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Grammaire : le travail de la commission des programmes brouillé à coup de BO

La publication du socle commun de connaissances et de compétences (BO n° 29 du 20 juillet 2006) a déclenché une refonte des programmes d’enseignement de toutes les disciplines en vue d’une adaptation au socle, qui devrait donner lieu à de nouveaux programmes applicables à partir de la rentrée 2009. Mais tandis que le groupe de travail sur la mise en œuvre du socle commun dans le programme de français au collège réfléchit, le ministre agit et publie, dans l’urgence, au BO n° 3 du 18 janvier 2007, un encart sur l’enseignement de la grammaire dans le cadre de la mise en œuvre du socle. Et ce n’est qu’un début :  » La place de l’enseignement de la grammaire et les contenus à faire acquérir […] seront prochainement précisés : dans un premier temps par des arrêtés modificatifs des programmes de l’école et du collège qui seront mis en application dès la rentrée 2007 puis, dans un second temps, par les nouveaux programmes de français du collège qui seront mis en application à partir de la rentrée 2009.  »

Très clairement inspiré par le  » rapport Bentolila  » sur la grammaire dont il est l’application pratique et immédiate, l’encart annonce qu' » au collège 1 heure 30 hebdomadaire, doivent être consacrées à l’enseignement de la conjugaison, de la grammaire et de l’orthographe grammaticale, du vocabulaire.  » Il ne précise pas si cet apprentissage est coupé ou non des textes mais il définit d’ores et déjà une méthode :  » Les élèves doivent acquérir des savoirs structurés. Qu’il s’agisse de découverte, d’exercice ou de synthèse, la leçon de grammaire constitue un temps pédagogique spécifique dévolu à l’étude d’un fait de langue particulier. […] Elle doit se prolonger par une série d’exercices d’application – y compris des dictées pratiquées régulièrement – soigneusement corrigés par le maître. C’est par ces exercices que peut être assurée la fixation des procédures et des connaissances.  » Si cette démarche tranche avec la méthode inductive jusque-là préconisée, le BO n’affirme pas qu’elle la remplace ni l’annule ; au contraire, non seulement les deux méthodes sont complémentaires mais surtout, leur exploitation en complémentarité est déjà un fait acquis dans la plupart des pratiques des enseignants.

Il en va de même pour quelques autres idées fortes du rapport Bentolila, que l’on retrouve dans cet encart : l’idée d’un  » enseignement progressif  » qui irait du simple au complexe est reprise ici, mais  » qui pourrait s’opposer à une injonction prescrivant d’établir une progression rigoureuse ? d’utiliser une terminologie claire et stable ? de faire faire des manipulations par les élèves ? de les amener à reconnaître les catégories grammaticales et fonctionnelles ? d’accorder de l’importance à l’orthographe ? C’est bel et bien ce qu’on attend de la grammaire, dit Sylvie Plane au Café pédagogique (voir l’Expresso du 19 janvier 2007). C’est pourquoi toutes ces injonctions figurent déjà en bonne et due forme dans les programmes actuellement en vigueur « . Pas de grande révolution en perspective, donc.