l'honneur d'un rapport

« Les causes de la dyslexie identifiées » titre La Croix qui rend compte d’une étude de l’Inserm (C. Billard, J. Fluss, G. Richard, en collaboration avec des chercheurs du CNRS comme S. Dehaene). Portant sur un millier d’écoliers parisiens de CE1, elle a évalué leurs capacités en lecture. 10% des élèves montraient un retard supérieur à un an.

Pour les chercheurs, « les conditions socio culturelles (quotient familial, bilinguisme, naissance hors de France) ainsi que les conditions pédagogiques ne peuvent pas rendre compte à elles seules des difficultés de lecture… Les compétences en métaphonologie, mémoire phonologique à court terme et dénomination rapide sont plus faibles chez les enfants les plus mauvais lecteurs ». Pour Bernard Gorce, de La Croix, « ce sont les enfants «faibles décodeurs» que l’on retrouvera, en milieu de CE1, dans le groupe des lecteurs en difficulté. Si l’enquête ne permet pas d’anticiper, on peut penser que c’est au sein de ces enfants faibles décodeurs que l’on pourra ultérieurement, au niveau du CE2, détecter les cas spécifiques de dyslexie ».

Soumis à une rééducation proposée par les chercheurs, les enfants ont vu leurs résultats s’améliorer. « Un entraînement pédagogique audio visuel par un logiciel adaptatif, répondant aux critères consensuels définis par la littérature pour améliorer le décodage, a été proposé aux enfants les plus en difficultés… Un entraînement écologique, quotidien, 10 heures en cinq semaines, en milieu scolaire, sans marginalisation, par un logiciel spécifique améliore les performances en décodage, lecture rapide de mots et compréhension de texte lu ».

L’enquête vient donc conforter l’idée qu’apprendre le décodage au début de l’école primaire est important. A vrai dire c’est également l’avis des chercheurs qui estiment que « il faut enseigner les relations graphèmes-phonèmes (entre les lettres et les sons) de manière systématique et explicite, dès le début du cours préparatoire » tout en s’élevant contre la méthode syllabique vantée par le ministre.

Le décodage permettra-t-il de remédier à la dyslexie ? Dans une communication aux Journées de l’ONL, en 2005, Franck Ramus, CNRS, ENS, définissait la dyslexie comme un retard d’au moins 18 mois. Pour lui la dyslexie a une origine génétique.  » Dans le cerveau dyslexique, on observe une réduction du volume de matière grise dans deux des aires liées à la lecture : l’aire frontale et l’aire pariéto-temporale, mais pas dans la zone occipito-temporale (Eckert, 2004). Ce n’est donc pas parce que cette dernière zone est sous-activée qu’elle est déficiente d’un point de vue structural. Dans la mesure où cette aire est impliquée dans le traitement orthographique, on peut supposer que son hypo-activation reflète simplement le fait que les représentations orthographiques de l’enfant dyslexique ont été faiblement alimentées et entraînées, en raison du dysfonctionnement organique des deux autres aires, qui est plus spécifiquement relié au déficit phonologique ».

S’agissant des traitements, il mettait déjà l’accent sur les exercices phonologiques.  » Les méthodes dont l’efficacité a été prouvée ont des propriétés communes. Il est nécessaire de rééduquer la conscience phonologique de l’enfant dyslexique par différentes manières. Ce dernier a besoin d’un entraînement explicite. Il convient également de lui enseigner la lecture différemment. En effet, l’enfant dyslexique ne bénéficie guère de l’enseignement de la lecture tel qu’il est prodigué en classe. Il a besoin de méthodes structurées, systématiques et intensives délivrées de façon individuelle ou en petits groupes. Ces méthodes alternatives aident surtout l’enfant à trouver un moyen de contourner son déficit. L’enfant qui n’arrive pas à se représenter les phonèmes peut peut-être se représenter les syllabes et apprendre à lire par ce biais. Il n’existe pas une stratégie unique pour apprendre à lire ».