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Illustration de l'ouvrage

« Si l’on peut dire que la richesse de l’offre est indispensable, elle n’est pas suffisante dans certaines zones urbaines. Comment expliquer ce paradoxe ?… Une explication, non exclusive, nous est donc apparue comme essentielle : il s’agit du niveau scolaire de nombreux élèves et de l’écart avec celui qu’ils s’imaginent ou espèrent avoir dans la mesure où ils réussissent à passer de classe en classe et où leurs notes ne reflètent pas toujours leur niveau réel, d’où des attentes impossibles à réaliser… L’offre en formation est donc un facteur second, le premier étant, logiquement, le niveau scolaire réel des élèves ». L’étude de Catherine Mathey-Pierre (CEE) sur des jeunes de ZUS du 93 et de Nantes, montre les limites des politiques qui visent à scolariser ces jeunes dans des filières professionnelles.

Faute d’un niveau d’enseignement général suffisant ces jeunes ne s’en sortent pas et leur frustration grandit. Ce qui est en filigrane c’est bien sûr l’apprentissage à 14 ans institué par Robien.

« Leurs histoires et ce qu’ils en disent nous montrent comment ces jeunes gens ont mûri entre le moment de leurs « bêtises » plus ou moins graves de collégiens en 5ème et leur sortie de LP ou de CFA. S’ils avaient été orientés à ce moment là vers l’apprentissage, ils y seraient allés avec leurs comportements d’enfants ce qui aurait compromis encore davantage leurs chances de réussite. Par ailleurs, une orientation plus précoce n’aurait pas résolu les problèmes personnels et familiaux qui participent à l’explication de leurs échecs. Surtout, même si dans certains cas, un détour par l’apprentissage ou une formation en alternance peut permettre de redresser un parcours d’échec, on a vu qu’un trop grand déficit de formation générale entraînait également un échec dans les matières professionnelles. Ne pas se résigner à accepter l’échec scolaire précoce d’un jeune sur six apparaît bien comme une nécessité, d’autant que ce manque d’acquisitions de compétences de base est difficilement rattrapable et très coûteux par la formation continue ».
Etude