Les individus au centre de l’école
“ Quelle doit être aujourd’hui l’identité commune défendue par l’école si l’on ne veut pas laisser à la télévision le monopole de cette définition ? Il nous faut définir cette identité commune, mais cela ne suffit pas ”. Dans une tribune publiée par Libération le 20 août, le sociologue François Dubet appelle l’école à rester centrée sur l’élève. “ Devant les difficultés et les épreuves de l’école, beaucoup sont aujourd’hui tentés de rejeter cette orientation et de revenir vers les vieux principes, quand les normes et les règles de l’institution étaient le centre du système. Dès lors, on veut retourner aux anciennes disciplines, aux orientations précoces, aux bonnes vieilles méthodes, à la clôture du sanctuaire. On légiférera sur le voile, c’est-à-dire contre, on abandonnera les “chimères” pédagogiques centrées sur l’activité de l’élève, on sélectionnera plus fermement… Bref, on se protégera de toutes ces identités qui menacent l’école et, au-delà, la société elle-même. De cette manière, on se rassurera et on croira rassurer tous les enseignants qui ont manifesté leur désarroi au printemps dernier. Cette voie est une impasse car les identités ne sont pas des êtres, des natures, mais des tensions et du “travail”, celui que les individus réalisent sur eux-mêmes afin de se construire ”. Le rôle de l’école n’est pas de fabriquer des clones identiques mais d’aider les jeunes à se construire à travers des identités plurielles. “ De même que l’hôpital a progressivement appris à reconnaître les malades derrière leur maladie, l’école doit apprendre à reconnaître les élèves derrière leurs apprentissages et leurs performances. Elle doit aider chacun à produire son identité individuelle ”. C’est à dire, contrairement à l’analyse ministérielle, rester centrée sur l’élève.
http://www.liberation.fr/page.php?Article=131518
En attendant la réforme
C’est un constat unanime que font Le Monde et Libération ce 16 juin : la réforme de l’école devient urgente sous peine d’explosion. Mais est-elle possible ? Pour Luc Bronner, dans Le Monde, l’essentiel « réside dans la clarification des missions de l’éducation nationale, donc de celle des enseignants. Jusqu’où doit-aller l’enseignement obligatoire ? Quelle est la culture commune » minimale que l’école s’engage à transmettre ? Comment diversifier les parcours ? Doit-on maintenir l’objectif des 80 % d’une classe d’âge à mener au niveau du baccalauréat ? »
Pour Emmanuel Davidenkoff, dans Libération, les conditions d’un débat sur l’école ne sont pas réunies. « Cela ne tient pas au caractère hystérique des anathèmes échangés ces dernières semaines, mais bien plus au formidable mensonge sur lequel (sur)vit notre système éducatif depuis les années 60 : structurellement, l’école ne veut pas de tous les élèves, contrairement à la légende ânonnée depuis quarante ans ». Il dénonce la double rupture instituée lors de la mise en place du collège unique : la volonté de démocratiser le système éducatif s’est heurtée au refus d’adapter la pédagogie et le métier d’enseignant en collège en le « primarisant ». Au contraire on a fait des collèges des petits lycées ce qui a mis en place l’échec scolaire. « Si le mode de recrutement et les méthodes d’enseignement des professeurs de ce qui allait devenir le « collège unique » n’avaient pas été calqués sur ceux du lycée, la suite de l’histoire eût été différente. Le Snes prit alors la responsabilité historique de défendre un collège pour tous calé sur le modèle du lycée ; tout ramène à cette erreur originelle. Parachevant un mouvement engagé depuis le XIXe siècle, l’Etat exonère alors les enseignants du second degré de tout un pan de leurs missions, pour ne garder que l’essence du métier : l’enseignement, stricto sensu ». Mais pour E. Davidenkoff, « aucun gouvernement ne semble prêt à s’attaquer à la question névralgique de la nature des connaissances que l’on transmet et à ses modes de transmission ». Seul un référendum peut faire évoluer le système éducatif. Une analyse qui est proche de celle du Collectif pour le collège unique sur la réforme nécessaire du système mais qui oublie son existence. Ces forces qui existent en son sein pour sa mutation pèsent-elles si peu ?
http://www.lemonde.fr/article/0,5987,3232–324034-,00.html
http://www.liberation.fr/page.php?Article=117989
http://www.cafepedagogique.net/lesdossiers/Pages/CollUnique2003_index.aspx
La réforme de l’école démontrée par l’OCDE
L’OCDE a déjà publié plusieurs études sur « l’école de demain » où l’organisation envisageait plusieurs scénarios d’évolution pour les systèmes éducatifs. Le nouvel ouvrage de l’OCDE, « L’école de demain. Réseaux d’innovation. Vers de nouveaux modèles de gestion des écoles et des systèmes » s’attache à montrer le rôle des réseaux et de l’innovation dans leur évolution. Il intervient au moment où, en France, l’école traverse une crise sérieuse et où toute réforme semble impossible.
L’ouvrage appelle à délaisser le modèle scolaire traditionnel pour un nouveau modèle « post-industriel, flexible et professionnalisé ». Pour cela le premier effort doit porter sur la gouvernance du système éducatif et plus particulièrement sur celle des établissements scolaires. C’est là qu’interviennent les réseaux. Ils permettent d’ouvrir l’école sur la société environnante, ce qui aide à son évolution, « les réseaux intègrent les établissements d’enseignement aux sociétés qu’ils servent », et peuvent être des lieux de partage du savoir voir de construction d’une volonté collective. L’ouvrage donne des exemples et on voit bien en France, sur Internet, la constitution de communautés éducatives délocalisées, qui sont autant de lieux de partage de connaissance et de réflexion (cf. par exemple l’étude du PNER http://www.pner.org ). L’état doit encourager ces réseaux. Il doit aussi faire évoluer la gestion du système en engageant l’autonomie des établissements. Pour les auteurs, celle-ci n’est pas contradictoire avec un pilotage du système « les établissements ne peuvent jouir d’une grande autonomie que s’ils sont dotés d’un encadrement solide ». Aujourd’hui on aurait pas de mal à trouver des exemples de systèmes éducatifs très centralisés et pourtant fort peu pilotés…
L’autonomie suppose une nouvelle direction des établissements. Non plus une direction reposant sur une soumission hiérarchique, mais une direction partageant ses décisions et capable d’impulsion. Pour l’OCDE, le bon chef d’établissement pratique le soutien individuel des enseignants, crée une atmosphère de confiance et de respect (particulièrement respect des élèves), oeuvre au consensus et incite à la réflexion et la formation. Tout cela serait voeux pieux, si l’ouvrage ne s’appuyait sur des études et des réalisations, par exemple le projet IQEA ou les écoles de la fondation Bertelsmann en Allemagne. Et ce n’est pas le moindre des intérêts de ce livre que de nous présenter des exemples réels de réformes, au Portugal (avec la réforme des programmes du primaire et le projet « Bonne Espérance »), en Hongrie, en Angleterre et aux Pays-Bas. Oui il est possible de réformer l’éducation. Certains pays l’ont fait.
http://www.cafepedagogique.net/lemensuel/lesysteme/Pages/2001/actu_10_accueil.aspx
http://www.cafepedagogique.net/lemensuel/lesysteme/Pages/2001/actu_3_accueil.aspx
http://www1.oecd.org/publications/e-book/9603042E.PDF
Prévenir l’illettrisme
EduScol publie les actes des Rencontres de la Desco de mai 2003 sur l’illettrisme. On notera particulièrement les comparaisons internationales apportées par ces actes avec des présentations des dispositifs de lutte dans un pays d’Europe du nord (l’Angleterre) et un pays d’Europe du sud (l’Espagne). Elles sont suivies de débats qui reviennent sur la perception du rôle des parents et des acteurs locaux. Sur le même sujet, on consultera avec profit le site « Bien lire avec les TIC » qui propose une première synthèse d’une enquête auprès des acteurs de la lutte contre l’illettrisme. « L’ordinateur ne se lasse pas de répéter et de corriger, ne se fâche jamais, ne laisse jamais l’élève sans réponse. L’élève ne se décourage pas, et peut refaire son exercice aussi souvent qu’il le désire. Certains élèves cherchent systématiquement les 100% de réussite. » dit l’un. « Malheureusement, il faut reconnaître que, en donnant la réponse juste, l’ordinateur permet un travail mécanique, que certains élèves décèlent rapidement. La présence active de l’enseignant est, dans ce cadre-là, indispensable pour éviter les dérives. » rappelle un autre. L’enquête montre l’intérêt des TICE et la motivation des acteurs.
http://www.eduscol.education.fr/D0122/r_illettrisme.htm
http://www.educnet.education.fr/previl/synthese.htm
PISA révèle les inégalités nationales des systèmes éducatifs
L’Unesco a publié le 1er juillet de nouveaux résultats de l’étude internationale PISA menée conjointement par l’Unesco et l’OCDE dans 32 pays. Elle permet de mesurer l’efficacité des systèmes éducatifs pour les jeunes âgés de 15 ans. En tête de classement se trouvent certains pays asiatiques (Japon, Corée du sud, Chine) ainsi que des états de peuplement européen (Finlande, Irlande, Australie, Royaume-Uni, Suède). La France se place en position moyenne. Elle établit que « dépenser plus par élève tend à donner de meilleures performances mais ne le garantit pas » . Ainsi les Etats-Unis et la France dépensent nettement plus que la Corée pour chaque élève tout en ayant des résultats inférieurs. L’origine sociale joue également un rôle important dans les résultats des élèves mais certains pays ont réussi à développer des systèmes très égalitaires (Canada, Chine, Japon). Les écarts les plus forts se trouvent en Amérique latine. Plus profond semble le fossé entre les sexes : les filles sont partout meilleure en lecture et les garçons en maths.
http://www1.oecd.org/publications/e-book/9603071E.PDF
Colloque sur la culture technique
L’institut de recherche de la FSU organise en novembre à Paris un colloque européen sur la culture technique. Il s’agit de rassembler les analyses mais aussi de proposer des pistes concrètes pour construire une culture technique pour tous. L’institut lance un appel à contribution (date limite : 31 octibre).
http://www.institut.fsu.fr
Colloque sur l’éducation technologique
L’IUFM de Paris, Le STEF, l’AEET organisent en mars 2004 un colloque international sur l’éducation technologique. Il étudiera les finalités et évaluations de cette éducation, qu’il s’agisse des compétences des élèves ou de l’évaluation des professeurs. Un appel à contribution est lancé.
http://www.stef.ens-cachan.fr
Lettre du LIREST
Un nouveau numéro (59) de la Lettre du LIREST est paru. Au sommaire des comptes-rendus de thèses et d’interventions, de nouvelles ressources pédagogiques dans les domaines de l’énergie et de l’éducation pour la santé.
http://www.lirest.ens-cachan.fr/la_lettre.html
Un nouveau numéro d’ALSIC
C’est un numéro spécial qu’ALSIC publie ce mois ci. Il est totalement consacré au colloque « Pluralité des langues et des supports dans la construction et la transmission des connaissances » organisé à l’ENS de Lyon en juin 2002. Au sommaire signalons, entre autres articles : une étude sur les « rédactions conversationnelles sur papier et sur ordinateur », « Du journal papier au cyberjournal », « La révision de l’écrit.., médiation humaine, médiation informatique », « L’accès aux ressources documentaires en situation d’autonomie », « L’apprentissage du français langue seconde par les forums électroniques », etc. On le voit un numéro particulièrement important.
http://alsic.u-strasbg.fr/Menus/frameder.htm
Les pédagogues en colloque virtuel
« La querelle entre les partisans de la relation interpersonnelle en éducation et ceux de la centration sur un savoir légitime est à son comble » René Barbier (groupe CRISE Paris 8) invitent les pédagogues à répondre aux « républicains » dans le cadre d’un colloque épistolaire. Philippe Meirieu, Elisabeth Bautier, Bernard Charlot, Jean-Yves Rocheix, Pascal Bouchard, Pascale Garnier, Jacques Gauthier, Jacques Ardoino, entre autres, participent de cet échange virtuel.
http://www.barbier-rd.nom.fr/ColloqueEducation.html
Les cultures juvéniles émergentes
Culture populaire et culture savante se sont toujours affrontés à l’école. Le dernier numéro de « VEI Enjeux » pose la question des cultures juvéniles, qui sont parfois des cultures étrangères, et de leur place dans les établissements et la culture scolaire. Au rejet traditionnel a succédé des positions plus nuancées et diverses. Ainsi la culture médiatique est celle des « jeunes » et s’arrange très bien avec la « world culture »; le marché en récupère des bribes; l’école elle-même s’ouvre à ces cultures « jeunes ». Pour Bernard Bier, qui signe son dernier éditorial, « ce qui semble caractériser l’époque, c’est moins la tension entre des cultures populaires et ce qui serait la culture légitime,.. que des formes de fragmentation.. à l’oeuvre dans l’ensemble des espaces scolaires, urbains, médiatiques, esthétiques ». Ce qui n’est pas sans poser la question de la citoyenneté.
http://www.cndp.fr/revueVEI/som133.htm
Les D.I.E. sont en ligne !
Désormais, à part les 4 derniers numéros, tous les articles des Dossiers de l’Ingénieurie Educative du CNDP sont accessibles gratuitement en ligne. Les enseignants ont ainsi accès à une importante bibliothèque pédagogique. Voici quelques-uns des titres archivés : Communautés en ligne, Des outils pour les langues, Les TPE, Les TICE et l’école, Des outils pour les lettres, Des outils pour les SVT etc. Chaque numéro est construit autour d’un thème central et comprend de nombreux articles qui soit posent les problématiques du thème abordé, soit l’illustrent à travers des témoignages sur les pratiques.
http://www.cndp.fr/DossiersIE/accueil.asp?menu=sdl
D.E.I. France dénonce les violences à l’école
» Quelles que soient les difficultés actuelles du métier d’enseignant, et même s’il ne s’agit à l’évidence que de cas relativement isolés, rien ne peut justifier que des enfants aient à subir encore aujourd’hui des maltraitances physiques et psychologiques graves au sein de l’école et dans leurs classes ». S’appuyant sur certains cas récents, l’association Défense des enfants international France dénonce la montée des maltraitances à l’école et la loi du silence qui reste trop souvent de mise : soit les administations locales couvrent les faits, soit, versant dans l’excès inverse, signalent aux autorités judiciaires des comportements qui devraient ne relever que du disciplinaire ». Pour DEI France, « il devient de plus en plus urgent que, comme pour les autres métiers du social, un code de déontologie soit enfin élaboré par et pour la fonction enseignante… L’immense majorité des enseignants qui font leur métier dans des conditions parfois très difficiles ne pourraient que s’en trouver confortés dans leur action éducative ».
http://www.globenet.org/enfant